Projet de création de la plus grande zone de libre-échange d’Afrique
Thématique :
afrique
Par Mary Kimani, 01/02/2009, In Afrique Renouveau, un magazine de l’ONU
Les dirigeants des pays d’Afrique orientale et australe se sont entendus en octobre 2008 sur un projet de constitution de la plus grande zone de libre-échange du continent. Le nouvel organisme se composerait de trois groupes régionaux existants –le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique
australe (SADC).
Dans un discours prononcé lors d’un sommet économique à Kampala (Ouganda), le président du Kenya, qui dirige le COMESA, Mwai Kibaki, a expliqué que cette initiative répondait aux nouveaux défis auxquels se heurte le continent. «On a compris que nos pays n’étaient pas capables d’affronter séparément la concurrence sur les marchés mondiaux et que nos marchés étaient trop petits pour attirer des investisseurs importants, a-t-il déclaré. A ce stade, il est évident que nos groupes économiques régionaux doivent unir leurs efforts pour créer une unité commerciale adaptée à la nouvelle situation.» La nouvelle zone commerciale comptera 26 pays, depuis l’Afrique australe jusqu’à l’Egypte. Le produit national brut cumulé de ces pays s’élève à 625 milliards de dollars pour une population totale de 527 millions. Leurs dirigeants espèrent que ce nouveau mécanisme contribuera à accroître les échanges commerciaux entre leurs pays et leur permettra de disposer de meilleurs atouts dans les négociations commerciales internationales et d’attirer des investisseurs plus importants.
Commerce accru
Les échanges commerciaux entre certains de ces pays sont déjà en hausse. Les échanges entre les membres de la CEA (Kenya, Ouganda et Tanzanie) sont passés de 778 millions de dollars en 2004 à plus d’un milliard de dollars en 2006.
De même, les échanges commerciaux au sein du COMESA s’élevaient à 7,8 milliards de dollars en 2007, contre 4,5 milliards en 2002. Malgré cette croissance, les données de l’Organisation mondiale du commerce indiquent que les échanges entre pays africains n’ont représenté en 2006 que 8,9% de la valeur totale de leurs exportations. Pour comparaison, 51,2% des exportations asiatiques s’effectuent à l’intérieur de l’Asie et 24,3% des exportations des pays d’Amérique du Sud et centrale à l’intérieur de cette région. La Banque mondiale estime que la faiblesse des infrastructures, les barrières tarifaires et le niveau élevé des droits de douane freinent considérablement le développement des échanges commerciaux à l’intérieur de l’Afrique. Bien que depuis 1997 les tarifs douaniers moyens sur les importations entre pays africains soient passés de 21 à 17% environ du prix des produits, ce pourcentage demeure plus élevé qu’en Asie. Les routes y sont peu nombreuses et en mauvais état, et celles qui sont bien entretenues relient le plus souvent les régions riches en ressources naturelles aux ports, facilitant ainsi les exportations à l’étranger plutôt que vers les pays africains avoisinants.
Josephine Ouédraogo, à l’époque secrétaire exécutive adjointe par intérim de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, a affirmé que l’intégration régionale –l’établissement de liens plus étroits entre les économies africaines– devrait pouvoir apporter une solution à ce problème. «Il nous faut repenser notre stratégie de développement de fond en comble», a-t-elle déclaré à l’occasion d’une réunion de 2007 sur la coopération régionale, «et nous servir de l’intégration régionale pour encourager et renforcer le niveau actuellement faible des échanges commerciaux intra-africains.» Le manque de moyens des économies africaines ralentit également les échanges commerciaux avec les partenaires extérieurs au continent. La part de marché de l’Afrique sur le plan mondial a chuté, passant de 10% dans les années 1960 à 2% en 2000. A l’inverse, la part de marché des pays d’Asie et d’Amérique latine et leurs recettes commerciales ont augmenté à mesure que ceux-ci ont remplacé l’exportation de matières premières (comme les grains de café ou le minerai de fer) par l’exportation de produits finis ou semi-finis. Mais de nombreux pays africains ont une faible population, une main-d’œuvre peu qualifiée ou un accès limité aux capitaux nécessaires pour développer leur capacité à produire des articles plus prisés à l’exportation.
Difficultés stratégiques
L’inégalité des degrés d’intégration des trois groupes régionaux et la diversité des réglementations commerciales qu’ils appliquent posent également problème. De plus, certains de ces pays appartiennent à plus d’un groupe et sont soumis à des contraintes contradictoires. La création d’une zone de libre-échange unique devrait régler ces difficultés. Une fois mise en place, une telle zone faciliterait le libre-échange des biens d’équipement entre tous les pays membres en franchise de douane. Les trois groupes devront toutefois fixer de nouveaux tarifs douaniers pour les biens manufacturés et les uniformiser. Il leur faudra également harmoniser les procédures douanières et frontalières. Le manque à gagner éventuel des plus petits pays qui commercent relativement peu mais comptent beaucoup sur les recettes engendrées ar les tarifs douaniers à l’importation est une autre préoccupation.
La levée des barrières commerciales entraînerait non seulement une diminution de ces recettes, mais risquerait aussi de provoquer la faillite de nombreux producteurs locaux, incapables de faire face à la concurrence des produits manufacturés moins chers en provenance de pays plus grands, comme l’Egypte, le Kenya et l’Afrique du Sud. En élaborant une «feuille de route» qui sera présentée aux chefs d’Etat dans six mois, un groupe d’experts examinera la manière dont ces problèmes pourraient être réglés. Le président sud-africain, Kgalema Motlanthe, a souligné à la réunion de Kampala l’importance de trouver des solutions à ces problèmes. «L’heure est venue pour le COMESA, la CEA et la SADC de réunir leurs programmes respectifs d’intégration régionale afin d’élargir nos marchés, de désentraver notre capacité de production, d’accroître le volume des échanges intra-africains et d’améliorer nos perspectives de développement.»
Les dirigeants des pays d’Afrique orientale et australe se sont entendus en octobre 2008 sur un projet de constitution de la plus grande zone de libre-échange du continent. Le nouvel organisme se composerait de trois groupes régionaux existants –le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique
australe (SADC).
Dans un discours prononcé lors d’un sommet économique à Kampala (Ouganda), le président du Kenya, qui dirige le COMESA, Mwai Kibaki, a expliqué que cette initiative répondait aux nouveaux défis auxquels se heurte le continent. «On a compris que nos pays n’étaient pas capables d’affronter séparément la concurrence sur les marchés mondiaux et que nos marchés étaient trop petits pour attirer des investisseurs importants, a-t-il déclaré. A ce stade, il est évident que nos groupes économiques régionaux doivent unir leurs efforts pour créer une unité commerciale adaptée à la nouvelle situation.» La nouvelle zone commerciale comptera 26 pays, depuis l’Afrique australe jusqu’à l’Egypte. Le produit national brut cumulé de ces pays s’élève à 625 milliards de dollars pour une population totale de 527 millions. Leurs dirigeants espèrent que ce nouveau mécanisme contribuera à accroître les échanges commerciaux entre leurs pays et leur permettra de disposer de meilleurs atouts dans les négociations commerciales internationales et d’attirer des investisseurs plus importants.
Commerce accru
Les échanges commerciaux entre certains de ces pays sont déjà en hausse. Les échanges entre les membres de la CEA (Kenya, Ouganda et Tanzanie) sont passés de 778 millions de dollars en 2004 à plus d’un milliard de dollars en 2006.
De même, les échanges commerciaux au sein du COMESA s’élevaient à 7,8 milliards de dollars en 2007, contre 4,5 milliards en 2002. Malgré cette croissance, les données de l’Organisation mondiale du commerce indiquent que les échanges entre pays africains n’ont représenté en 2006 que 8,9% de la valeur totale de leurs exportations. Pour comparaison, 51,2% des exportations asiatiques s’effectuent à l’intérieur de l’Asie et 24,3% des exportations des pays d’Amérique du Sud et centrale à l’intérieur de cette région. La Banque mondiale estime que la faiblesse des infrastructures, les barrières tarifaires et le niveau élevé des droits de douane freinent considérablement le développement des échanges commerciaux à l’intérieur de l’Afrique. Bien que depuis 1997 les tarifs douaniers moyens sur les importations entre pays africains soient passés de 21 à 17% environ du prix des produits, ce pourcentage demeure plus élevé qu’en Asie. Les routes y sont peu nombreuses et en mauvais état, et celles qui sont bien entretenues relient le plus souvent les régions riches en ressources naturelles aux ports, facilitant ainsi les exportations à l’étranger plutôt que vers les pays africains avoisinants.
Josephine Ouédraogo, à l’époque secrétaire exécutive adjointe par intérim de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, a affirmé que l’intégration régionale –l’établissement de liens plus étroits entre les économies africaines– devrait pouvoir apporter une solution à ce problème. «Il nous faut repenser notre stratégie de développement de fond en comble», a-t-elle déclaré à l’occasion d’une réunion de 2007 sur la coopération régionale, «et nous servir de l’intégration régionale pour encourager et renforcer le niveau actuellement faible des échanges commerciaux intra-africains.» Le manque de moyens des économies africaines ralentit également les échanges commerciaux avec les partenaires extérieurs au continent. La part de marché de l’Afrique sur le plan mondial a chuté, passant de 10% dans les années 1960 à 2% en 2000. A l’inverse, la part de marché des pays d’Asie et d’Amérique latine et leurs recettes commerciales ont augmenté à mesure que ceux-ci ont remplacé l’exportation de matières premières (comme les grains de café ou le minerai de fer) par l’exportation de produits finis ou semi-finis. Mais de nombreux pays africains ont une faible population, une main-d’œuvre peu qualifiée ou un accès limité aux capitaux nécessaires pour développer leur capacité à produire des articles plus prisés à l’exportation.
Difficultés stratégiques
L’inégalité des degrés d’intégration des trois groupes régionaux et la diversité des réglementations commerciales qu’ils appliquent posent également problème. De plus, certains de ces pays appartiennent à plus d’un groupe et sont soumis à des contraintes contradictoires. La création d’une zone de libre-échange unique devrait régler ces difficultés. Une fois mise en place, une telle zone faciliterait le libre-échange des biens d’équipement entre tous les pays membres en franchise de douane. Les trois groupes devront toutefois fixer de nouveaux tarifs douaniers pour les biens manufacturés et les uniformiser. Il leur faudra également harmoniser les procédures douanières et frontalières. Le manque à gagner éventuel des plus petits pays qui commercent relativement peu mais comptent beaucoup sur les recettes engendrées ar les tarifs douaniers à l’importation est une autre préoccupation.
La levée des barrières commerciales entraînerait non seulement une diminution de ces recettes, mais risquerait aussi de provoquer la faillite de nombreux producteurs locaux, incapables de faire face à la concurrence des produits manufacturés moins chers en provenance de pays plus grands, comme l’Egypte, le Kenya et l’Afrique du Sud. En élaborant une «feuille de route» qui sera présentée aux chefs d’Etat dans six mois, un groupe d’experts examinera la manière dont ces problèmes pourraient être réglés. Le président sud-africain, Kgalema Motlanthe, a souligné à la réunion de Kampala l’importance de trouver des solutions à ces problèmes. «L’heure est venue pour le COMESA, la CEA et la SADC de réunir leurs programmes respectifs d’intégration régionale afin d’élargir nos marchés, de désentraver notre capacité de production, d’accroître le volume des échanges intra-africains et d’améliorer nos perspectives de développement.»