vendredi 6 novembre 2009

Interview de Djama Mahamoud Haid, Gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti

Propos recueillis lors de l'Inauguration du nouveau siège de la CAC Bank

Je voudrais remercier en premier lieu le Président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh, pour sa présence à la cérémonie d'inauguration officielle du nouveau siège de la CAC International Bank Djibouti. Votre présence parmi nous aujourd'hui et votre soutien indéfectible au développement et à la modernisation du secteur bancaire, témoignent de la volonté manifeste de votre gouvernement de faire de la République de Djibouti une place financière à vocation régionale. Je salue aussi la présence de l'ensemble des personnalités et des acteurs du développement économique du pays. Nous célébrons aujourd'hui avec faste l'installation de la Coopérative and Agricultural Crédit International Bank, qui porte désormais à sept le nombre d'établissements de crédit opérant dans notre pays.

Certains de mes concitoyens et autres opérateurs économiques m'interpellent régulièrement sur le nombre élevé de banques actuellement en activité sur la place financière de Djibouti. Qu'ils soient rassurés, un pan entier de la population djiboutienne ne bénéficie pas encore des bienfaits de l'intermédiation financière accrue et le taux de pénétration des services bancaires demeure relativement faible de façon générale et plus particulièrement dans les régions de l'intérieur.

Toutes les banques, anciennes comme nouvelles, réalisent au cours de ces dernières années des performances significatives. Les banques établies depuis longtemps (BIS et BCI) continuent à jouir d'une situation satisfaisante : le total de leurs dépôts et de leurs crédits a, respectivement, progressé de 10,2% et de 20, 2% fin septembre 2009 par rapport à la fin de l'année 2008. Pour leur part, les nouvelles banques captent déjà jusqu'à 10%de part de marché après seulement 2 ou 3 ans d'activités. Ces dernières ont collecté environ 13 milliards FDJ de dépôts et ont consenti des facilités à hauteur de 4 milliards FDJ. Les dépôts dans les nouvelles banques ont crû de 25,4% sur les neuf derniers mois alors que leurs crédits ont augmenté de manière substantielle sur la même période (+220,8%). A titre d'exemple, les dépôts de la Salaam African Bank ont dépassé le cap de 1,7 milliards FDJ après seulement 10 mois d'activité.

L'arrivée de cette banque filiale de la CAC Bank de Sanaa va contribuer à transformer davantage le paysage bancaire en le rendant plus compétitif et en y introduisant une plus grande diversité de produits et services financiers. Cette concurrence accrue et l'introduction de nouveaux services bancaires sont des gages pour une plus grande satisfaction de la clientèle djiboutienne.

Etablie depuis 1982 au Yémen, la CAC Bank a enregistré ces dernières années des performances remarquables tant en termes de croissance des dépôts de la clientèle que de total de bilan (+43,4% en un an). Signe tangible de sa croissance, la CAC Bank a consolidé de plus de 41% ses fonds propres sur la période 2007-2008. La CAC Bank dont les activités sont principalement axées dans le secteur primaire, le commerce de détail et le financement des PME, est appelée à jouer un rôle de premier plan pour soutenir le développement attendu dans certains secteurs prioritaires de notre économie, en particulier l'agriculture et la pêche. Dans un contexte international morose marqué par la crise financière et les incertitudes, l'installation d'un nouvel opérateur dans le secteur bancaire confirme, si besoin est, la bonne tenue de notre économie et des perspectives macroéconomiques à moyen terme encourageantes. Les performances économiques et financières de Djibouti se sont considérablement améliorées en 2008 et 2009, malgré les pressions inflationnistes au niveau mondial. La croissance réelle du PIB s'est accélérée de 5,1% en 2007 à 5,9% en 2008 et s'établira selon les prévisions à plus de 5% en 2009, portée principalement par les investissements directs étrangers. La part de l'investissement dans le PIB est en effet passée de 23% en 2005 à près de 47% en 2008. La politique budgétaire est demeurée expansionniste en raison de l'investissement public plus élevé dans les domaines sociaux prioritaires (éducation, santé, eau) et dans les infrastructures. Le solde budgétaire sur base ordonnancements a enregistré en 2008 un excédent équivalent à 1,3% du PIB. Le secteur bancaire a connu des développements notables avec une progression annuelle de la monnaie au sens large de 9,6% en 2007 et de près de 20% en 2008. Le crédit au secteur privé a augmenté de 23% en 2007 et de plus de 27% en 2008 en raison principalement du boom de la consommation des ménages, de l'embellie du secteur de la construction et de l'investissement public.

Les perspectives de croissance à moyen terme de l'économie djiboutienne demeurent fortes, tirées par d'importants projets d'investissement et le rôle moteur des banques dans le financement de l'économie. Dans le cadre du nouveau programme FRPC conclu en octobre 2008 avec le FMI, le scénario de référence table sur une croissance réelle du PIB d'environ 6,3% par an sur la période 2010-2014. Le niveau de l'inflation devrait être maintenu autour de 4% et le déficit budgétaire maîtrise à -0,5% du PIB sur la même période. Le secteur bancaire devrait consolider son rôle dans le financement de l'investissement privé. Les crédits à l'économie devraient évoluer de plus de 20% par an au cours des cinq prochaines années. Pour préserver la stabilité du cadre macroéconomique, notre pays a continué à mettre en œuvre des réformes structurelles nécessaires tout en veillant à les adapter aux évolutions de la conjoncture et des perspectives de développement socio-économiques.

Les récentes mesures initiées par le gouvernement s 'articulent essentiellement autour de l'amélioration de la compétitivité extérieure du pays et du climat des affaires ; la révision du code de investissements et l'élaboration du nouveau code de commerce en sont les exemples les plus manifestes. Les autres réformes concernent l'introduction de la TVA et la diversification croissante de notre économie.

S'agissant des réformes touchant le secteur financier, un programme d'évaluation du secteur financier a été mené, fin 2008, à notre demande, par des experts du FMI et de la banque mondiale. Dans l'ensemble, les tests de résistance menés au titre de ce programme ont montré que le secteur financier djiboutien est robuste et n'est pas exposé à une menace systématique immédiate. Ces derniers mois, l'accent a été particulièrement mis sur la bancarisation de la population et l'accès aux services financiers relativement faible à Djibouti. L'adoption de la note circulaire n°27 édictée par le Président de la République le 14 février 2009 et de l'instruction de la banque centrale de Djibouti, a institué le " droit au compte " pour toute personne physique ou morale, établie en République de Djibouti, dépourvue d'un compte bancaire et justifiant d'un revenu régulier d'un montant supérieur ou égal à 40 000 FDJ. Je tiens à remercier solennellement le président de la République d'avoir promulgué la note circulaire en vue de favoriser la bancarisation des Djiboutiens car elle constitue un élément essentiel de la réconciliation entre les Djiboutiens à faibles revenus et les banques de la place.

Cette mesure tendant à relever le taux de bancarisation a d'abord concerné tous les agents de l'Etat pour ensuite être étendue aux salariés des établissements publics et à ceux du secteur privé. Sous l'impulsion de cette mesure, le nombre total de clients du secteur bancaire a progressé de 40.541 fin décembre 2008 à près de 53.332 clients fin septembre 2009, soit une augmentation de plus de 12.700 clients en l'espace de 9 mois.

Parallèlement à cette politique de bancarisation, et conformément à l'initiative nationale pour le développement social, les autorités nationales ont mis l'accent sur le développement de la micro finance, outil majeur de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Deux organismes de type coopératif et mutualiste (CPEC et CNEC) ont été récemment créés et regroupent actuellement près de 6.400 adhérents. Ces deux entités ont pu collecter à ce jour plus de 132 millions FDJ de dépôts tandis que les crédits distribués avoisinent les 250 millions FDJ en octobre 2009.

Afin de compléter la palette des produits et services financiers proposés à la clientèle et encadrer les nouvelles banques, la banque centrale élabore actuellement un cadre réglementaire spécifique au développement de la finance islamique. Acteur peu connu de la finance mondiale, il y a encore quelques années, la finance islamique connaît aujourd'hui un essor rapide et constitue une alternative aux activités conventionnelles pour mieux répondre aux attentes d'une partie de la clientèle qui ne dispose pas encore d'offre adaptée à ses convictions religieuses.

Je ne saurais clore mon propos sans réitérer mes remerciements et adresser toutes mes félicitations aux membres du Conseil d'administration et au personnel de la CAC International Bank Djibouti. Je souhaite plein succès aux dirigeants et aux employés de cette nouvelle institution bancaire.

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IIIe réunion des ministres chargés des infrastructures du Comesa

Adoption d'une déclaration commune

Les ministres en charge des infrastructures des Etats membres du Marché commun pour l'Afrique orientale et australe (Comesa) ont, au terme de leurs travaux, adopté mercredi dernier, une déclaration commune consacrée essentiellement au développement des projets d'infrastructures destinés à permettre une circulation plus efficace des marchandises, des personnes et de l'information à travers toute la région.

Les participants à la 3ème réunion ministérielle sur le transport, la technologie de l'information et de la communication et l'énergie se sont notamment engagés à combler le retard existant en matière d'infrastructures au sein de l'espace Comesa. Conscients que le manque d'équipements de transport, de distribution d'énergie et de communication modernes et fiables constitue un frein majeur à l'intégration économique régionale, les délégués des pays membres du Comesa ont décidé donc de "travailler ensemble pour accélérer le développement des infrastructures et services régionaux dans les secteurs du transport, des communications, de l'information et de l'énergie".

C'est dans ce sens qu'un certain nombre de projets et programmes seront mis en œuvre "avant la fin de l'année 2010" afin d'insuffler un élan nouveau et durable au processus de développement du Marché commun pour l'Afrique orientale et australe. La déclaration finale adoptée par les ministres chargés des Infrastructures, transport, technologie de l'information et de la communication et énergie, et chefs de délégations des Etats membres du COMESA, au terme de leur troisième réunion qui a eu lieu à Djibouti les 28 et 29 octobre 2009, comporte plusieurs volets. Les ministres ont notamment porté une attention particulière sur la résolution des contraintes liées à l'offre particulièrement en ce qui concerne le développement de nouvelles infrastructures et la réduction des retards dans l'entretien des infrastructures afin d'améliorer la compétitivité des marchandises et services sur les marchés régionaux et internationaux

Sur ce, ils ont reconnus la nécessité d'adopter des stratégies régionales en matière de transport, de communication et d'énergie afin de réduire le coût des affaires et les goulots d'étranglement que suscitent des infrastructures régionales et des services inadéquats ou de mauvaise qualité, mais qui sont essentiels pour promouvoir l'intégration régionale, le développement socio-économique et la réduction de la pauvreté tels que les énoncent les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Un autre point qui revêt une importance capitale, c'est celui du développement des Nouvelles technologies d'Information et de Communication (NTIC). Les parties ont insisté que les Etats membres se servent de la politique et des directives techniques préparées par le COMESA pour harmoniser le secteur des TIC afin de promouvoir la croissance de ce secteur dynamique qui est primordiale pour une participation efficace aux affaires d'un environnement mondialisé.

L'énergie est un secteur clé qui est d'une grande importance pour faciliter le développement dans les différents sous-secteurs tels que l'industrie, le transport, les communications et les équipements domestiques dans les secteurs des services. Ainsi les ministres ont appelés la région à augmenter la capacité de production d'électricité ; de faciliter le développement des interconnexions des réseaux électriques de la région et de faciliter le commerce transfrontalier et régional de l’électricité. Dans leur déclaration commune, les signataires ont souligné la nécessité d'élaborer des mécanismes de mise en œuvre pour faciliter la coordination, la programmation commune et la mobilisation des ressources pour les projets du COMESA en groupant les Etats membres par corridors de transport et de communication, avec un pays jouant le rôle de chef de file, auraient comme conséquence une meilleure appropriation et une meilleure coordination. Afin d'améliorer la qualité du transport, les parties ont demandé qu'il soit mis en œuvre par les groupes de corridors plusieurs projets de facilitation dont la Carte jaune du COMESA, la licence de transport, les plaques d'immatriculation du COMESA, un système de limitation de la charge à l'essieu et contrôle de la surcharge…etc.

Condamnation des actes de la piraterie. Les ministres en charge des infrastructures des Etats membres du Marché commun pour l'Afrique orientale et australe (Comesa) ont, au terme de leurs travaux achevés mercredi dernier, condamné fermement la piraterie et dénoncé la menace sérieuse et immédiate que posent les actes de piraterie maritime. Cette condamnation est contenue dans une déclaration commune publiée à l'issue de leur réunion.

Les ministres ont convenu que ces actes constituent une grave menace à la paix et à la sécurité régionale et internationale ainsi qu'aux efforts de développement des Etats membres du COMESA. Les ministres ont également lancé un appel aux Etats membres du COMESA qui ont signé et ratifié le Code de conduite de Djibouti qui demeure un instrument indispensable pour l'éradication de la piraterie maritime dans le Golfe d'Aden et au large de la Somalie. Dans cette déclaration conjointe, ils ont demandé à la communauté internationale d'apporter son soutien et sa contribution à la réalisation de tous les objectifs définis dans le Code de conduite de Djibouti et notamment le centre régional de formation.

Djibouti : 3ème Conférence des ministres en charge des infrastructures du COMESA

La 3ème conférence des ministres en charge des infrastructures (Transport, Communication, Energie) des pays membres du Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA), s'est ouverte hier à l'hôtel Kempinski Palace de Djibouti-ville. La cérémonie d'ouverture de cette conférence a été présidée par le Premier ministre djiboutien, M. Dileita Mohamed Dileita, en présence du Secrétaire général de l'organisation, M. Sindiso Ngwenya, et d'une dizaine de ministres et vice-ministres des pays membres de l'espace régional.

Cette conférence de deux jours a pour objectif d'initier un débat entre les Etats membres du COMESA concernant les voies et moyens de mettre en place à l'avenir des infrastructures physiques appropriées dans les domaines du Transport, de l'Energie et des Télécommunications, au sein de l'espace intracommunautaire des pays du COMESA, afin de faciliter à terme leur intégration économique et améliorer leurs échanges. Les ministres en charge des infrastructures dans les pays du COMESA vont se pencher sur des sujets comme l'examen du rapport de la 5ème réunion du comité technologie de l'information, ou encore l'examen du rapport final sur l'étude du champ d'application des projets prioritaires du Comesa en matière d'infrastructures.

Sont aussi au menu de cette conférence, d'autres questions telles que la proposition d'une mesure visant la mise en place d'un système intégré de sécurisation du réseau internet au sein du COMESA ainsi que l'examen d'une étude portant sur l'harmonisation des limites autorisées de surcharge des camions afin d'éviter la dégradation des axes de communication.

Dans son discours inaugural, le Premier ministre djiboutien a indiqué que " depuis le lancement de sa zone de libre-échange, la région a connu une croissance significative des échanges commerciaux intra-COMESA facilitant l'intégration économique et sociale, conformément au traité d'Abuja ". " La réussite de la zone de libre-échange, de l'Union douanière et de l'intégration économique, dépendra largement de la capacité de nos infrastructures de transport, des télécommunications et d'énergie", a dit le Premier ministre. S'agissant de l'investissement en matière d'infrastructures physiques,

M. Dileita Mohamed Dileita a affirmé qu'il faut " allouer des fonds nationaux, utiliser efficacement les fonds fournis par nos banques de développement et nos partenaires, et inciter la participation du capital privé aux projets dont les taux de rendement intéressent le secteur privé ".

S'exprimant au sujet des transports ferroviaires, le Premier ministre a expliqué que dans ce domaine " il nous faut des investissements pour renouveler et moderniser nos réseaux qui datent du siècle dernier et les élargir afin qu'ils desservent la région de façon plus efficace.” " A cet égard, a-t-il ajouté, Djibouti entend collaborer avec d'autres pays dans le cadre d'un programme visant à moderniser les réseaux ferroviaires, rallonger le chemin de fer jusqu'au Soudan et le relier aux autres réseaux de l'Afrique orientale et centrale ". Le Secrétaire général du COMESA, M. Sindiso Ngwenya, a déclaré pour sa part, que " ce qui semble être des défis insurmontables peut être vus comme des opportunités de développement".

" À cet égard, a-t-il insisté, nous pouvons tirer des enseignements de pays comme la Chine qui ont fait de la crise économique mondiale une opportunité en stimulant la croissance économique par des investissements d'infrastructures qui va déclencher un cercle vertueux de croissance auto-entretenue."

Selon lui toujours, " le défi est que nous nous dirigeons vers une intégration plus profonde à travers l'union douanière et le projet de Grande zone de libre échange qui englobe le COMESA, l'EAC et la SADC ". " Il est nécessaire pour nous de sortir des sentiers battus et de travailler non seulement sur les programmes à court terme mais à planifier pour 50 ans à partir de maintenant ", a t-il constaté.

A l’issue des débats, prévue ce jeudi 29 octobre, les organisateurs espèrent que le rapport final qui sera adopté va contenir un ensemble de textes allant dans le sens du renforcement des secteurs des transports, de la communication, de l'énergie et des télécommunications au sein de l'espace du COMESA.

Rappelons que le COMESA est un vaste marché économique peuplé de 379 millions d'habitants qui regroupe une vingtaine de pays d'Afrique australe et orientale dont Djibouti.

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Djibouti fait de la chaîne de transport l’épine dorsale de son économie

Au len­de­main de son in­dé­pen­dance en 1977, Dji­bou­ti a opté pour une éco­no­mie de ser­vices et a mis sur rail des pro­jets vi­sant à dé­ve­lop­per pro­gres­si­ve­ment sa chaîne de trans­port.

Le choix des au­to­ri­tés dji­bou­tiennes de faire du dé­ve­lop­pe­ment de la lo­gis­tique une prio­ri­té na­tio­nale vient du fait que le pays oc­cupe une po­si­tion géos­tra­té­gique sans com­mune me­sure dans la ré­gion de la Corne de l’Afrique.

Elle lui confère un rôle de pla­te­forme avan­cée pour ser­vir de centre de tran­sit et de re­dis­tri­bu­tion à vo­ca­tion ré­gio­nale et in­ter­na­tio­nale.

Les trans­ports consti­tuent à Dji­bou­ti la prin­ci­pale contri­bu­tion à la for­ma­tion du pro­duit in­té­rieur brut (PIB) du pays avec un taux de près de 37% en 2007, selon un do­cu­ment pu­blié ré­cem­ment par le mi­nis­tère de l’équi­pe­ment et des trans­ports, à l’oc­ca­sion des réunions in­ter­mi­nis­té­rielles du CO­ME­SA.

Le sec­teur du trans­port est aussi un ins­tru­ment in­con­tour­nable de toute stra­té­gie de ré­duc­tion de la pau­vre­té à Dji­bou­ti puisque ce­lui-​ci consti­tue une source d’em­plois pour en­vi­ron 10 000 per­sonnes dans un pays où le taux de chô­mage dé­passe les 60%.

L’exis­tence d’in­fra­struc­tures por­tuaires ultra mo­dernes (le port de Do­ra­leh), des in­fra­struc­tures rou­tières en très bon état ainsi que la po­si­tion géos­tra­té­gique de Dji­bou­ti, car­re­four des routes ma­ri­times, jus­ti­fient à elles seules, le rôle fon­da­men­tal que tient le sec­teur de la lo­gis­tique au sein de l’éco­no­mie du pays.

Le ports consti­tuent les points foc­qaux d'ani­ma­tion des ac­ti­vi­tés des trans­ports no­tam­ment le Port au­to­nome in­ter­na­tio­nal de Dji­bou­ti (PAID) et le port de Do­ra­leh) ainsi que le cor­ri­dor routier Dji­bou­to-​éthio­pien, lui-​même très lié aux ac­ti­vi­tés des ports.

En 2008, le PAID, géré de­puis l’année 2000 par DP World, a at­teint la plus forte per­for­mance de son his­toire avec plus de 243 000 EVP et près de 9 mil­lions de tonnes de mar­chan­dises trai­tées.

Quant au trans­port rou­tier, il a pro­gres­sé de ma­nière si­gni­fi­ca­tive de­puis que le tra­fic du port éry­thréen d’Assab a été dé­rou­té sur Dji­bou­ti à cause du conflit entre l’Ethio­pie et l’Ery­thrée.

Le nombre de ca­mions est passé de 89 000, en 2000, à plus de 171 445, en 2008, dont 98% ap­par­tiennent aux Ethio­piens contre 2% seule­ment pour des tran­si­taires dji­bou­tiens.

jeudi 5 novembre 2009

L'UA appelle les leaders malgaches à prendre leurs responsabilités

Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a renvoyé dos à dos mardi les dirigeants politiques malgaches, les appelant à prendre leurs responsabilités, lors de l'ouverture d'une réunion pour sortir la grande île de la crise politique.

L'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, le président évincé en mars Marc Ravalomanana et deux anciens chefs d'Etat, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, participent à cette réunion au siège de l'UA à Addis Abeba qui vise à mettre en oeuvre un partage du pouvoir pendant une période de transition fixée à 15 mois par les accords de Maputo signés le 9 août.

"La situation actuelle à Madagascar est caractérisée par une lassitude quasi-générale ressentie légitimement au niveau de la population", a rappelé M. Ping aux quatre chefs de file.

"La responsabilité des uns et des autres, devant l'Histoire, est pleinement engagée, et aucune considération particulière, aussi légitime fût-elle, ne saurait valoir devant la primauté indiscutable de l'intérêt général", a-t-il estimé.

"Est-ce que Madagascar sortira de la crise?"

En tant que "doyen d'âge des chefs de file des mouvances politiques malgaches", l'ancien président Zafy a prononcé un discours inaugural résumant l'enjeu de cette rencontre.

"Le peuple malgache souffre depuis plus de sept mois, oscillant entre espoir et désespoir", a-t-il dit avant de s'interroger: "Est-ce que Madagascar sortira de la crise? Si c'est oui, alors c'est la fête. Si c'est non, alors c'est un avenir sombre qui s'annonce dont on ne connaît pas la suite".

M. Ping a insisté sur la nécessité pour les chefs de file d'accélérer la mise en oeuvre de ces accords et de la Charte de transition "qui constituent bien l'instrument convenu pour une sortie de crise pacifique, consensuelle et inclusive à Madagascar".

Les accords de Maputo ont notamment dessiné l'architecture d'une transition politique censée mener le pays à une élection présidentielle au plus tard fin 2010.

Selon des sources proches de la médiation, le principal obstacle à l'application des accords est constitué par la position de M. Ravalomanana qui "cherche à reprendre le processus de négociations et d'attribution des postes depuis le début" et à "préserver ses intérêts économiques" dans l'île.

Ravalomanana freine des quatre fers

M. Ravalomanana conteste l'attribution des postes de président, vice-président et Premier ministre de transition, annoncés le 6 octobre à Antananarivo après une réunion entre les quatre mouvances politiques.

Il a récemment martelé qu'il n'accepterait "jamais la nomination d'un auteur de coup d'Etat (Andry Rajoelina) à la tête de la transition".

Lâché par l'armée, M. Ravalomanana avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, l'ex-maire d'Antananarivo, devenu en quelques mois son principal opposant au terme d'un mouvement populaire.

Outre la désignation à la tête de la transition, un Premier ministre de consensus avait été trouvé en la personne d'Eugène Mangalaza, de la mouvance de M. Ratsiraka, en remplacement de Monja Roindefo.

M. Rajoelina a confirmé cette nomination par décret, mais M. Roindefo, le Premier ministre écarté, refuse de quitter la Primature malgré la défection de ses ministres.

Novartis acquiert les vaccins chinois de Zhejiang Tianyuan pour 125 M$

Le groupe pharmaceutique suisse poursuit sa stratégie chinoise. Après avoir annoncé hier un investissement de 1 milliard de dollars dans le pays en matière de R&D, il rachète 85 % du fabricant privé de vaccins Zhejiang Tianyuan Bio-Pharmaceutical. Une transaction qui s’élève à 125 millions de dollars (en cash). Novartis facilite ainsi la pénétration de ses produits sur le troisième marché mondial des vaccins (plus de 1 milliard de dollars en 2008), qui devrait connaître prochainement une croissance à deux chiffres. En Chine, sa présence était jusqu’ici limitée aux vaccins contre la grippe et la rage.

Entré en 1994 sur le marché des vaccins, Zhejiang Tianyuan détient un portefeuille de produits contre les maladies virales et bactériennes. Le laboratoire chinois a notamment élaboré un vaccin contre la fièvre hémorragique avec syndrome rénal (HFRS). Il a enregistré en 2008 un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars (doublement par rapport à 2006).

Chine : la Banque mondiale attend 8,4% de croissance en 2009

[04/11/09 - AFP ]

La Banque mondiale a revu à la hausse mercredi ses prévisions de croissance 2009 pour la Chine, à +8,4%, contre +7,2% estimés en juin, tout en pressant Pékin de poursuivre sur la voie du rééquilibrage économique.

Dans ses perspectives trimestrielles, l'institution a souligné que la Chine était donc dans les clous pour atteindre son but de 8% de hausse de son produit intérieur brut, seuil jugé nécessaire pour le maintien du niveau d'emploi dans le géant asiatique.

Malgré l'impact de la chute de ses exportations "l'économie chinoise continue de croître robustement en raison des politiques monétaires et fiscales expansionnistes (de Pékin). (...) l'investissement dans les infrastructures a été un élément clef mais la consommation s'est aussi bien tenue. Plus récemment il y a également eu une reprise de l'immobilier", a constaté la BM dans son rapport.

Cependant, la Banque mondiale avertit qu'un "rééquilibrage réussi" de l'économie s'impose pour une reprise durable à moyen terme.

"Un rééquilibrage et l'obtention d'une plus forte croissance de l'économie nationale demandent plus d'emphase sur la consommation et les services et moins d'investissement et d'industrie", estime-t-elle.

La croissance chinoise a rebondi à 8,9% au troisième trimestre, après 7,9% au deuxième et 6,1% au premier -- son rythme le plus bas en plus d'une décennie.
L'an dernier, la Chine a connu une hausse de 9% de son PIB.

Inde : le gouvernement table sur une croissance de 8% en 2010

[ 04/11/09 - AFP ]

La croissance économique en Inde va atteindre 8% l'an prochain et pourrait monter jusqu'à 9% l'année suivante avec la reprise économique mondiale, a indiqué mercredi un responsable gouvernemental.

L'économie indienne, qui connaissait des taux de croissance de 9% avant la crise financière mondiale, devrait croître de 6,5% en 2009, a affirmé Montek Singh Ahluwalia, chef adjoint de la commission de planification économique.

"Ce sera une année de ralentissement économique à cause de la conjoncture internationale mais nous aurons le 2e taux de croissance le plus fort dans le monde (après la Chine)", a dit Ahluwalia.

Ahluwalia, un proche conseiller du Premier ministre, a tenu ces propos à la conférence annuelle des rédacteurs en chef économiques à New Delhi.

La croissance a également été tirée par le bas, en raison de la saison la plus sèche enregistrée en quatre décennies, qui a pénalisé la production agricole.

Mais la commission de la planification a estimé que si les pluies se maintenaient à un niveau normal l'année prochaine, et si l'économie internationale continuait à se redresser, l'Inde enregistrerait une croissance de 8% en 2010 et de 9% l'année suivante.

Selon le gouvernement, l'Inde doit atteindre une croissance d'au moins 9% pour réduire l'immense pauvreté du pays.

L'optimisme d'Ahluwalia a été conforté par les prévisions du ministre du Commerce, Anand Sharma. Selon lui, les exportations qui étaient en déclin durant les 12 derniers mois, devraient inverser la tendance d'ici la fin de l'année fiscale en cours.

Les exportations indiennnes ont chuté de 13,8% en septembre à 13,6 milliards de dollars par rapport à l'année précédente. La baisse des exportations a été toutefois moindre que celle enregistrée au mois d'août (19,4%).

Le Président sud-africain Jacob Zuma rencontre les responsables reunionnais de RSA

L’Association RSA (Reunion/South Africa Association) rend compte dans un communiqué de la rencontre de ses responsables — Christophe Rocheland, Président, et Richard Apavou, vice-président — avec le président sud-africain Jacob Zuma le lundi 19 octobre, à Johannesburg.



Richard Apavou, vice-président de RSA, Jacob Zuma, président de la République Sud-Africaine, et Christophe Rocheland, président de l’Association RSA.

« Les responsables de l’Association Coopération Réunion/Afrique du Sud (RSA : Reunion/South Africa Association) ont été reçus lundi dernier (19 octobre 2009) à Johannesburg pour une rencontre informelle avec le président de la République d’Afrique du Sud, Jacob Zuma, organisée par le Chef député Mandla Mandela, en la demeure privée de l’ex-président sud africain Nelson Mandela.

C’est à l’occasion d’une visite de courtoisie rendue par le président sud-africain à Nelson Mandela le lundi 19 octobre dernier que les responsables de RSA, Christophe Rocheland, président, et Richard Apavou, vice-président de l’Association, ont rencontré Jacob Zuma.

Les discussions entre les Réunionnais et le Chef de l’État sud-africain ont porté sur les longues relations historiques entretenues par La Réunion et l’Afrique du Sud du temps de l’Apartheid et notamment de la solidarité des Réunionnais envers les combattants de la liberté sud-africains. L’autre sujet de discussion concernait la création d’un Consulat sud-africain à La Réunion, dossier défendu depuis plus de 5 ans par l’Association. Le président sud-africain a chargé le Député Mandla Mandela de ce dossier en lui demandant de faire suivre le processus de création du Consulat avec la ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane.

L’Association plaide également pour un rapprochement stratégique au plus haut niveau politique et économique avec ce membre du G20 qui, de par sa situation géographique, représente une opportunité de mieux nous intégrer dans notre bloc régional, en accord avec la volonté politique exprimée par les autorités métropolitaines et réunionnaises ».


Contrats miniers: le groupe americain Freeport sur la sellette en RD Congo

Le gouvernement renégocie les termes de son contrat minier avec l’américain Freeport. L’issue s’annonce plus heureuse que pour le canadien First Quantum, qui a suspendu ses activités en septembre.

Partira ? Partira pas ? Le sort de Freeport en République démocratique du Congo (RD Congo) n’est pas encore scellé. Le groupe minier américain avait jusqu’au 12 octobre pour répondre à la demande des autorités, mais l’échéance est passée et les négociations continuent.

Actionnaire principal avec 57,75 % du capital de Tenke Fungurume Mining (TFM), le joint-venture créé pour mettre en œuvre un gigantesque projet d’exploitation de cuivre et de cobalt sur une concession de 1 600 km2, entre les villes de Tenke et de Fungurume, au Katanga, au sud de la RD Congo, Freeport est prié de faire un effort pour qu’une part plus importante des bénéfices revienne à la RD Congo.

Entreprise publique, la Gécamines détient actuellement 17,5 % du capital de TFM. Cela ne suffit pas, selon l’État. Ce dernier ne se borne pas à proposer une augmentation des parts de la Gécamines. Une solution alternative est actuellement discutée : le reversement à l’entreprise publique d’une « prime de production », sorte de « royalty » perçu sur le minerai produit, qui pourrait atteindre 2,5 % du prix de revient.

Les exigences de l’État entrent dans le cadre de la « revisitation des contrats miniers ». Lancée en juin 2007, cette initiative porte sur une soixantaine d’accords passés entre la Gécamines et des compagnies minières – dont des multinationales – à une époque où l’État, affaibli par la guerre, n’était pas en mesure de défendre ses intérêts. Une situation dont certains partenaires n’ont pas hésité à profiter. A l’heure de la reconstruction, la RD Congo a cherché à rééquilibrer la balance. Le contrat avec Freeport est le dernier à faire l’objet de la « revisitation ».

Premier investisseur du pays

Comme ses concurrents, le groupe fait de la résistance. « Ce contrat a été négocié et signé dans la transparence en 2005 », se défend Margaret Rashidi Kabamba, la directrice de la communication. En outre, la compagnie, qui emploie 2 300 salariés, avance avoir déjà réalisé 2 milliards de dollars d’investissements dans TFM et payé, en deux ans, 140 millions de dollars de taxes et d’impôts. Ce qui n’est pas négligeable : actuellement débattu, le budget prévisionnel 2010 s’élève à 5,3 milliards de dollars. Des arguments sonnants et trébuchants qui laissent Margaret Rashidi Kabamba optimiste : « Nous sommes le premier investisseur dans le pays, nous devons arriver à un accord gagnant-gagnant. »

Côté gouvernement, on affiche la même sérénité : « On devrait arriver à un accord avant la fin octobre, annonce Alexis Mikandji, directeur de cabinet du ministre des Mines, Martin Kabwelulu. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. »

A l’entendre, la fin de l’histoire ne sera pas la même que pour First Quantum. En février 2008, le gouvernement a soumis une liste de conditions au groupe canadien pour son projet d’usine à Kolwezi (Katanga). Mais, estimant que ce dernier ne les avait pas remplies, les autorités ont finalement exigé de la compagnie qu’elle restitue son permis d’exploitation. C’était au mois d’août. La réaction de First Quantum ne s’est pas fait attendre : mi-septembre, le groupe a annoncé que les travaux étaient suspendus et qu’il comptait renvoyer l’affaire devant un tribunal international d’arbitrage.

Climat : l'Afrique menace de se retirer des négociations

L'Afrique a accepté mardi, après 24 heures de tractations, de reprendre les négociations sur l'avenir du Protocole de Kyoto, mais reste inquiète du manque d'avancées à un mois de la conférence de Copenhague et menace toujours de claquer la porte.

Les délégués africains aux négociations de Barcelone, les dernières avant le rendez-vous de décembre (7-18), avaient suspendu lundi soir leur participation aux discussions, tant que les pays industrialisés n'annonceraient pas des engagements chiffrés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, "d'au moins 40%" en 2020 par rapport à 1990.

L'Afrique a accepté de revenir à la table de négociation, tout en prévenant "qu'un échec demain à considérer les résultats souhaités nous conduirait à suspendre les discussions" à nouveau, a souligné Ousman Jarju, délégué de la Gambie, au nom du Groupe Afrique.

"Le niveau d'ambition des pays développés est inacceptable (. . . ) Nous devons envisager des objectifs et des chiffres ambitieux qui, du point de vue africain, devraient représenter une réduction de 40% au moins", a-t-il également insisté.

L'Afrique très vulnérable

Le continent, responsable de 4% à peine des émissions mondiales de gaz à effet de serre, compte parmi les régions du monde les plus vulnérables au changement climatique qui se traduira pour lui par une extension de la désertification, des sécheresses et de graves pénuries d'eau et de récoltes.

Après l'intervention mardi de la présidence suédoise de l'Union européenne et du pilote des négociations sur le Protocole de Kyoto, John Ashe, un compromis a pu être trouvé sur la suite des discussions qui s'achèvent vendredi à Barcelone.

Ainsi, "60% au moins du temps de négociations restant sera consacré aux discussions sur les chiffres" d'engagements des pays industrialisés au titre de Kyoto, a assuré M. Ashe à la reprise de la conférence plénière.

A un mois de la conférence de Copenhague et de la conclusion d'un nouvel accord climatique, Barcelone offrait cinq derniers jours de négociation, dont deux viennent déjà de s'écouler.

"On tourne en rond"

Les négociations se déroulent parallèlement sur deux rails: l'un pour les pays qui ont ratifié le protocole de Kyoto et sont appelés à renouveler leurs engagements au-delà de 2012. L'autre est ouvert aux 192 pays signataires de la Convention et intègre notamment les Etats-Unis, seul pays industrialisé à ne pas appliquer Kyoto.

"Nous n'avons jamais voulu bloquer les négociations", confiait à l'AFP Ibila Djibril, délégué du Bénin. "Mais on tourne en rond: il reste trois jours de négociations d'ici Copenhague et on ne connait toujours pas les intentions des pays industrialisés. Seule l'UE tient un langage cohérent".

L'Europe vise une réduction de ses émissions polluantes de 20% en 2020, voire 30% dans le cadre d'un accord international contraignant. Elle est la seule à avoir publiquement annoncé ses intentions dans le cadre d'un accord multilatéral.

Pour de nombreux observateurs à Barcelone, "l'Afrique a voulu montrer ses muscles à l'approche de Copenhague".

"C'était un coup de poing sur la table pour que les pays industrialisés mettent leurs engagements sur la table. C'est venu de l'Afrique mais ça aurait pu venir d'ailleurs: il fallait un peu de dramatisation", estime l'un d'eux.

dimanche 1 novembre 2009

Les Ministres mauriciens Sithanen et Bheenick plaident pour l’intégration régionale

Le vice-Premier ministre et ministre des Finances et de l’Economic Empowerment Rama Sithanen et le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) Rundheersingh Bheenick ont tous deux plaidé pour une attention particulière à l’intégration régionale et le commerce, qui peuvent accélérer la reprise économique.

“L’intégration régionale a un rôle clé à jouer à cet égard, en particulier à travers un coup de pouce au commerce, soutenu par une meilleure productivité et en attirant les investissements directs étrangers nécessaires en vue d’atteindre un plus haut niveau de développement socio-économique”, a fait ressortir Rama Sithanen jeudi.

C’était lors de son discours d’ouverture de la 14e réunion du Comité des gouverneurs des Banques centrales du COMESA, à l’hôtel Intercontinental, à Balaclava. “We need more trade, not aid”, a pour sa part dit le gouverneur de la BoM.

“Il est prévu que volume du commerce mondial des commodités et services chute par 12 % en 2009, reflétant la baisse de demande et le manque de financement pour le commerce. Néanmoins, le plaidoyer des leaders du G20 pour soutenir le cycle de Doha pour des discussions sur le commerce ne serait pas le même durant les prochains mois, étant donné que le commerce demeure faible. En effet, les désaccords commerciaux sont en hausse, particulièrement entre la Chine et les Etats-Unis”, a souligné Rama Sithanen.

“Concernant notre région, la situation demeure toujours pleine de défis. Après une croissance soutenue pendant presque une décennie, l’on prévoit un ralentissement de l’économie de l’Afrique sub-saharienne de 1 % en 2009, en raison des exportations en baisse”, a expliqué le Grand argentier.

Commentant le rôle du COMESA dans la région, le ministre des Finances, Rama Sithanen devait affirmer “nous saluons le lancement de l’Union douanière du COMESA en juin 2009 et prévoyons la mise en place de la zone de libre échange COMESA-SADC-EAC. Nous devons optimiser nos bénéfices de l’intégration régionale. Nous devons continuer à travailler pour réduire les barrières tarifaires restantes, promouvoir le Cross Border Investment et harmoniser les normes et procédures douanières”.

Source

samedi 24 octobre 2009

Les appétits chinois sortent l’économie sud-africaine de la morosité

La crise financière internationale bénéficie à Pékin en Afrique du Sud. Les relations entre les deux pays se sont intensifiées durant le premier semestre de 2009. La Chine est désormais le premier client de la Nation arc-en-ciel. Une situation qui se confirme particulièrement dans le secteur minier.

Lorsque, fin 2008, les producteurs européens de fer ont commencé à réduire leur commande, la plupart des 4300 salariés de la mine de Sishen, qui exploite ce minerai dans la province sud-africaine du Northern Cape, se sont légitimement inquiétés pour leur emploi. Dix mois plus tard, cette anxiété n’est plus qu’un lointain souvenir.

Au cours de cette période, l’augmentation de 35% de la demande de l’insatiable industrie chinoise a permis de compenser le recul de 50% de celle de l’Europe, du Japon et de la Corée du Sud, victimes du choc de la récession. Les responsables de Kumba Iron Ore, filiale d’Anglo-American, propriétaire de la mine, envisagent à présent son développement.

Pour le syndicaliste Eddie Majadibodu, porte-parole des mineurs, cette nouvelle contraste singulièrement avec la situation d’un secteur, gagné depuis plusieurs mois par la morosité à l’image de l’industrie du platinium où des milliers d’emplois ont été détruits. « Nous avons été préoccupés, mais l'entreprise se porte bien à présent », explique-t-il.

Premier importateur de produits sud-africains

Kumba n’est pas la seule société à bénéficier du renforcement des relations entre l’Afrique du Sud et la Chine. Au cours du premier semestre de 2009, alors que les exportations sud-africaines vers l’Allemagne, le Royaume uni, le Japon et les Etats-Unis plongeaient, la Chine a également augmenté ses commandes de chrome et autres matières premières.

Dernier signe en date de l’intensification de ces échanges, Pékin est aujourd’hui la première destination pour les exportations sud-africaines. Il y encore un an, l’Empire du Milieu ne se situait qu’au cinquième rang. Ce nouveau statut de premier partenaire n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’intérêt croissant de la Chine pour l’Afrique. Des industries comme le textile ou les composants électroniques sont autant de débouchés pour la place sud-africaine. (…)

Forte présence

Selon les banquiers, les investisseurs chinois devraient prendre dans les prochains mois des participations dans des mines locales, particulièrement celles qui comme les juniors sous-capitalisées ont souffert de la chute brutale de leur commande l'an passé.

« Il y a de plus en plus de prospections. Nous recevons un à deux investisseurs potentiels par semaine », explique un banquier de Johannesburg. Plus généralement, les communications et les infrastructures de transport font de l’Afrique du Sud un pays attractif pour abriter les filiales des groupes chinois opérant dans la région. Un des plus importants groupes commercial a récemment ouvert une représentation dans la ville de Cape Town pour soutenir un projet de plusieurs millions de dollars en Angola.

Pour d’autres observateurs cependant, la relation entre les deux pays ne se développera pas aussi vite qu’on pourrait le croire. Certains banquiers pointent les problèmes logistiques et les difficultés des entreprises chinoises à se financer en dehors de leur pays.

En outre, la Chine s’est déjà heurtée à des résistances tant politiques que culturelles sur le continent. Et il y a de grandes chances pour que cela se reproduise. Il y a trois ans, l’ancien président Thabo Mbeki avait mis en garde contre le caractère "colonialiste" de cette relation tout en encourageant son gouvernement à imposer temporairement , en 2007 et 2008, des quotas sur les importations de textile chinois. « Ils ne sont pas toujours accueillis les bras ouverts », ironise un banquier.

A court terme, la position dominante de Pékin dans l’économie sud-africaine devrait s’affaiblir avec le redémarrage de l’économie européenne. Mais ces liens ne peuvebnt que se renforcer sur le long terme.

Source: Financial Times et jeuneafrique.com

samedi 17 octobre 2009

Afrique-Inde : Bill Gates offre 120 millions de dollars pour le développement agricole

15/10/2009 | AFP

Bill Gates doit annoncer ce jeudi un don de 120 millions de dollars à destination de l'Afrique et de l'Inde. Les fonds seront affectés à des projets de développement de la sécurité alimentaire.

Le fondateur de Microsoft et philanthrope américain Bill Gates doit annoncer jeudi un don de 120 millions de dollars destiné au développement de la sécurité alimentaire en Afrique et en Inde, selon une organisation de développement bénéficiaire.

Bill Gates doit faire l'annonce de cette initiative en personne jeudi lors d'un Symposium pour le Prix Mondial de l'Alimentation à Des Moines (Iowa, centre).

Plusieurs projets de développement agricole, atteignant un montant de 120 millions de dollars financés par la fondation Bill Gates, visent à s'attaquer au problème de la sécurité alimentaire à long terme, selon l'organisation de développement Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA), l'une des organisations bénéficiaires.

15 millions pour l'AGRA

L'AGRA a annoncé recevoir une bourse de 15 millions de dollars pour soutenir des politiques agricoles dans cinq pays africains: l'Ethiopie, le Ghana, le Mali, le Mozambique et la Tanzanie.

Selon les Nations unies, un milliard d'habitants souffrent de la faim dans le monde. La Fondation de Bill Gates, l'homme le plus riche du monde, a un budget de 3,8 milliards de dollars pour la seule année 2009.

"A la différence des fermiers du reste du monde, les fermiers africains, dont la majorité sont des femmes, ne reçoivent littéralement aucun soutien de leurs gouvernements", a rappelé Kofi Annan, président du Conseil de l'AGRA et ancien secrétaire général des Nations Unies.

Projets très diversifiés

Les autres projets financés par la Fondation Gates, selon les informations du directeur adjoint du développement de la fondation, Roy Steiner, concernent le Kenya, le Malawi, la Zambie, l'Ouganda et l'Inde.

Ils concernent des secteurs aussi divers que la recherche dans les cultures maraîchères (19 millions de dollars), la promotion de la patate douce, la diversification des céréales, le développement d'un réseau radio pour fermiers ou l'encouragement de liens entre marchés et écoles. En Inde, la Fondation Gates financera un projet de gestion des eaux à l'intention de la population féminine.

jeudi 15 octobre 2009

Exploitation : Comment les entreprises françaises pillent l’Afrique

Mercredi 14 octobre 2009 | Le Messager

La colonisation de l’Afrique avait notamment pour objectif l’exploitation des matières premières du continent qui, transformées en métropole (NB. Africamaat a l’habitude d’éviter ce mot « métropole » et lui préfère « France hexagonale »), permettaient la satisfaction des besoins de celle-ci et l’enrichissement de ses entreprises, tout en procurant à ces dernières d’importants débouchés. Si nombre de leaders indépendantistes ont remis en cause ce « pacte colonial », l’Etat français a tout fait pour torpiller ces revendications et progressivement créer les conditions institutionnelles du maintien de la tutelle économique sur les Etats nouvellement indépendants et ainsi préserver les sources d’approvisionnement des entreprises françaises. « Notre ligne de conduite, c’est celle qui sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. Quels sont nos intérêts ? Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz que nous avons découvert ou que nous découvrirons » e Gaulle, le 5 septembre 1961. Hier comme aujourd’hui, il y a une association étroite entre la haute administration française et l’oligarchie financière : l’homme politique et l’homme d’affaires.

La perpétuation du « pacte colonial » repose depuis 1960 sur : la mise à la tête des pays africains de dirigeants fidèles à la France et qui partagent avec elle la rente liée à l’aide au développement et au pillage des ressources naturelles, des accords de coopération économique, financière et monétaire qui lient la France avec ses anciennes colonies (en plus d’accords politiques, militaires et de défense), des accords sur les matières premières stratégiques (pétrole, uranium, phasphate…) assurant un accès exclusif aux entreprises françaises, des prix des matières premières fixés par la France, en dessous des cours mondiaux, une aide dite « liée » : la France finançant des projets d’aménagement à condition que leur mise en œuvre échoit aux entreprises françaises, le Franc Cfa qui permet de contrôler les politiques monétaires des pays de la zone franc, des interventions plus ou moins directes lorsque les intérêts français sont menacés : assassinat d’Olympio au Togo en 1963 qui voulait sortir de la zone Franc. Coup d’Etat contre Amani Diori au Niger en 1974 qui voulait revaloriser le prix de l’uranium. Financement de la guerre au Congo-Brazzaville en 1997 et renversement de Lissouba qui voulait renégocier le prix du pétrole, des économies africaines spécialisées dans l’exportation de matières premières avec absence de transformation sur place, la captation des marchés africains grâce aux Plans d’ajustement structurels du Fmi qui poussent à la libération des économies, la signature d’Accords de partenariat économique (Ape) avec l’Ue qui favorisent l’ouverture des frontières aux produits européens bénéficiant parfois de subventions de l’Ue (concurrence déloyale).

La spirale de la dette qui est gérée par le « Club de Paris » (NB. Il est clair pour Africamaat que c’est l’Europe et en particulier la France qui est débitrice. La «dette » n’est pas africaine mais européenne, et surtout française : esclavage, razzias négrières, colonialisme, néo-colonialisme, françafrique, mafiafrique)
« Economiquement, la France n’a pas besoin de l’Afrique » ?

Contrairement à la déclaration de Nicolas Sarkozy, l’Afrique représente une part non négligeable dans le commerce extérieur français. Les chiffres, Afrique = 5,5% des exportations et 4,5% des importations françaises, ne permettent pas d’avoir une vision globale pour mesurer l’importance de l’Afrique pour les entreprises françaises. Le volume des échanges ne rend pas, par exemple, compte de leur rentabilité. Ainsi en 2000, les entreprises françaises ont réalisé presque autant de bénéfices sur les exportations à destination de l’Afrique (40 milliards de francs) que sur les exportations vers les Usa (50 milliards de francs) pour un volume d’exportation quatre fois inférieur (150 milliards de francs contre 600). La rentabilité serait de 5% seulement dans l’eau potable, autrefois très profitable, mais de 13 à 15% dans l’électricité et de 20 à 25% dans les télécommunications.
L’équipe de Sarkozy à l’assaut des marchés africains.

La vente, chapeautée par Nicolas Sarkozy, d’un réacteur nucléaire au dictateur libyen Mouammar Kadhafi, l’inauguration d’une nouvelle plate-forme pétrolière Total au Congo par Alain Joyandet, ou encore la visite de Nicolas Sarkozy en Angola (mai 2008) ont rythmé la « diplomatie business ». Premier producteur de pétrole brut africain, cinquième producteur mondial de diamants, l’Angola avec plus de 24% de croissance en 2007, représente sans aucun doute pour Nicolas Sarkozy, un partenaire de choix pour la France. Autour du président en visite officielle, une délégation « diplomatique » composée d’une kyrielle de grands patrons venus signer des contrats pour une prédation à la française, très diversifiée : Total pour le pétrole, Thalès pour les télécommunications, Castel et ses brasseries. Egalement du voyage : la Société générale, Air France et bien sûr le groupe Bolloré.

Les poids lourds du Cac 40 ou les plus grandes fortunes de France sont présents en Afrique : B. Arnault (Lvmh), Bouygues, Bolloré, Pinault (Cfao), Seillière (Bureau Véritas), J. Saadé (Cma-Cgm), R. Zaleski (Eramet), Lafarge, Total, Technip, Vinci, Véolia, Bnp Paribas, Natexis, Crédit agricole, Alcatel, Gaz de France, Michelin, Alstom, Air-France-Klm, … liste non exhaustive à laquelle il faudrait rajouter les marchands d’armes par exemple.

La Chine sauvera-t-elle le capitalisme ?

Le 14 octobre 2009 par Christophe Bys

Aux Etats-Unis, on commence à parler de grande récession pour évoquer la contraction brutale de l’activité consécutive à l’effondrement boursier de l’automne dernier. Un seul chiffre pour en résumer l’ampleur : ce sont 7,6 millions d’emplois qui ont été détruits durant celle-ci. Si on en croît la majorité des économistes de l’association nationale des économistes d’entreprises des Etats-Unis, il faudra attendre 2012 pour que tous les chômeurs aient retrouvés un emploi (un tiers des économistes de la même association prévoient que ce n’est qu’en 2013 que l’effet de la grande récession sera effacée en matière d’emploi). De quoi inquiéter l’exécutif et le législatif américain, qui se présenteront devant leurs électeurs d’ici là.

PRUDENCE À MATIGNON

La récession est terminée, la croissance devrait repartir doucement, mais elle devrait repartir. A commencer par la production industrielle en France qui a confirmé en août le début de redressement de juillet. La tendance est confirmée par l’OCDE qui vient de publier ses indicateurs avancés. A noter : la France et l’Italie sont les deux pays qui pourraient connaître une phase de « croissance potentielle ».

Tout en prudence, le premier Ministre François Fillon évoque un taux de croissance de 1 % en 2010. Il est vrai qu’on peut se demander s’il fait de l’analyse économique ou de la politique en modérant le taux de croissance à venir. Le gouvernement n’a pas intérêt à annoncer trop vite que la situation s’améliore. S’il veut pouvoir mener à bien ses réformes – et notamment celles qui font grincer des dents comme la taxe professionnelle ou la taxe carbone – il a intérêt à présenter une prévision prudente. Si, dans les faits, la croissance en 2010 dépasse la prévision, ce sera double récompense : il pourra toujours expliquer que la reprise plus forte qu’anticipée est le fruit de l’action gouvernementale, et profiter du regain de l’activité.

Nous n’en sommes encore pas là. Et des indicateurs laissent douter de la solidité de la reprise à venir. Ainsi en est-il des défaillances d’entreprises : elles ont crû de 12 % entre juillet et septembre 2009 par rapport à la même période de l’année précédente. Certes le rythme se tasse, mais il reste quand même assez élevé. Parmi les raisons les plus fréquentes, on trouve des problèmes de trésorerie consécutifs à la défaillance d’un client ou une structure financière incertaine.

LES PRIX BAISSENT : MAUVAISE NOUVELLE ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la baisse des prix n’est pas une bonne nouvelle. Surtout si elle s’installe dans la durée. Pire qu’une spirale inflationniste ? Une spirale déflationniste, et inversement. De ce côté, les évolutions méritent d’être observées de prés. Certes, les marchés financiers ont connu une période de hausse l’été dernier. Pourtant, par rapport à l’avant-krach, le prix des actifs financiers est en retrait. Côté logement, les prix de l’ancien continuent de baisser. Le président de la FNAIM prévoit un recul de 7 à 8 % pour 2009. Et les prix à la consommation ? Il serait exagéré de dire qu’ils ont baissé. En un an, d’après l’Insee, ils reculent de 0,4 %, ce qui correspond à une forme de stabilité. Ce n’est pas la modération salariale à venir qui risque d’alimenter la future croissance des prix...

Les matières premières méritent davantage d’attention. (On ne saurait conseiller la lecture régulière de nos confrères d’Indices et cotations). Ainsi, dans son bulletin mensuel, l’Opep prévoit d’augmenter quelque peu sa production en en 2009 (84,2 millions de barils ) et 2010 (84,9 Moins de barils). La demande de brut serait alimentée par la Chine, le Moyen Orient, l’Inde ou l’Amérique latine.

Que l’un des derniers pays où le Parti Communiste est aux manettes, sauve l’économie mondiale de la déflation, ce doit être ça que le philosophe allemand, Hegel, appelait une « ruse de l’Histoire »…

mercredi 14 octobre 2009

La tension monte entre la RDC et l'Angola

LE POTENTIEL

Le pétrole est au cœur d'une crise entre la république démocratique du Congo (RDC) et l'Angola, qui ont commencé mutuellement à expulser leurs ressortissants. Les deux Etats se disputent le contrôle de zones pétrolifères frontalières dans l'océan Atlantique. La tension est montée d'un cran depuis qu'en mai la RDC a déposé aux Nations unies une demande de reconnaissance des frontières maritimes. Le projet de construction d'un port en eau profonde à Banana par la RDC n'a fait qu'attiser la colère du côté angolais.

Les townships sont de nouveau en ébullition en Afrique du Sud

BUSINESS DAY

La police sud-africaine a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les habitants des townships qui manifestent depuis la fin septembre dans la région de Mpumalanga (nord-est). Ils réclament de nouveau de meilleures conditions de vie et l'amélioration des services publics, promis par le président Jacob Zuma. Le mouvement est en train de gagner d'autres townships, dont celui de Palm Ridge, à l'est de Johannesburg, où des incidents violents ont éclaté le 12 octobre.

dimanche 11 octobre 2009

«L’Afrique peut jouer un rôle déterminant dans toute l’industrie de demain»

08-10-2009 | Les Afriques

L’Afrique détient au moins dix matières premières hautement stratégiques pour le développement des industries de demain. Des matières premières dont ses gouvernants ignorent l’essentiel, mais dont ses concurrents savent tout.

Notre bureau exploite une banque de données d’intelligence économique dotée d’un logiciel qui se connecte en back-office à des bases de données thématiques. Cette banque de données contient des informations structurées sur les 53 Etats d’Afrique. Elle inventorie douze familles de gisements, soit 10 000 types de matières premières et de produits dérivés.

Quand la carte africaine des gisements des matières premières hautement stratégiques est superposée avec la carte politique de ce continent, apparaît une parfaite concordance entre la localisation des conflits les plus meurtriers et ces gisements.

Ces produits sont géolocalisés, avec la précision du GPS, dans 10 millions de gisements offshore et onshore répartis sur 1000 provinces, 2000 départements, 6000 communes et plus de 40 000 villages africains. Sur ces 10 millions de gisements de matières premières, 100 000 sont titrés, ce qui signifie que seulement 1% des gisements prouvés par la télédétection satellitale sont développés à ce jour. 99% des gisements prouvés par la télédétection restent encore à développer. Chiffres auxquels il faut ajouter des millions de gisements offshore et onshore probables et possibles, qui ne sont pas encore explorés, ni prospectés, ni développés sur le continent à ce jour !

Dix matières premières hautement stratégiques

Dans notre banque de données, nous identifions dix matières premières qui joueront un rôle stratégique dans les vingt prochaines années et qui feront de l’Afrique un fournisseur incontournable ! Il s’agit des métaux de terres rares suivants : le niobium, communément appelé columbium, le tantale, le tungstène, le titane, l’uranium, le thorium, le cérium, l’yttrium, le lithium et le lanthane.

Pourquoi ces dix matières premières sont-elles hautement stratégiques ? Parce qu’elles jouent un rôle déterminant dans toute l’industrie de demain : l’armement, l’environnement, la nanotechnologie, l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication, la biologie, la médecine, la chimie judiciaire, la biométrie, la chimie agricole, pharmaceutique et alimentaire…

Juste un petit exemple, l’industrie des voitures électriques ne se développera pas si les gisements de lithium africain ne l’approvisionnent pas. Ceci est aussi valable pour la production de l’électricité dans les centrales nucléaires en Europe, qui dépendent à plus de 60% des gisements africains d’uranium. Pendant ce temps, des millions d’Africains vivent dans l’obscurité sans que cela ne choque personne.

Le concept des « produits stratégiques » fut utilisé pour la première fois par le Pentagone, aux Etats-Unis, suite aux pénuries enregistrées dans la chaîne d’approvisionnement de l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Depuis lors, le Pentagone, la NASA et le bureau de l’United State of Geology, qui dépend du Ministère de l’intérieur des USA, gèrent une nomenclature des produits désignés comme « hautement stratégiques » pour la défense des Etats-Unis d’Amérique.

Etant donné que les pays d’Afrique sont dépourvus des laboratoires spécialisés dans différentes branches des sciences de la nature, ces matières premières ne présentent aucun intérêt particulier pour nos gouvernants. Et tout concoure à ce que cette ignorance perdure. Les partenaires occidentaux de l’Afrique participent à la pérennisation du sous-développement des économies africaines, en sous-valorisant la valeur marchande de ces matières premières hautement stratégiques et en supportant une classe politique plus soucieuse de son propre avenir que de celui des siens.

Une stratégie discriminatoire

Ce n’est pas pour rien si les acteurs qui opèrent dans la chaîne des valeurs des matières premières d’Afrique achètent depuis des années des produits hautement valorisables à vil prix, sans que cela ne choque personne. Une simple analyse d’intelligence économique décode facilement la stratégie discriminatoire qui lèse les intérêts africains :

Les Accords de partenariat économique (APE), en négociation entre les pays africains et l’Union européenne, contiennent des germes de conflits d’intérêts qui hypothèquent sérieusement l’avenir économique de l’Afrique, de part l’asymétrie d’informations entre les deux parties. Comment nos gouvernants peuvent-ils négocier des intérêts africains dont ils ignorent l’essentiel, mais que leurs concurrents connaissent, eux, parfaitement ?

Un autre volet des scénarios qui hypothèquent l’avenir économique de ce continent se joue à Washington, au sein des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI). L’organisation américaine Government Accountability Project (www.whistleblower.org) dénonce un think tank proche des néoconservateurs les plus extrémistes, très introduit dans les institutions de Bretton Woods, qui légitime une stratégie permettant, depuis de nombreuses années, de dévaloriser les matières premières et les produits dérivés de notre continent sur les marchés internationaux, en considérant les 53 Etats d’Afrique comme des Pays pauvres très endettés (PPTE). Notre tracker d’intelligence d’économique à tracé le discours de ce think tank dont l’analyse sémantique rapproche son idéologie des écrits afrikaners de l’extrême droite raciste sud africaine.

Comment est-ce que des Etats qui regorgent de plus de 10 millions de gisements de matières premières hautement stratégiques peuvent-ils être considérés par des fonctionnaires zélés comme des pays pauvres ? Que vient faire une sémantique raciste dans la périphérie immédiate d’organisations comme la Banque Mondiale et le FMI ?

Si l’Afrique veut que ses entreprises profitent sereinement de ses matières premières stratégiques dans les vingt prochaines années, elle va devoir faire face, aussi unie que possible, à cette réalité tenace, servie par des intérêts cyniques et puissants.

Proposer des scénarios plausibles

Une simulation de l’avenir du commerce des matières premières stratégiques de l’Afrique que nous avons faite nous permet de proposer des scénarios plausibles, qui pourront être utiles aux décideurs africains qui élaboreront les politiques de demain. Ces scénarios esquissés donnent beaucoup à réfléchir, parce qu’ils cherchent à identifier les logiques profondes qui gouvernent les choix politiques et économiques des partenaires extérieurs actuels des 53 Etats d’Afrique. Nous constatons que ceux-ci appréhendent l’Afrique comme un enjeu de la compétition et non comme un espace où vivent des êtres humains qui ont plein droit à une vie décente et un avenir harmonieux sur leur propre sol. En témoigne le cynisme qui entoure les crimes commis dans l’est de la RDC, où se joue l’approvisionnement de l’industrie de l’informatique et de la téléphonie en terres rares, tungstène, niobium, tantale, titane, uranium…

Selon cette simulation, que notre bureau d’ingénieur-conseil Africommodities à réalisée en laboratoire, quand la carte africaine des gisements des matières premières hautement stratégiques est superposée avec la carte politique de ce continent, apparaît une parfaite concordance entre la localisation de conflits les plus meurtriers et ces gisements : c’est le cas de l’est de la République Démocratique du Congo, du Darfour, du Tchad, du Sud Soudan, du Sahara, de la Somalie, du golfe de Guinée, du golfe d’Aden, etc.

Il faut se battre

L’avenir de l’Afrique ne doit pas non plus être considéré comme déjà écrit à l’avance. Les scénarios que nous avons modélisés en laboratoire, en combinant des calculs mathématiques à la stratégie, nous suggèrent que les leaders africains doivent prendre conscience des pièges qui se dessinent sur leur route. Toutefois, il n’y a pas de forces surnaturelles qui condamnent ce continent à l’échec. Ce qui adviendra de l’Afrique au cours des vingt prochaines années dépend de ce que les Africains du continent et de la diaspora font ou ne font pas maintenant, feront ou ne feront pas demain. Quoi qu’il en soit, l’information aujourd’hui est à la portée de tous. Les stratèges africains ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas avertis pour se préparer à affronter le futur.