samedi 24 octobre 2009

Les appétits chinois sortent l’économie sud-africaine de la morosité

La crise financière internationale bénéficie à Pékin en Afrique du Sud. Les relations entre les deux pays se sont intensifiées durant le premier semestre de 2009. La Chine est désormais le premier client de la Nation arc-en-ciel. Une situation qui se confirme particulièrement dans le secteur minier.

Lorsque, fin 2008, les producteurs européens de fer ont commencé à réduire leur commande, la plupart des 4300 salariés de la mine de Sishen, qui exploite ce minerai dans la province sud-africaine du Northern Cape, se sont légitimement inquiétés pour leur emploi. Dix mois plus tard, cette anxiété n’est plus qu’un lointain souvenir.

Au cours de cette période, l’augmentation de 35% de la demande de l’insatiable industrie chinoise a permis de compenser le recul de 50% de celle de l’Europe, du Japon et de la Corée du Sud, victimes du choc de la récession. Les responsables de Kumba Iron Ore, filiale d’Anglo-American, propriétaire de la mine, envisagent à présent son développement.

Pour le syndicaliste Eddie Majadibodu, porte-parole des mineurs, cette nouvelle contraste singulièrement avec la situation d’un secteur, gagné depuis plusieurs mois par la morosité à l’image de l’industrie du platinium où des milliers d’emplois ont été détruits. « Nous avons été préoccupés, mais l'entreprise se porte bien à présent », explique-t-il.

Premier importateur de produits sud-africains

Kumba n’est pas la seule société à bénéficier du renforcement des relations entre l’Afrique du Sud et la Chine. Au cours du premier semestre de 2009, alors que les exportations sud-africaines vers l’Allemagne, le Royaume uni, le Japon et les Etats-Unis plongeaient, la Chine a également augmenté ses commandes de chrome et autres matières premières.

Dernier signe en date de l’intensification de ces échanges, Pékin est aujourd’hui la première destination pour les exportations sud-africaines. Il y encore un an, l’Empire du Milieu ne se situait qu’au cinquième rang. Ce nouveau statut de premier partenaire n’est d’ailleurs pas sans rapport avec l’intérêt croissant de la Chine pour l’Afrique. Des industries comme le textile ou les composants électroniques sont autant de débouchés pour la place sud-africaine. (…)

Forte présence

Selon les banquiers, les investisseurs chinois devraient prendre dans les prochains mois des participations dans des mines locales, particulièrement celles qui comme les juniors sous-capitalisées ont souffert de la chute brutale de leur commande l'an passé.

« Il y a de plus en plus de prospections. Nous recevons un à deux investisseurs potentiels par semaine », explique un banquier de Johannesburg. Plus généralement, les communications et les infrastructures de transport font de l’Afrique du Sud un pays attractif pour abriter les filiales des groupes chinois opérant dans la région. Un des plus importants groupes commercial a récemment ouvert une représentation dans la ville de Cape Town pour soutenir un projet de plusieurs millions de dollars en Angola.

Pour d’autres observateurs cependant, la relation entre les deux pays ne se développera pas aussi vite qu’on pourrait le croire. Certains banquiers pointent les problèmes logistiques et les difficultés des entreprises chinoises à se financer en dehors de leur pays.

En outre, la Chine s’est déjà heurtée à des résistances tant politiques que culturelles sur le continent. Et il y a de grandes chances pour que cela se reproduise. Il y a trois ans, l’ancien président Thabo Mbeki avait mis en garde contre le caractère "colonialiste" de cette relation tout en encourageant son gouvernement à imposer temporairement , en 2007 et 2008, des quotas sur les importations de textile chinois. « Ils ne sont pas toujours accueillis les bras ouverts », ironise un banquier.

A court terme, la position dominante de Pékin dans l’économie sud-africaine devrait s’affaiblir avec le redémarrage de l’économie européenne. Mais ces liens ne peuvebnt que se renforcer sur le long terme.

Source: Financial Times et jeuneafrique.com

samedi 17 octobre 2009

Afrique-Inde : Bill Gates offre 120 millions de dollars pour le développement agricole

15/10/2009 | AFP

Bill Gates doit annoncer ce jeudi un don de 120 millions de dollars à destination de l'Afrique et de l'Inde. Les fonds seront affectés à des projets de développement de la sécurité alimentaire.

Le fondateur de Microsoft et philanthrope américain Bill Gates doit annoncer jeudi un don de 120 millions de dollars destiné au développement de la sécurité alimentaire en Afrique et en Inde, selon une organisation de développement bénéficiaire.

Bill Gates doit faire l'annonce de cette initiative en personne jeudi lors d'un Symposium pour le Prix Mondial de l'Alimentation à Des Moines (Iowa, centre).

Plusieurs projets de développement agricole, atteignant un montant de 120 millions de dollars financés par la fondation Bill Gates, visent à s'attaquer au problème de la sécurité alimentaire à long terme, selon l'organisation de développement Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA), l'une des organisations bénéficiaires.

15 millions pour l'AGRA

L'AGRA a annoncé recevoir une bourse de 15 millions de dollars pour soutenir des politiques agricoles dans cinq pays africains: l'Ethiopie, le Ghana, le Mali, le Mozambique et la Tanzanie.

Selon les Nations unies, un milliard d'habitants souffrent de la faim dans le monde. La Fondation de Bill Gates, l'homme le plus riche du monde, a un budget de 3,8 milliards de dollars pour la seule année 2009.

"A la différence des fermiers du reste du monde, les fermiers africains, dont la majorité sont des femmes, ne reçoivent littéralement aucun soutien de leurs gouvernements", a rappelé Kofi Annan, président du Conseil de l'AGRA et ancien secrétaire général des Nations Unies.

Projets très diversifiés

Les autres projets financés par la Fondation Gates, selon les informations du directeur adjoint du développement de la fondation, Roy Steiner, concernent le Kenya, le Malawi, la Zambie, l'Ouganda et l'Inde.

Ils concernent des secteurs aussi divers que la recherche dans les cultures maraîchères (19 millions de dollars), la promotion de la patate douce, la diversification des céréales, le développement d'un réseau radio pour fermiers ou l'encouragement de liens entre marchés et écoles. En Inde, la Fondation Gates financera un projet de gestion des eaux à l'intention de la population féminine.

jeudi 15 octobre 2009

Exploitation : Comment les entreprises françaises pillent l’Afrique

Mercredi 14 octobre 2009 | Le Messager

La colonisation de l’Afrique avait notamment pour objectif l’exploitation des matières premières du continent qui, transformées en métropole (NB. Africamaat a l’habitude d’éviter ce mot « métropole » et lui préfère « France hexagonale »), permettaient la satisfaction des besoins de celle-ci et l’enrichissement de ses entreprises, tout en procurant à ces dernières d’importants débouchés. Si nombre de leaders indépendantistes ont remis en cause ce « pacte colonial », l’Etat français a tout fait pour torpiller ces revendications et progressivement créer les conditions institutionnelles du maintien de la tutelle économique sur les Etats nouvellement indépendants et ainsi préserver les sources d’approvisionnement des entreprises françaises. « Notre ligne de conduite, c’est celle qui sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. Quels sont nos intérêts ? Nos intérêts, c’est la libre exploitation du pétrole et du gaz que nous avons découvert ou que nous découvrirons » e Gaulle, le 5 septembre 1961. Hier comme aujourd’hui, il y a une association étroite entre la haute administration française et l’oligarchie financière : l’homme politique et l’homme d’affaires.

La perpétuation du « pacte colonial » repose depuis 1960 sur : la mise à la tête des pays africains de dirigeants fidèles à la France et qui partagent avec elle la rente liée à l’aide au développement et au pillage des ressources naturelles, des accords de coopération économique, financière et monétaire qui lient la France avec ses anciennes colonies (en plus d’accords politiques, militaires et de défense), des accords sur les matières premières stratégiques (pétrole, uranium, phasphate…) assurant un accès exclusif aux entreprises françaises, des prix des matières premières fixés par la France, en dessous des cours mondiaux, une aide dite « liée » : la France finançant des projets d’aménagement à condition que leur mise en œuvre échoit aux entreprises françaises, le Franc Cfa qui permet de contrôler les politiques monétaires des pays de la zone franc, des interventions plus ou moins directes lorsque les intérêts français sont menacés : assassinat d’Olympio au Togo en 1963 qui voulait sortir de la zone Franc. Coup d’Etat contre Amani Diori au Niger en 1974 qui voulait revaloriser le prix de l’uranium. Financement de la guerre au Congo-Brazzaville en 1997 et renversement de Lissouba qui voulait renégocier le prix du pétrole, des économies africaines spécialisées dans l’exportation de matières premières avec absence de transformation sur place, la captation des marchés africains grâce aux Plans d’ajustement structurels du Fmi qui poussent à la libération des économies, la signature d’Accords de partenariat économique (Ape) avec l’Ue qui favorisent l’ouverture des frontières aux produits européens bénéficiant parfois de subventions de l’Ue (concurrence déloyale).

La spirale de la dette qui est gérée par le « Club de Paris » (NB. Il est clair pour Africamaat que c’est l’Europe et en particulier la France qui est débitrice. La «dette » n’est pas africaine mais européenne, et surtout française : esclavage, razzias négrières, colonialisme, néo-colonialisme, françafrique, mafiafrique)
« Economiquement, la France n’a pas besoin de l’Afrique » ?

Contrairement à la déclaration de Nicolas Sarkozy, l’Afrique représente une part non négligeable dans le commerce extérieur français. Les chiffres, Afrique = 5,5% des exportations et 4,5% des importations françaises, ne permettent pas d’avoir une vision globale pour mesurer l’importance de l’Afrique pour les entreprises françaises. Le volume des échanges ne rend pas, par exemple, compte de leur rentabilité. Ainsi en 2000, les entreprises françaises ont réalisé presque autant de bénéfices sur les exportations à destination de l’Afrique (40 milliards de francs) que sur les exportations vers les Usa (50 milliards de francs) pour un volume d’exportation quatre fois inférieur (150 milliards de francs contre 600). La rentabilité serait de 5% seulement dans l’eau potable, autrefois très profitable, mais de 13 à 15% dans l’électricité et de 20 à 25% dans les télécommunications.
L’équipe de Sarkozy à l’assaut des marchés africains.

La vente, chapeautée par Nicolas Sarkozy, d’un réacteur nucléaire au dictateur libyen Mouammar Kadhafi, l’inauguration d’une nouvelle plate-forme pétrolière Total au Congo par Alain Joyandet, ou encore la visite de Nicolas Sarkozy en Angola (mai 2008) ont rythmé la « diplomatie business ». Premier producteur de pétrole brut africain, cinquième producteur mondial de diamants, l’Angola avec plus de 24% de croissance en 2007, représente sans aucun doute pour Nicolas Sarkozy, un partenaire de choix pour la France. Autour du président en visite officielle, une délégation « diplomatique » composée d’une kyrielle de grands patrons venus signer des contrats pour une prédation à la française, très diversifiée : Total pour le pétrole, Thalès pour les télécommunications, Castel et ses brasseries. Egalement du voyage : la Société générale, Air France et bien sûr le groupe Bolloré.

Les poids lourds du Cac 40 ou les plus grandes fortunes de France sont présents en Afrique : B. Arnault (Lvmh), Bouygues, Bolloré, Pinault (Cfao), Seillière (Bureau Véritas), J. Saadé (Cma-Cgm), R. Zaleski (Eramet), Lafarge, Total, Technip, Vinci, Véolia, Bnp Paribas, Natexis, Crédit agricole, Alcatel, Gaz de France, Michelin, Alstom, Air-France-Klm, … liste non exhaustive à laquelle il faudrait rajouter les marchands d’armes par exemple.

La Chine sauvera-t-elle le capitalisme ?

Le 14 octobre 2009 par Christophe Bys

Aux Etats-Unis, on commence à parler de grande récession pour évoquer la contraction brutale de l’activité consécutive à l’effondrement boursier de l’automne dernier. Un seul chiffre pour en résumer l’ampleur : ce sont 7,6 millions d’emplois qui ont été détruits durant celle-ci. Si on en croît la majorité des économistes de l’association nationale des économistes d’entreprises des Etats-Unis, il faudra attendre 2012 pour que tous les chômeurs aient retrouvés un emploi (un tiers des économistes de la même association prévoient que ce n’est qu’en 2013 que l’effet de la grande récession sera effacée en matière d’emploi). De quoi inquiéter l’exécutif et le législatif américain, qui se présenteront devant leurs électeurs d’ici là.

PRUDENCE À MATIGNON

La récession est terminée, la croissance devrait repartir doucement, mais elle devrait repartir. A commencer par la production industrielle en France qui a confirmé en août le début de redressement de juillet. La tendance est confirmée par l’OCDE qui vient de publier ses indicateurs avancés. A noter : la France et l’Italie sont les deux pays qui pourraient connaître une phase de « croissance potentielle ».

Tout en prudence, le premier Ministre François Fillon évoque un taux de croissance de 1 % en 2010. Il est vrai qu’on peut se demander s’il fait de l’analyse économique ou de la politique en modérant le taux de croissance à venir. Le gouvernement n’a pas intérêt à annoncer trop vite que la situation s’améliore. S’il veut pouvoir mener à bien ses réformes – et notamment celles qui font grincer des dents comme la taxe professionnelle ou la taxe carbone – il a intérêt à présenter une prévision prudente. Si, dans les faits, la croissance en 2010 dépasse la prévision, ce sera double récompense : il pourra toujours expliquer que la reprise plus forte qu’anticipée est le fruit de l’action gouvernementale, et profiter du regain de l’activité.

Nous n’en sommes encore pas là. Et des indicateurs laissent douter de la solidité de la reprise à venir. Ainsi en est-il des défaillances d’entreprises : elles ont crû de 12 % entre juillet et septembre 2009 par rapport à la même période de l’année précédente. Certes le rythme se tasse, mais il reste quand même assez élevé. Parmi les raisons les plus fréquentes, on trouve des problèmes de trésorerie consécutifs à la défaillance d’un client ou une structure financière incertaine.

LES PRIX BAISSENT : MAUVAISE NOUVELLE ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la baisse des prix n’est pas une bonne nouvelle. Surtout si elle s’installe dans la durée. Pire qu’une spirale inflationniste ? Une spirale déflationniste, et inversement. De ce côté, les évolutions méritent d’être observées de prés. Certes, les marchés financiers ont connu une période de hausse l’été dernier. Pourtant, par rapport à l’avant-krach, le prix des actifs financiers est en retrait. Côté logement, les prix de l’ancien continuent de baisser. Le président de la FNAIM prévoit un recul de 7 à 8 % pour 2009. Et les prix à la consommation ? Il serait exagéré de dire qu’ils ont baissé. En un an, d’après l’Insee, ils reculent de 0,4 %, ce qui correspond à une forme de stabilité. Ce n’est pas la modération salariale à venir qui risque d’alimenter la future croissance des prix...

Les matières premières méritent davantage d’attention. (On ne saurait conseiller la lecture régulière de nos confrères d’Indices et cotations). Ainsi, dans son bulletin mensuel, l’Opep prévoit d’augmenter quelque peu sa production en en 2009 (84,2 millions de barils ) et 2010 (84,9 Moins de barils). La demande de brut serait alimentée par la Chine, le Moyen Orient, l’Inde ou l’Amérique latine.

Que l’un des derniers pays où le Parti Communiste est aux manettes, sauve l’économie mondiale de la déflation, ce doit être ça que le philosophe allemand, Hegel, appelait une « ruse de l’Histoire »…

mercredi 14 octobre 2009

La tension monte entre la RDC et l'Angola

LE POTENTIEL

Le pétrole est au cœur d'une crise entre la république démocratique du Congo (RDC) et l'Angola, qui ont commencé mutuellement à expulser leurs ressortissants. Les deux Etats se disputent le contrôle de zones pétrolifères frontalières dans l'océan Atlantique. La tension est montée d'un cran depuis qu'en mai la RDC a déposé aux Nations unies une demande de reconnaissance des frontières maritimes. Le projet de construction d'un port en eau profonde à Banana par la RDC n'a fait qu'attiser la colère du côté angolais.

Les townships sont de nouveau en ébullition en Afrique du Sud

BUSINESS DAY

La police sud-africaine a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les habitants des townships qui manifestent depuis la fin septembre dans la région de Mpumalanga (nord-est). Ils réclament de nouveau de meilleures conditions de vie et l'amélioration des services publics, promis par le président Jacob Zuma. Le mouvement est en train de gagner d'autres townships, dont celui de Palm Ridge, à l'est de Johannesburg, où des incidents violents ont éclaté le 12 octobre.

dimanche 11 octobre 2009

«L’Afrique peut jouer un rôle déterminant dans toute l’industrie de demain»

08-10-2009 | Les Afriques

L’Afrique détient au moins dix matières premières hautement stratégiques pour le développement des industries de demain. Des matières premières dont ses gouvernants ignorent l’essentiel, mais dont ses concurrents savent tout.

Notre bureau exploite une banque de données d’intelligence économique dotée d’un logiciel qui se connecte en back-office à des bases de données thématiques. Cette banque de données contient des informations structurées sur les 53 Etats d’Afrique. Elle inventorie douze familles de gisements, soit 10 000 types de matières premières et de produits dérivés.

Quand la carte africaine des gisements des matières premières hautement stratégiques est superposée avec la carte politique de ce continent, apparaît une parfaite concordance entre la localisation des conflits les plus meurtriers et ces gisements.

Ces produits sont géolocalisés, avec la précision du GPS, dans 10 millions de gisements offshore et onshore répartis sur 1000 provinces, 2000 départements, 6000 communes et plus de 40 000 villages africains. Sur ces 10 millions de gisements de matières premières, 100 000 sont titrés, ce qui signifie que seulement 1% des gisements prouvés par la télédétection satellitale sont développés à ce jour. 99% des gisements prouvés par la télédétection restent encore à développer. Chiffres auxquels il faut ajouter des millions de gisements offshore et onshore probables et possibles, qui ne sont pas encore explorés, ni prospectés, ni développés sur le continent à ce jour !

Dix matières premières hautement stratégiques

Dans notre banque de données, nous identifions dix matières premières qui joueront un rôle stratégique dans les vingt prochaines années et qui feront de l’Afrique un fournisseur incontournable ! Il s’agit des métaux de terres rares suivants : le niobium, communément appelé columbium, le tantale, le tungstène, le titane, l’uranium, le thorium, le cérium, l’yttrium, le lithium et le lanthane.

Pourquoi ces dix matières premières sont-elles hautement stratégiques ? Parce qu’elles jouent un rôle déterminant dans toute l’industrie de demain : l’armement, l’environnement, la nanotechnologie, l’aéronautique, les technologies de l’information et de la communication, la biologie, la médecine, la chimie judiciaire, la biométrie, la chimie agricole, pharmaceutique et alimentaire…

Juste un petit exemple, l’industrie des voitures électriques ne se développera pas si les gisements de lithium africain ne l’approvisionnent pas. Ceci est aussi valable pour la production de l’électricité dans les centrales nucléaires en Europe, qui dépendent à plus de 60% des gisements africains d’uranium. Pendant ce temps, des millions d’Africains vivent dans l’obscurité sans que cela ne choque personne.

Le concept des « produits stratégiques » fut utilisé pour la première fois par le Pentagone, aux Etats-Unis, suite aux pénuries enregistrées dans la chaîne d’approvisionnement de l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Depuis lors, le Pentagone, la NASA et le bureau de l’United State of Geology, qui dépend du Ministère de l’intérieur des USA, gèrent une nomenclature des produits désignés comme « hautement stratégiques » pour la défense des Etats-Unis d’Amérique.

Etant donné que les pays d’Afrique sont dépourvus des laboratoires spécialisés dans différentes branches des sciences de la nature, ces matières premières ne présentent aucun intérêt particulier pour nos gouvernants. Et tout concoure à ce que cette ignorance perdure. Les partenaires occidentaux de l’Afrique participent à la pérennisation du sous-développement des économies africaines, en sous-valorisant la valeur marchande de ces matières premières hautement stratégiques et en supportant une classe politique plus soucieuse de son propre avenir que de celui des siens.

Une stratégie discriminatoire

Ce n’est pas pour rien si les acteurs qui opèrent dans la chaîne des valeurs des matières premières d’Afrique achètent depuis des années des produits hautement valorisables à vil prix, sans que cela ne choque personne. Une simple analyse d’intelligence économique décode facilement la stratégie discriminatoire qui lèse les intérêts africains :

Les Accords de partenariat économique (APE), en négociation entre les pays africains et l’Union européenne, contiennent des germes de conflits d’intérêts qui hypothèquent sérieusement l’avenir économique de l’Afrique, de part l’asymétrie d’informations entre les deux parties. Comment nos gouvernants peuvent-ils négocier des intérêts africains dont ils ignorent l’essentiel, mais que leurs concurrents connaissent, eux, parfaitement ?

Un autre volet des scénarios qui hypothèquent l’avenir économique de ce continent se joue à Washington, au sein des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI). L’organisation américaine Government Accountability Project (www.whistleblower.org) dénonce un think tank proche des néoconservateurs les plus extrémistes, très introduit dans les institutions de Bretton Woods, qui légitime une stratégie permettant, depuis de nombreuses années, de dévaloriser les matières premières et les produits dérivés de notre continent sur les marchés internationaux, en considérant les 53 Etats d’Afrique comme des Pays pauvres très endettés (PPTE). Notre tracker d’intelligence d’économique à tracé le discours de ce think tank dont l’analyse sémantique rapproche son idéologie des écrits afrikaners de l’extrême droite raciste sud africaine.

Comment est-ce que des Etats qui regorgent de plus de 10 millions de gisements de matières premières hautement stratégiques peuvent-ils être considérés par des fonctionnaires zélés comme des pays pauvres ? Que vient faire une sémantique raciste dans la périphérie immédiate d’organisations comme la Banque Mondiale et le FMI ?

Si l’Afrique veut que ses entreprises profitent sereinement de ses matières premières stratégiques dans les vingt prochaines années, elle va devoir faire face, aussi unie que possible, à cette réalité tenace, servie par des intérêts cyniques et puissants.

Proposer des scénarios plausibles

Une simulation de l’avenir du commerce des matières premières stratégiques de l’Afrique que nous avons faite nous permet de proposer des scénarios plausibles, qui pourront être utiles aux décideurs africains qui élaboreront les politiques de demain. Ces scénarios esquissés donnent beaucoup à réfléchir, parce qu’ils cherchent à identifier les logiques profondes qui gouvernent les choix politiques et économiques des partenaires extérieurs actuels des 53 Etats d’Afrique. Nous constatons que ceux-ci appréhendent l’Afrique comme un enjeu de la compétition et non comme un espace où vivent des êtres humains qui ont plein droit à une vie décente et un avenir harmonieux sur leur propre sol. En témoigne le cynisme qui entoure les crimes commis dans l’est de la RDC, où se joue l’approvisionnement de l’industrie de l’informatique et de la téléphonie en terres rares, tungstène, niobium, tantale, titane, uranium…

Selon cette simulation, que notre bureau d’ingénieur-conseil Africommodities à réalisée en laboratoire, quand la carte africaine des gisements des matières premières hautement stratégiques est superposée avec la carte politique de ce continent, apparaît une parfaite concordance entre la localisation de conflits les plus meurtriers et ces gisements : c’est le cas de l’est de la République Démocratique du Congo, du Darfour, du Tchad, du Sud Soudan, du Sahara, de la Somalie, du golfe de Guinée, du golfe d’Aden, etc.

Il faut se battre

L’avenir de l’Afrique ne doit pas non plus être considéré comme déjà écrit à l’avance. Les scénarios que nous avons modélisés en laboratoire, en combinant des calculs mathématiques à la stratégie, nous suggèrent que les leaders africains doivent prendre conscience des pièges qui se dessinent sur leur route. Toutefois, il n’y a pas de forces surnaturelles qui condamnent ce continent à l’échec. Ce qui adviendra de l’Afrique au cours des vingt prochaines années dépend de ce que les Africains du continent et de la diaspora font ou ne font pas maintenant, feront ou ne feront pas demain. Quoi qu’il en soit, l’information aujourd’hui est à la portée de tous. Les stratèges africains ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas avertis pour se préparer à affronter le futur.

Le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européennes, Pierre Lellouche, en visite à Djibouti

11 octobre 2009

Le Président djiboutien, Ismail Omar Guelleh s’est entretenu, samedi, avec le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Pierre Lellouche, en visite de travail de deux jours à Djibouti.

Cette visite vise à appuyer les initiatives prises par l’Union européenne dans la lutte contre la piraterie dans le Golfe d’Aden.

Au menu des discussions, la nécessité de renforcer les relations de coopération franco-djiboutiennes, notamment le volet militaire. Le dossier somalien qui préoccupe tant les deux pays a été aussi largement évoqué par les deux parties.

Sur ce sujet, la France par le biais de son chef de la diplomatie, Bernard Kouchner a invité ses partenaires de l’Union Européenne à participer à la formation de soldats somaliens à Djibouti.

Selon Paris, il s'agit avant tout de renforcer les capacités maritimes régionales ainsi que le soutien à l’AMISOM, la mission de l'Union africaine en Somalie.

Au cours d’une réunion de travail qu’il a eu dans cette même journée de samedi avec des officiels djiboutiens, le Secrétaire d’Etat français a assuré Djibouti de la collaboration pleine et entière de son pays pour examiner avec les partenaires européens de la France les possibilités pour l’Union Européenne de contribuer à la formation à Djibouti et à l’équipement des Gardes-côtes des pays de la région.

Un contingent fort de 500 hommes du gouvernement de transition somalien (TFG) se trouve actuellement sur le sol djiboutien pour une formation militaire. Cette formation est assurée par des militaires français.

Récemment, des sources indépendantes ont indiqué que la Russie est prête pour appuyer les autorités françaises dans ce genre de mission. Et coté français, on parle d’un vaste programme de formation qui toucherait quelque 3000 soldats du TFG.

Parmi les hautes personnalités qui accompagnent Lellouche dans ce déplacement, citons entre autres, le député Christian Ménard, auteur d’un rapport parlementaire sur la lutte contre la piraterie, et Arnaud Danjean, député européen, président de la sous-commission Défense et Sécurité du Parlement européen.

L’UE va accroître son soutien au profit des Seychelles

8 octobre 2009

L'Union européenne va accroître son soutien au programme de réforme économique des Seychelles, selon un accord signé jeudi.

L'accord a été signé au ministère des Affaires étrangères à Victoria par Vivianne Fock-Tav, l'ambassadeur des Seychelles auprès de l'UE, et Alessandro Mariani, le nouveau chef de la délégation de la Commission européenne aux Seychelles.

M. Mariani a déclaré que l'accord couvre la période allant jusqu'en 2013 et l'aide financière est passée de 5,9 millions à 8,4 millions d’euros.

Il a noté que, sur les 8,4 millions d’euros, 7,5 million d’euros seront disponibles pour le soutien budgétaire général et 0,9 million d’euro sera alloué au renforcement des capacités et la recherche liée à l'accord global de partenariat économique avec l'UE.

Le développement endogène en marche à La Réunion

Construire un projet réunionnais, par des Réunionnais, pour répondre à des défis réunionnais, et renforcer un large rassemblement autour de ce projet : ces deux conditions au développement endogène ont été rappelées lundi par Paul Vergès lors d’une rencontre avec la presse.

Taux de chômage en augmentation, manque de logements, persistance de l’illettrisme, coût de la vie trop élevé… notre île est touchée par des problèmes structurels. Alors que ces questions sont loin d’être réglées, La Réunion voit l’arrivée simultanée de trois nouveaux défis qui compliquent encore la situation.

C’est tout d’abord la croissance démographique. Entre aujourd’hui et 2025, la population de La Réunion connaîtra une augmentation de 25%. Il faut donc dès maintenant prévoir un cadre de vie et des emplois pour un million d’habitants. Or, alors qu’aujourd’hui nous ne sommes que 800.000, le chômage ne cesse d’augmenter : plus de 120.000 Réunionnais sont à la recherche d’un emploi, selon les données officielles de l’administration.

C’est ensuite la mondialisation des échanges. Elle s’effectue actuellement selon les directives de l’Organisation Mondiale du Commerce, appliquées par l’Union Européenne. Elle signifie la chute des protections dont peuvent bénéficier les économies vulnérables. Pour La Réunion, cela signifie que l’octroi de mer est attaqué. Or, l’octroi de mer est aujourd’hui l’ultime protection dont peuvent bénéficier nos entreprises face à la concurrence extérieure.

Des défis spécifiques

En effet, depuis le 29 août dernier, La Réunion est intégrée dans un espace de libre-échange bien plus vaste que l’Union Européenne. Il comprend désormais les pays de notre région qui ont un modèle social totalement différent et des coûts de production beaucoup moins élevés. Se pose alors la question de la survie de nos producteurs, concurrencés sur le marché réunionnais par ceux des pays voisins.

C’est enfin le changement climatique. Du fait de sa situation géographique, La Réunion est en pleine zone de cyclones. Le réchauffement de la mer est un facteur qui contribue à ces phénomènes extrêmes. Cela pose la question de la protection de la population face aux conséquences des cyclones. Or, jusqu’à présent, une seule rivière est endiguée jusqu’à son embouchure. La construction d’endiguement et le remplacement des radiers par des ponts sont des investissements très coûteux.

Comment faire pour rattraper ce retard d’équipements ?

Le changement climatique a aussi un impact sur une autre protection de La Réunion, sa barrière de corail. Que deviendra notre littoral s’il est directement attaqué par la houle de l’océan Indien ?
Ces contraintes démographiques, économiques et climatiques sont spécifiques à notre île. Aucune autre collectivité de la République n’est aussi durement frappée par le chômage, et aucune n’a à faire face à ces trois défis.

Privilégier le partenariat institutionnel

Devant cette situation, les élus qu’ont choisis les Réunionnais ont décidé de s’inscrire pleinement dans les États Généraux. Le Conseil général et la Région ne se sont pas contentés de donner un avis sur la synthèse des débats, les deux assemblées ont apporté une contribution conjointe. Cette contribution est désormais renforcée par l’adhésion de communes à ce texte. C’est le rassemblement le plus large autour des propositions réunionnaises qui est en train de s’opérer. Car pour arriver à concrétiser un plan de développement pour La Réunion, les propositions doivent être soutenues par au moins deux-tiers des Réunionnais, a déjà souligné Paul Vergès.

Construction d’un projet réunionnais par des Réunionnais pour répondre à des défis réunionnais, et construction d’un rassemblement très large pour adopter ce projet : deux conditions du développement endogène sont en train de se réaliser à La Réunion.

Ainsi, les Réunionnais sont les acteurs de leur développement.

Pour aller vers ce développement endogène, il est essentiel de sortir de la logique de l’affrontement et aller vers ce que le président de la Région appelle le partenariat institutionnel. Un partenariat où chacun contribue à la réalisation d’un objectif commun, décidé par les Réunionnais.

Manuel Marchal


L’ouverture implique une nouvelle économie

À l’époque coloniale, La Réunion entretenait des liens étroits et exclusifs avec sa métropole. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la mobilisation des Réunionnais autour d’un projet largement partagé aboutit à l’abolition du statut colonial. La fin de cette ère signifie pour La Réunion l’intégration de son économie à l’ensemble français.

De cette évolution découle la fin d’une partie de notre industrie, directement en concurrence avec les produits fabriqués en France, à un prix de revient bien moins élevé.

Du fait de l’adhésion de la République au Marché commun puis à l’Union Européenne, La Réunion est intégrée à un marché unique de plusieurs centaines de millions d’habitants. C’est avec ce marché européen que se font la plupart des échanges. Ainsi, plus de la moitié des importations viennent d’entreprises situées dans l’UE. Cette intégration offrait également une protection à nos producteurs, puisqu’ils étaient à l’intérieur des barrières imposées par l’Union Européenne. Tout change quand se mettent en place au niveau mondial des règles dictées par une idéologie ultra-libérale. Le mot d’ordre des dirigeants de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), c’est que le libre-échange favorisera le développement de tous. Pour La Réunion, une telle situation pourrait conduire exactement à l’inverse des proclamations : la ruine de nos dernières industries est une menace.

Pour appliquer les orientations de l’OMC, l’Union Européenne décide d’ouvrir l’intégralité de son marché aux produits fabriqués par nos voisins. Ces derniers sont fabriqués à un coût défiant toute concurrence, du fait d’un système social totalement différent. Et lorsque l’Union Européenne s’engage à ouvrir ses frontières à des pays à très faible coût de main d’œuvre, elle le fait au nom également de La Réunion, sans qu’aucun Réunionnais ne soit invité à la signature de l’accord donnant une portée juridique à cet engagement. Pourtant, à la différence des États membres de l’Union Européenne, La Réunion ne se situe pas à 10.000 kilomètres de Madagascar ou du Mozambique, mais dans le voisinage immédiat de ces pays.

Le résultat est une ouverture qui remet en cause toutes les pratiques développées depuis le début du peuplement de La Réunion. Désormais, l’application de l’Accord de partenariat économique intermédiaire signifie qu’à plus ou moins brève échéance, tous les secteurs productifs du pays sont susceptibles d’être concurrencés par des entreprises implantées dans les pays voisins.

La situation de La Réunion n’a donc plus rien à voir avec celle de 1946. À l’époque, un pays de 250.000 habitants commençait son intégration à l’ensemble français. 63 ans plus tard, c’est un pays de 800.000 habitants qui doit s’adapter à une intégration à un marché unique mondial. Cette ouverture sans précédent dans l’Histoire de notre pays signifie la création d’une nouvelle économie.

L’Ethiopie accueille un forum sur la coopération et l’intégration régionale

La sixième session de la Commission en charge du commerce, de la coopération et de l’intégration régionale (ICRT), aura lieu du 13 au 15 octobre 2009 en Ethiopie, a appris APA mercredi auprès des organisateurs

La Commission économique pour l’Afrique (CEA), organisateur du forum, a déclaré que les experts des ministères concernés et des acteurs majeurs dans le domaine de l’intégration régionale en Afrique se réuniront en Ethiopie pour discuter de la question.

La Commission en charge du commerce, de la coopération et de l’intégration régionale (ICRT) est l’une des organes subsidiaires de la Conférence des ministres de la CEA responsable de la coordination des activités liées au processus d’intégration économique en Afrique.

La session de cette année portera sur le thème « Intégrer l’intégration régionale au niveau national ».

« Les discussions vont porter sur comment les pays africains pourraient mieux traduire leur attachement à l’intégration régionale dans les politiques nationales. Articulée sur les expériences nationales et régionales, la rencontre aura également pour but de définir des recommandations politiques appropriées pour améliorer la mise en œuvre du programme d’intégration régionale », a noté la même source.

La sixième session de la CTRI se penchera également sur les derniers développements dans le domaine du commerce international, y compris le statut de l’agenda commercial multilatéral et les accords de partenariat économique (APE) entre les pays africains et l’Union européenne.

jeudi 8 octobre 2009

100 pays planchent sur la piraterie à Newport

Lutte contre la piraterie et changement climatique sont au menu du 19e sommet des puissances maritimes qui réunit à partir de mercredi plus de cent pays dont la Russie --mais pas la Chine-- dans une base navale américaine à Newport (Rhode Island, nord-est).

En guise de bienvenue, le secrétaire américain à la Marine, Ray Mabus, a plongé son auditoire d'amiraux au coeur d'une des conséquences de l'évolution climatique.

"Alors que l'Arctique sera bientôt ouvert une grande partie de l'année, les étudiants des écoles navales vont vivre dans un monde nouveau", a observé M. Mabus, qui s'exprimait devant ce forum qui se déroule durant trois jours dans l'enceinte du "US Naval War College", un centre de formation pour officiers de carrière situé sur une base navale.

"Il faut prendre acte des conséquences sur la sécurité mondiale qu'a le changement climatique, et participer à la recherche de sources alternatives d'énergie pour les flottes", a-t-il dit.

L'amiral Gary Roughead, commandant en chef de la Marine américaine, s'est lui attaqué au problème de la piraterie qui se pose avec une acuité particulière ces derniers mois, surtout au large de la Somalie où des flottes de plusieurs pays tentent de protéger la navigation.

"La lutte contre la piraterie dans le golfe d'Aden est un exemple sans précédent de coopération, qui doit être étendue à des secteurs comme l'environnement et la lutte contre les trafics, qu'il s'agisse de de stupéfiants ou de trafic d'êtres humains", a-t-il dit devant une audience d'officiers en uniformes kaki, bleus, ou blancs selon leurs pays de provenance, aux épaulettes décorées d'étoiles.

"Vous êtes les spécialistes de vos régions et vos concours sont précieux", a-t-il lancé aux représentants des 101 pays présents. "Notre tâche est de chercher ensemble les moyens de relever les graves défis qui se présentent à nous et d'unir nos forces pour sauvegarder la paix et la sécurité au XXIe siècle".

"La piraterie est loin d'être le seul exemple (de collaboration) efficace", a souligné de son côté Ray Mabus, évoquant la coopération entre marines sud-américaines et européennes dans la localisation et la destruction de cargaisons de stupéfiants.

Dans un message vidéo, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a souligné "qu'aucun pays n'a les capacités de faire face toute seule aux défis".

Outre la Russie, le Cambodge, le Vietnam, les Maldives ou encore la Guyane participent pour la première fois à ce forum, inauguré en 1969 en pleine Guerre froide avec une quarantaine de pays "du monde libre", puis élargi après la chute de l'Union soviétique à un éventail toujours plus large de nations.

La Chine, invitée, a décliné "pour des raisons non précisées", et des pays comme l'Iran n'ont pas été conviés, a précisé l'amiral Roughead. La Libye, elle aussi sur la liste des invités, s'est désistée à la dernière minute, a-t-on précisé au service de presse.

dimanche 4 octobre 2009

Croissance mauricienne : timidité du FMI dans ses prévisions

Source: Le Mauricien Week-End

Le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Rama Sithanen, qui participe actuellement à l'assemblée générale annuelle conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, à Istanbul, en Turquie, devra trouver à redire quant aux dernières prévisions de croissance économique pour Maurice. En effet, l'IMF Outlook for Sub-Saharan Africa fait preuve de grande timidité dans ses prévisions pour les deux prochaines années pour l'économie mauricienne avec un taux de croissance nettement inférieur aux 2,7% de la Banque de Maurice et du Central Statistical Office (CSO). Ce rapport du FMI a été publié officiellement hier après-midi. D'autre part, les statistiques compilées par le FMI indiquent une nette progression de la dette étrangère du PIB de Maurice d'ici à 2010, soit de 8,8% du Produit intérieure brute (PIB) en 2008 à 12,8% du PIB.

Les principaux indicateurs économiques élaborés par le FMI dans le sillage de la crise économique internationale représentent une véritable douche froide à l'hôtel du gouvernement où il était question de taux de croissance dans la fourchette de 5 à 6% l'année prochaine dans une tentative de doper la création d'emplois face au spectre du chômage. En pour 2009, le FMI prévoit une croissance économique de 2,1% contre 6,6% en 2008 avec des projections bien moins positives pour 2010 où le taux n'est que de 2%.

Le seul paramètre évoluant de manière positive pour le FMI au cours de ces deux ans demeure l'inflation avec des prévisions de 6,4% en 2009 contre 8,8% en 2008 et un taux de 4% en 2010. Du côté des investissements, le taux subira une baisse à 22,7% du PIB contre 29,8% en 2008 alors que le FMI constate un véritable écroulement du "Savings Rate" à Maurice, soit 8,6% en 2009 contre 16,1% en 2008. De son côté, la Banque de Maurice partage ces appréhensions quant à la tendance à la baisse de ce paramètres en faisant ressortir officiellement que "concern was also expressed about the low national saving rate forecast at 14,3 per cent of GDP for 2009 and which is expected to be revised further down".

Au chapitre de la dette extérieure, la situation établie pour Maurice dans l'IMF Outlook for Sub-Saharan Africa n'est guère brillante avec l'External Debt to Official Creditors, passant de 8,8% du PIB en 2008 à 12,8% en 2010 en transitant à 9,5% du PIB cette année. En ce qui concerne la dette locale, les dernières statistiques officielles publiées par la Banque de Maurice démontrent que du mois d'octobre de l'année dernière à août dernier, soit en dix mois, la "Central Government Debt" a augmenté d'au moins Rs 11 milliards pour atteindre Rs 119,1 milliards.

Au cours de ces dix derniers mois, les "Short-Term Obligations" (remboursables en moins de 12 mois) contractées par le gouvernement sur le plan local ont augmenté de Rs 8,5 milliards, soit Rs 54,9 milliards contre Rs 46,4 milliards en octobre 2008. La situation au niveau des "Medium-Term Obligations", (remboursables entre douze mois et cinq ans), représente un accroissement de l'ordre de Rs 2 milliards pour se retrouver à Rs 51,9 milliards. Par contre, l'on notera une baisse de Rs 1 milliard dans les "Long-Term Obligations" à Rs 12,2 milliard.

En guise de préambule aux prévisions du FMI, Antoinette Sayeh, directeur pour l'Afrique au FMI, trouve que "the global economic crisis has hit sub-Saharan Africa hard, reducing economic growth to just one percent in 2009 after a period of sustained high economic growth". Le FMI ajoute que "the crisis will likely slow, if not reverse, progress on poverty reduction. Unemployment and under-employment, already endemic, have likely risen across the region."

Dans ses perspectives, le FMI met en garde contre les "Downside Risks" aux économies d'Afrique sub-saharienne tout en faisant état de "Cautious Optimism". Cette institution recommande le maintien des politiques monétaires et budgétaires accommodantes. "Pourtant, les risques sont grands de voir la situation s'aggraver. Par conséquent, partout où cela est possible, les services du FMI recommandent de maintenir des politiques budgétaires et monétaires accommodantes jusqu'à ce que la reprise économique soit bien enclenchée. À mesure que la reprise montera en régime, il faudra que la politique budgétaire accorde moins d'importance aux objectifs de stabilisation au profit des considérations de moyen terme, notamment la viabilité de la dette", ajoute le rapport rendu public, hier.

De son côté, la Banque de Maurice souligne dans le "Monetary Policy Statement" émis mardi dernier que "the domestic economy continues to be constrained by weak demand in main export markets. Key export sectors are estimated to have contracted in the first semester while other economic sectors have slowed down significantly". A ce stade, la performance au cours du premier trimestre de 2009 indique que "the economy may have contracted by a full percentage point relative to the fourth quarter of 2008".

La Banque de Maurice, qui soutient que "the economy may have reached a trough in the first quarter of 2009 and may have begun to recover progressively thereafter", fait également état d'une"general decline in the growth rate of credit to the business and household sectors." Elle ajoute plus loin que "the low interest environment has not spurred strong demand for credit by the private sector. The expansion of credit to the private sector has continued to deline, attaining 9,6% in the year to July 2009, but still remains at a relatively comfortable level".

Justifiant l'éventualité d'un taux de croissance révisé légèrement à la hausse, soit 2,7% cette année, le communiqué de la Banque de Maurice note que "the Monetary Policy Committee anticipates a better performance of the economy in the second half of 2009. The Monetary Policy Committee is also of the view that the downside risks to the growth outlook have further diminished. It noted that fewer job losses than initially anticipated had been recorded. Although the labour makey may reflect trends in the borader economy with a lag, it is not expected to weaken much further".

Perspectives: Le sucre pour sauver la mise

A environ un mois de la présentation à l'assemblée nationale du budget 2010, les dernières prévisions sur l'économie formulées par le Central Statistical Office indiquent une révision nominale à la hausse du taux de croissance, soit de 2,5% à 2,7% en 2009. Cette révision se justifie par des possibilités d'exportation de sucre raffiné et de sucres spéciaux. Par contre, les "Export-Oriented Enterprises" et la filière du textile enregistreront une décélération de la croissance avec la confirmation de la régression d'au moins 95 000 touristes en 2009 par rapport à l'année dernière. Dans la conjoncture, les perspectives dans les principaux secteurs économiques sont les suivantes :

Sucre : Production d'au moins 490 000 tonnes et des perspectives positives pour le sucre raffiné et les sucres spéciaux avec une croissance de 18,2% contre 3,7% en 2008

Agriculture : Progression de 5% dans la production contre une régression de 0,4% en 2008, conséquence des efforts annoncés dans le cadre du "Food Security Programme"

Secteur manufacturier : Progression nominale de 0,9% contre 3,2% en 2008 avec une baisse de 4% dans la filière textile et de 0,8% pour l'ensemble des entreprises tournées vers l'exportation

Construction : Croissance à la baisse, soit 2,5% en 2009 contre 11,1% l'année dernière avec les projets d'infrastructures dans le public pesant de tout leur poids

Hôtels et restaurants : Baisse de 8,8% avec 835 000 touristes attendus, soit une baisse de 95 000 comparativement à l'année dernière. Les recettes brutes du tourisme devront être de Rs 36 milliards contre Rs 41,2 milliards l'année dernière

Transport et communications : Performance à la baisse, notamment 5,3% contre 6% l'année dernière

Secteur financier : Croissance réduite presque de moitié, 5,9% en 2009 contre 10,1% en 2008

Business Activities : Croissance de 8% prévue contre 10,8% en 2008

Consommation : Réduction dans la croissance de moitié à 3%.

Des milliers de planteurs menacés par la délocalisation industrielle

L’ouverture du marché européen sous les injonctions de l’OMC change la donne. Maurice délocalise sa production de sucre roux et se concentre sur le sucre blanc et les sucres spéciaux, l’actionnaire principal de Bois-Rouge investit au Mozambique et les usiniers réunionnais en Tanzanie. Est-ce le début de la délocalisation de la production de sucre roux à La Réunion, et donc le début d’une nouvelle concentration sur une seule usine ? Différents faits montrent en tout cas que l’échéance 2014 se précise.


Voici une vue partielle de la nouvelle carte de la production sucrière qui peut être exportée sur le marché européen. Manque le Zimbabwe, qui pense pouvoir exporter 150.000 tonnes en Europe d’ici deux ans.

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Avant que l’Organisation mondiale du commerce ne vienne remettre en cause l’organisation du marché du sucre en Europe, voilà quelle était la situation dans notre région.

Depuis que l’Organisation mondiale du commerce fixe le cap idéologique de la mondialisation, l’Union européenne a plusieurs fois été attaquée pour l’organisation de ces marchés, et a donc été mise en demeure de les adapter aux règles du marché unique mondial.

Cette adaptation se fait en plusieurs étapes.

Pour La Réunion et les autres régions de l’Union européenne, le règlement sucrier actuellement en vigueur est une première brèche dans le système des prix et quotas garantis. En effet, le prix garanti du sucre a diminué de plus de 30%. À titre compensatoire pour les DOM, l’Union européenne verse une subvention aux usiniers. Ce régime sera rediscuté d’ici 2014. À cette date entrera en vigueur un nouveau règlement sucrier européen sur lequel les incertitudes sont nombreuses, tout peut être remis en cause. Ce réglement devra en effet tenir compte des nouvelles règles fixées par l’OMC après la clôture du cycle dit de Doha. Dans ces discussions, la Commission européenne a mis dans la balance la suppression de la quasi-totalité des subventions versées aux agriculteurs. Quid des subventions versées aux usiniers et aux planteurs ?

Plus de quota ni prix garanti à Maurice

Pour les partenaires de l’Union européenne, les quotas et prix garantis, c’est déjà fini. En 2001, l’Union européenne lance l’initiative "Tout sauf les armes" qui ouvre le marché européen à tous les produits fabriqués sur les territoires des États du groupe des PMA, dont la Tanzanie, le Mozambique et Madagascar. Seules exceptions à part les armes : le riz, la banane et le sucre. Pour le sucre, l’exception prend fin progressivement pour une ouverture du marché européen cette année. Donc le sucre fabriqué au Soudan, en Ethiopie ou en Tanzanie peut être vendu en Europe.

L’an dernier, l’Union européenne a dénoncé le Protocole Sucre qui concernait les producteurs des pays ACP. Brutalement, des pays comme Maurice sont désormais en concurrence directe avec les producteurs des PMA sur le sucre. Mais depuis plusieurs années, Maurice avait anticipé cette échéance en créant les conditions pour ne plus produire à Maurice du sucre en vrac, mais uniquement du sucre à plus forte valeur ajoutée : sucre blanc et sucres spéciaux. Cette restructuration s’accompagne d’une concentration : plus que trois usines pour produire au moins 400.000 tonnes de sucre.

Les industriels s’adaptent

A mis parcours du règlement sucrier, force est de constater que bien qu’ils soient encore protégés par des règles dérogatoires à celle de l’OMC, les industriels sont pleinement engagés dans la construction de cette nouvelle carte de la production sucrière découlant des règles du "droit commun" de l’OMC.

On a tout d’abord vu l’arrivée à La Réunion d’un des plus gros producteurs mondiaux, Téréos. Cette coopérative de planteurs de betteraves a acheté la majorité des actions de Bois-Rouge. Et elle a également investi au Mozambique dans la modernisation d’une usine qui peut désormais vendre du sucre sans quota ni droit de douane en Europe.

On a également les industriels mauriciens qui anticipent. Ils continueront à produire du sucre roux, mais pas à Maurice. C’est le sens de l’alliance qu’ils ont noué avec Téréos au Mozambique et avec un usinier réunionnais en Tanzanie, dans Tanganiyka Plantation Company.

Ce dernier partenariat montre que désormais, un usinier réunionnais produisant du sucre à La Réunion fabrique aussi du sucre en Tanzanie. Outre le marché domestique, ce sucre tanzanien peut être vendu en Europe, comme le sucre réunionnais. Et les coûts de production sont bien plus faibles en Tanzanie.

Délocalisation en Tanzanie ?

Du fait de l’exemple mauricien, une question se pose : les industriels réunionnais envisagent-ils de délocaliser leur production de sucre roux en Tanzanie ?

Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que depuis trois semaines, la filière s’est habituée à ne vivre qu’avec une seule usine. Or, une seule usine suffirait si une telle hypothèse se vérifiait.
Le hasard de l’Histoire, c’est que l’incendie qui est le responsable de cette situation a eu lieu le week-end où l’Union européenne et les pays de la région signaient l’accord de partenariat économique intermédiaire. Cet accord ouvre le marché réunionnais à tous les produits sauf à un produit de la canne, le sucre.

À la lumière de ce nouveau contexte, une nouvelle situation apparaît. Pour une durée limitée, l’usinier est assuré de ne pas avoir de concurrent pour la vente de sucre à La Réunion. Il a aussi développé depuis plusieurs années la fabrication de sucres spéciaux qui échappent pour le moment à la concurrence des pays à plus faible coût de main d’œuvre. Ce sont donc deux "niches" où il peut continuer à prospérer.

En conclusion, les nouvelles règles du commerce mondial et les décisions stratégiques prises ces dernières années amènent à se demander si l’hypothèse suivante pourrait se concrétiser : délocalisation partielle de l’industrie sucrière en Tanzanie pour produire du sucre en vrac, concentration de ce qui reste à La Réunion afin produire uniquement pour le marché domestique et les sucres spéciaux. Mais cette nouvelle concentration ne nécessiterait que le fonctionnement d’une seule usine. Car les sucres spéciaux, ce sont aujourd’hui moins de 100.000 tonnes.

Pour illustrer cette explication, voici deux cartes : avant la remise en cause de marché sucrier de l’Europe par l’OMC et aujourd’hui.

Manuel Marchal