L'UA appelle les leaders malgaches à prendre leurs responsabilités
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Le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, a renvoyé dos à dos mardi les dirigeants politiques malgaches, les appelant à prendre leurs responsabilités, lors de l'ouverture d'une réunion pour sortir la grande île de la crise politique.
L'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, le président évincé en mars Marc Ravalomanana et deux anciens chefs d'Etat, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, participent à cette réunion au siège de l'UA à Addis Abeba qui vise à mettre en oeuvre un partage du pouvoir pendant une période de transition fixée à 15 mois par les accords de Maputo signés le 9 août.
"La situation actuelle à Madagascar est caractérisée par une lassitude quasi-générale ressentie légitimement au niveau de la population", a rappelé M. Ping aux quatre chefs de file.
"La responsabilité des uns et des autres, devant l'Histoire, est pleinement engagée, et aucune considération particulière, aussi légitime fût-elle, ne saurait valoir devant la primauté indiscutable de l'intérêt général", a-t-il estimé.
"Est-ce que Madagascar sortira de la crise?"
En tant que "doyen d'âge des chefs de file des mouvances politiques malgaches", l'ancien président Zafy a prononcé un discours inaugural résumant l'enjeu de cette rencontre.
"Le peuple malgache souffre depuis plus de sept mois, oscillant entre espoir et désespoir", a-t-il dit avant de s'interroger: "Est-ce que Madagascar sortira de la crise? Si c'est oui, alors c'est la fête. Si c'est non, alors c'est un avenir sombre qui s'annonce dont on ne connaît pas la suite".
M. Ping a insisté sur la nécessité pour les chefs de file d'accélérer la mise en oeuvre de ces accords et de la Charte de transition "qui constituent bien l'instrument convenu pour une sortie de crise pacifique, consensuelle et inclusive à Madagascar".
Les accords de Maputo ont notamment dessiné l'architecture d'une transition politique censée mener le pays à une élection présidentielle au plus tard fin 2010.
Selon des sources proches de la médiation, le principal obstacle à l'application des accords est constitué par la position de M. Ravalomanana qui "cherche à reprendre le processus de négociations et d'attribution des postes depuis le début" et à "préserver ses intérêts économiques" dans l'île.
Ravalomanana freine des quatre fers
M. Ravalomanana conteste l'attribution des postes de président, vice-président et Premier ministre de transition, annoncés le 6 octobre à Antananarivo après une réunion entre les quatre mouvances politiques.
Il a récemment martelé qu'il n'accepterait "jamais la nomination d'un auteur de coup d'Etat (Andry Rajoelina) à la tête de la transition".
Lâché par l'armée, M. Ravalomanana avait remis le 17 mars ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait immédiatement transférés à Andry Rajoelina, l'ex-maire d'Antananarivo, devenu en quelques mois son principal opposant au terme d'un mouvement populaire.
Outre la désignation à la tête de la transition, un Premier ministre de consensus avait été trouvé en la personne d'Eugène Mangalaza, de la mouvance de M. Ratsiraka, en remplacement de Monja Roindefo.
M. Rajoelina a confirmé cette nomination par décret, mais M. Roindefo, le Premier ministre écarté, refuse de quitter la Primature malgré la défection de ses ministres.