L’Afrique du Sud en conflit croissant avec l’Union européenne
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David Cronin - BRUXELLES, 11 fév (IPS)
Des officiels de Bruxelles ont rejeté les appels de trois gouvernements d’Afrique australe pour une réévaluation d’un nouvel accord commercial avec l’Union européenne (UE).
En janvier, l’Afrique du Sud, la Namibie et l’Angola ont lancé un appel conjoint à l’UE, insistant qu’elle retarde la signature formelle d’un accord de libéralisation du commerce, connu comme un accord de partenariat économique (APE), avec plusieurs de leurs pays voisins.
Qualifiant l’accord de "sérieusement défectueux", les trois pays estiment que ce dernier retarderait des efforts pour accroître la coopération économique en Afrique australe pendant "plusieurs années".
Le Botswana, la Namibie, le Swaziland, le Mozambique et le Lesotho ont tous donné leur approbation pour un APE avec l’UE à la fin de l’année 2007. Mais quand l’accord a été analysé, certains de ces gouvernements ont exprimé une profonde gêne par rapport à la façon dont il pourrait conduire à un fossé entre eux et l’économie la plus grande de la région, l’Afrique du Sud, qui avait décidé de ne pas se joindre à un APE.
Vers la fin de ce mois, les 27 gouvernements de l’UE doivent décider s’ils devraient donner à la Commission européenne, la branche exécutive de l’union, un mandant pour poursuivre la signature et la ratification de l’APE qu’elle a négocié avec le bloc de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
L’Afrique du Sud, la Namibie et l’Angola ont appelé à l’arrêt temporaire de cette procédure.
Même si le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a promis à la fin de l’année 2007 que des clauses dans certains accords commerciaux - que les pays africains jugent d’être controversées - pourraient être renégociées, ses fonctionnaires ont maintenant refusé d’accepter l’appel.
Dans un document vu par IPS, la commission a déclaré que la réouverture d’un APE, avec des pays d’Afrique australe, ne serait pas "praticable" parce qu’elle "ferait fi" de la décision des autres pays dans cette région de l’accepter.
L’accord avec l’Afrique australe a reçu le suffixe ‘provisoire’ puisqu’il se rapporte essentiellement au commerce des biens. L’UE espère maintenant élargir son champ d’action afin que cet accord devienne un accord ‘complet’, qui traite également de l’ouverture du levier des marchés des services d’Afrique, ainsi que celui renfermant des clauses sur l’investissement, l’approvisionnement et la concurrence publics.
Paul Goodison du Bureau européen de recherche, qui veille sur les relations économiques entre l’UE et l’Afrique, a dit qu’"une voie directe" pourrait être d’utiliser une technique que des négociateurs commerciaux qualifient de ‘mise entre parenthèses’. Cela impliquerait le placement de parenthèses autour des dispositions dans l’APE que la Namibie, l’Afrique du Sud et l’Angola considèrent défavorables aux intérêts de leur région. Cela permettrait la signature du reste de l’accord par les gouvernements européens et ceux d’Afrique, mais les clauses controversées n’entreraient pas en vigueur.
Peter Mandelson, commissaire au commerce de l’Europe de 2004 jusqu’à l’année dernière, avait refusé d’accepter l’utilisation des parenthèses. Mais son successeur, Catherine Ashton, a entrepris de démontrer une flexibilité plus grande dans la gestion des APE. Elle devrait être en tournée en Afrique australe cette semaine.
"L’espoir est que, avec une nouvelle main à la barre, des changements substantiels dans la position de la Commission européenne pourraient devenir possibles", a déclaré Goodison. Il reste à voir si au cours de cette semaine, la commissaire Ashton donnera de la substance à sa rhétorique".
Interrogée par la publication ‘Trade Negotiations Insight’ (Aperçu des négociations commerciales), Ashton a affirmé qu’il y avait une nécessité de "remplacer la controverse sur des accords provisoires par un débat positif sur des APE complets".
Mais elle a défendu la position de la commission sur certaines des propositions qui ont plus préoccupé les pays africains. Plusieurs gouvernements africains n’ont pas accepté une demande de la commission qui veut qu’ils éliminent des taxes qu’ils ont imposées sur l’exportation des matières premières, estimant que de telles mesures fiscales sont vitales pour nourrir les industries naissantes en encourageant la transformation des ressources de base à domicile.
Tout en reconnaissant que ces préoccupations sont légitimes, Ashton a indiqué : "L’engagement de retirer des barrières commerciales comme les taxes d’exportation doit être une pierre angulaire de la politique commerciale de l’UE. Je crois profondément aux avantages des marchés libres et aux opportunités qu’ils peuvent fournir aux entreprises et aux individus".
L’Angola étant internationalement reconnu comme un ‘pays moins avancé’, il a pu adopter une approche différente aux APE par rapport à nombre de ses voisins. Son statut faisait que la commission n’a jamais menacé d’imposer des taxes plus élevées sur ses produits d’exportation vers l’UE s’il décidait de ne pas signer un accord.
Bien que l’Angola soit resté en dehors d’un APE régional, il a déploré que la commission lui ait fourni "peu de précisions" sur ce que pourraient être les implications de cet engagement. Les détails fournis n’ont pas été suffisants, par exemple, sur le type d’assistance financière qui serait accordée pour compenser les pertes de revenu une fois que le pays doit réduire la plupart des taxes sur les produits importés.
Comme faisant partie d’une stratégie d’"aide au commerce" formulée en 2007, l’UE a accepté de mettre à la disposition des pays pauvres deux milliards d’euros (2,6 milliards de dollars) chaque année, d’ici à 2010.
Mais cette promesse a été faite avant que plusieurs Etats membres de l’UE n’aient décidé de tailler leurs budgets pour l’aide au développement en réponse à la crise financière. Il y a quelques mois, l’Italie a réduit ses allocations d’aide de 56 pour cent, l’Irlande de 10 pour cent, alors que la Lettonie a pris des mesures pour annuler complètement son budget pour l’aide.
Glenys Kinnock, un membre socialiste du Parlement européen, a noté qu’il n’existait "rien de légalement obligatoire" dans un APE récemment conclu avec la région des Caraïbes, l’accord le plus complet jusqu’ici réalisé avec les quelque 80 pays ACP.
"L’aide au commerce constitue l’éléphant dans la chambre", a ajouté Kinnock. "Personne ne veut parler de la contribution que les Etats membres (de l’UE) vont apporter".
Des officiels de Bruxelles ont rejeté les appels de trois gouvernements d’Afrique australe pour une réévaluation d’un nouvel accord commercial avec l’Union européenne (UE).
En janvier, l’Afrique du Sud, la Namibie et l’Angola ont lancé un appel conjoint à l’UE, insistant qu’elle retarde la signature formelle d’un accord de libéralisation du commerce, connu comme un accord de partenariat économique (APE), avec plusieurs de leurs pays voisins.
Qualifiant l’accord de "sérieusement défectueux", les trois pays estiment que ce dernier retarderait des efforts pour accroître la coopération économique en Afrique australe pendant "plusieurs années".
Le Botswana, la Namibie, le Swaziland, le Mozambique et le Lesotho ont tous donné leur approbation pour un APE avec l’UE à la fin de l’année 2007. Mais quand l’accord a été analysé, certains de ces gouvernements ont exprimé une profonde gêne par rapport à la façon dont il pourrait conduire à un fossé entre eux et l’économie la plus grande de la région, l’Afrique du Sud, qui avait décidé de ne pas se joindre à un APE.
Vers la fin de ce mois, les 27 gouvernements de l’UE doivent décider s’ils devraient donner à la Commission européenne, la branche exécutive de l’union, un mandant pour poursuivre la signature et la ratification de l’APE qu’elle a négocié avec le bloc de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
L’Afrique du Sud, la Namibie et l’Angola ont appelé à l’arrêt temporaire de cette procédure.
Même si le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a promis à la fin de l’année 2007 que des clauses dans certains accords commerciaux - que les pays africains jugent d’être controversées - pourraient être renégociées, ses fonctionnaires ont maintenant refusé d’accepter l’appel.
Dans un document vu par IPS, la commission a déclaré que la réouverture d’un APE, avec des pays d’Afrique australe, ne serait pas "praticable" parce qu’elle "ferait fi" de la décision des autres pays dans cette région de l’accepter.
L’accord avec l’Afrique australe a reçu le suffixe ‘provisoire’ puisqu’il se rapporte essentiellement au commerce des biens. L’UE espère maintenant élargir son champ d’action afin que cet accord devienne un accord ‘complet’, qui traite également de l’ouverture du levier des marchés des services d’Afrique, ainsi que celui renfermant des clauses sur l’investissement, l’approvisionnement et la concurrence publics.
Paul Goodison du Bureau européen de recherche, qui veille sur les relations économiques entre l’UE et l’Afrique, a dit qu’"une voie directe" pourrait être d’utiliser une technique que des négociateurs commerciaux qualifient de ‘mise entre parenthèses’. Cela impliquerait le placement de parenthèses autour des dispositions dans l’APE que la Namibie, l’Afrique du Sud et l’Angola considèrent défavorables aux intérêts de leur région. Cela permettrait la signature du reste de l’accord par les gouvernements européens et ceux d’Afrique, mais les clauses controversées n’entreraient pas en vigueur.
Peter Mandelson, commissaire au commerce de l’Europe de 2004 jusqu’à l’année dernière, avait refusé d’accepter l’utilisation des parenthèses. Mais son successeur, Catherine Ashton, a entrepris de démontrer une flexibilité plus grande dans la gestion des APE. Elle devrait être en tournée en Afrique australe cette semaine.
"L’espoir est que, avec une nouvelle main à la barre, des changements substantiels dans la position de la Commission européenne pourraient devenir possibles", a déclaré Goodison. Il reste à voir si au cours de cette semaine, la commissaire Ashton donnera de la substance à sa rhétorique".
Interrogée par la publication ‘Trade Negotiations Insight’ (Aperçu des négociations commerciales), Ashton a affirmé qu’il y avait une nécessité de "remplacer la controverse sur des accords provisoires par un débat positif sur des APE complets".
Mais elle a défendu la position de la commission sur certaines des propositions qui ont plus préoccupé les pays africains. Plusieurs gouvernements africains n’ont pas accepté une demande de la commission qui veut qu’ils éliminent des taxes qu’ils ont imposées sur l’exportation des matières premières, estimant que de telles mesures fiscales sont vitales pour nourrir les industries naissantes en encourageant la transformation des ressources de base à domicile.
Tout en reconnaissant que ces préoccupations sont légitimes, Ashton a indiqué : "L’engagement de retirer des barrières commerciales comme les taxes d’exportation doit être une pierre angulaire de la politique commerciale de l’UE. Je crois profondément aux avantages des marchés libres et aux opportunités qu’ils peuvent fournir aux entreprises et aux individus".
L’Angola étant internationalement reconnu comme un ‘pays moins avancé’, il a pu adopter une approche différente aux APE par rapport à nombre de ses voisins. Son statut faisait que la commission n’a jamais menacé d’imposer des taxes plus élevées sur ses produits d’exportation vers l’UE s’il décidait de ne pas signer un accord.
Bien que l’Angola soit resté en dehors d’un APE régional, il a déploré que la commission lui ait fourni "peu de précisions" sur ce que pourraient être les implications de cet engagement. Les détails fournis n’ont pas été suffisants, par exemple, sur le type d’assistance financière qui serait accordée pour compenser les pertes de revenu une fois que le pays doit réduire la plupart des taxes sur les produits importés.
Comme faisant partie d’une stratégie d’"aide au commerce" formulée en 2007, l’UE a accepté de mettre à la disposition des pays pauvres deux milliards d’euros (2,6 milliards de dollars) chaque année, d’ici à 2010.
Mais cette promesse a été faite avant que plusieurs Etats membres de l’UE n’aient décidé de tailler leurs budgets pour l’aide au développement en réponse à la crise financière. Il y a quelques mois, l’Italie a réduit ses allocations d’aide de 56 pour cent, l’Irlande de 10 pour cent, alors que la Lettonie a pris des mesures pour annuler complètement son budget pour l’aide.
Glenys Kinnock, un membre socialiste du Parlement européen, a noté qu’il n’existait "rien de légalement obligatoire" dans un APE récemment conclu avec la région des Caraïbes, l’accord le plus complet jusqu’ici réalisé avec les quelque 80 pays ACP.
"L’aide au commerce constitue l’éléphant dans la chambre", a ajouté Kinnock. "Personne ne veut parler de la contribution que les Etats membres (de l’UE) vont apporter".