jeudi 26 février 2009

Comores : Le président iranien à Moroni

SOURCE: TEMOIGNAGES

Visite surprise ou secret bien gardé, toujours est-il que très peu de gens s’attendaient à recevoir une telle personnalité. Au-delà de la controverse liée aux relations internationales, les Comoriens se sentent honorés de cette visite au lendemain de celle du prince Cheikh Jaber Al-Moubarak.

Venant du Kenya où il venait d’effectuer une visite d’Etat de 48 heures, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a foulé le tarmac de l’aéroport Prince Said Ibrahim de Moroni-Hahaya hier à 14 heures. 

Après un tête-à-tête avec son homologue comorien au palais de Beit-salam, le président iranien a pu se rendre compte de sa popularité tout le long du parcours jusqu’au Palais du peuple où il devait s’exprimer devant un millier de personnes. 
Dès son arrivée au pouvoir en mai 2006, Sambi a établi des relations privilégiées avec la République islamique d’Iran. Il y a deux ans, une délégation composée 5 ministres iraniens avait fait le déplacement à Moroni pour signer des accords dans le domaine de la pêche, de l’agriculture, de l’enseignement supérieur ainsi que dans la sécurité et la défense. Sambi lui-même a déjà effectué une visite officielle à Téhéran où il a été reçu avec tous les honneurs. 

Ces relations ont apporté sur le plan économique des bateaux de pêche, des structures de formations techniques et professionnelles et surtout une importante convention pétrolière qui devrait permettre aux Comores d’acheter du Brut et le revendre. 
Une trentaine d’experts iraniens avaient pris part au Forum international sur l’habitat aux Comores qui a clôturé ses travaux avant-hier. 

Visite surprise ou secret bien gardé, on le saura plus tard. Toujours est-il que dans un communiqué, le gouvernement avait annoncé la création d’un comité spécial chargé de veiller au bon déroulement du séjour d’une importante délégation iranienne composée de quatre ministres. Lundi, Sambi en personne a invité les Comoriens à recevoir dignement des hôtes importants dans les prochains jours.

L’avenir des Comores est entre les mains des pays arabo-musulmans

Dès la diffusion de l’information, c’est tout le pays qui s’est mis en effervescence. Les autorités qui veulent tout organiser à la va vite, en particulier le dispositif protocolaire et sécuritaire, et les centaines de personnes qui convergeaient vers Moroni. Un groupe d’une vingtaine de jeunes rencontrés dans la descente du village de Salimani vers Moroni exprimait haut et fort son enthousiasme en scandant des slogans à la gloire de l’hôte du gouvernement : « nous sommes très honorés de recevoir un homme aussi important. C’est lui qui a osé braver les Américains et qui défend la cause des Palestiniens ».

Un haut fonctionnaire du ministère des Relations extérieures, débordé par les événements, dit avec émotion : « vous savez, c’est la première fois depuis Mitterrand en 1992 et Yasser Arafat en 1987 que nous recevons un chef d’Etat étranger. Et en plus, nous avons à gérer une délégation d’une dizaine de ministres et d’une centaine de haut fonctionnaires et d’opérateurs économiques ». 

Lundi dernier, lors de l’inauguration de la Banque Fédérale du Commerce et l’hôtel Itsandra devenu un quatre étoiles grâce aux investissements du prince Cheikh Jaber Al-Moubarak à travers le puissant groupe “Comoro Gulf Holding”, le Président Sambi a dit que l’avenir des Comores est entre les mains des pays arabo-musulmans. 

Il est avéré que les Comores sont membres de l’organisation de la conférence islamique et de la Ligue des Etats arabes depuis des décennies, mais c’est avec Sambi que cette proximité se fait sentir, même si elle n’est pas du goût de tout le monde.
Mahamoud Said, enseignant à l’Université, trouve que le contexte est mal choisi pour renforcer les liens avec des pays qui n’ont pas une bonne réputation sur le plan international : « les amitiés de Sambi risquent de nous isoler de nos partenaires alors que nous n’avons pas de vision claire sur l’avenir de ces nouvelles relations ».