Chine-Afrique : UNE NOUVELLE CARTE SE DESSINE
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Les contacts entre la Chine et l’Afrique remontent à bien longtemps. Au XVè siècle, le début de l'élargissement du monde faillit donner naissance à une scène qui ne manquait pas de piquant : la rencontre, au large des côtes africaines, de caravelles portugaises et de jonques chinoises. Les deux puissances menaient parallèlement des expéditions maritimes d'envergure.
D'un côté, le prince Henri le Navigateur, depuis son observatoire de Sagres, lançait expédition sur expédition pour découvrir la route menant aux fabuleuses richesses du royaume du Grand Khan et de Cathay. Ses capitaines furent à l'origine du repérage des côtes africaines, même s'ils furent, un temps, stoppés par les rumeurs effrayantes concernant les terres situées au-delà du Cap Bojador. Ce n'est qu'en 1488 que Bartolomeu Diaz parviendra jusqu'au Cap des Tempêtes, ultérieurement rebaptisé Cap de Bonne espérance.
De l'autre côté, un amiral chinois, Zheng He, homme de confiance de l'amiral Yongle, prenait la tête d'une armada de 300 navires et partait vers l'ouest. Cet eunuque, fils d'une famille musulmane du Yunnan, atteignit les côtes de la Somalie, du Kenya et de Zanzibar. D'aucuns assurent même qu'il aurait découvert, avant Christophe Colomb, les côtes de l'Amérique. Ce que l'on sait, c'est que des pièces et céramiques chinoises ont été retrouvées dans les ruines du Grand Zimbabwe, indication de relatons commerciales suivies entre l'Afrique de l'Est et la Chine.
De son périple africain, Zheng He rapporta des léopards, des lions, des autruches ainsi qu'une girafe qui fit sensation. L'amiral mourut en 1434, un an après que le Portugais Gil Eanes ait doublé le Cap Bojador, ouvrant ainsi l'Afrique noire à ses compatriotes. C’est dire qu’il s'en est fallu d'un cheveu pour que l'Afrique soit « chinoise ». Sitôt l'amiral disparu, la Chine renonce à ses ambitions maritimes par manque de moyens financiers et aussi, pour concentrer ses forces contre les invasions mongoles. L'Empire du Milieu se referme sur lui-même. La flotte est démantelée et les commerçants chinois se voient interdire, sous peine de lourdes amendes ou de mort, de construire des navires de fort tonnage. Ils doivent se contenter de jonques qui assurent, tout au plus, un cabotage le long des côtes.
Revenons l’histoire la plus récente. L'idée de l'établissement d'un partenariat stratégique entre l'Afrique et la Chine remonte à la fin du siècle dernier. Après la Guerre froide, face aux déséquilibres mondiaux, les pays en développement notamment la Chine et les pays africains ressentirent le besoin de promouvoir leur coopération pour faire face aux nouveaux défis du siècle naissant. C'est ainsi que des pays africains proposèrent que l'Afrique et la Chine établissent un nouveau mécanisme de dialogue et de coopération collectif. Les dirigeants chinois acceptèrent la proposition et prirent l'initiative d'organiser un forum sino-africain de dialogue, un espace qui permettrait aux deux parties d'échanger leurs points de vue et de coordonner leurs positions sur les questions majeures.
HUIT MESURES PHARES : En octobre 1999, le président chinois d'alors Jiang Zemin envoya une lettre aux dirigeants africains pour proposer la tenue d'une conférence ministérielle du Forum de coopération afro-chinoise de coopération en 2000 à Beijing. Parmi les principaux thèmes proposés pour ce premier forum, l'on retiendra deux questions majeure : "comment promouvoir la construction d'un nouvel ordre politique et économique capable de sauvegarder les intérêts communs des pays en développement en ce début de 21è siècle ?", "Comment renforcer la coopération sino-africaine dans le domaine économique et commercial dans la nouvelle ère ?" ?Les dirigeants africains réagirent immédiatement en assurant qu'ils enverraient des ministres à la conférence en question. C'est ainsi qu'en octobre (du 10 au 12) se tint la première conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique. La cérémonie d'ouverture se déroula en présence de plusieurs dirigeants chinois et africains dont certains ne sont plus au pouvoir : le président chinois d'alors Jiang Zemin, son successeur Hu Jintao alors vice-président, Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Gnassingbé Eyadema (Togo) Frederick Chiluba (Zambie), Benjamin Mkapa (Tanzanie), et le secrétaire général de l'OUA (l'ancêtre de l'Union africaine), Salim Ahmed Salim. Plus de 500 personnes venant des pays d'Afrique prirent part à la conférence. En même temps que les leaders de 20 provinces chinoises et les représentants d'une cinquantaine d'entreprises chinoises discutaient avec les officiels africains, des moyens d'accroître le flux des échanges commerciaux avec le continent. Cette première rencontre fut couronnée par une déclaration et un plan d'action. Ces deux documents servent désormais de guide pour l'Afrique et la Chine en vue de faire avancer leur coopération dans tous les domaines. A la même occasion, le gouvernement chinois annonça la réduction ou l'annulation de plus d'un milliard de dollars (environ 500 milliards Fcfa) de dette en faveur des pays pauvres africains très endettés et des moins avancés. La Chine annonça également la création d'un fonds spécial pour encourager ses entreprises à lancer des projets de coopération en Afrique. Depuis lors, les choses sont allées très vite. Ainsi la valeur des échanges sino-africains passa de 10 milliards de dollars (environ 5 000 milliards Fcfa) en 2000 à plus de 12 milliards (près de 6 000 milliards Fcfa) en 2002. A la fin octobre 2003, ce chiffre atteignait 15 milliards de dollars 7 500 milliards Fcfa).
ACCROISSEMENT DE LA PUISSANCE DU CONTINENT : En novembre 2006, les dirigeants africains et chinois se retrouvèrent à Beijing pour un sommet sino-africain au cours duquel il fut décidé d’établir un partenariat stratégique entre la Chine et le continent. ?Pour faire progresser ce nouveau partenariat et favoriser une coopération diversifiée et élargie, le président Hu Jintao annonça que le gouvernement chinois envisageait de prendre une série de mesures phares. Elles sont au nombre de huit. ?La première mesure consiste à augmenter l'aide chinoise aux pays du continent en la doublant en 2009 par rapport à 2006. Par la seconde mesure, la Chine va accorder des prêts préférentiels d'un montant de trois milliards de dollars (1 500 milliards Fcfa) ainsi que des crédits acheteurs à l'exportation de deux milliards (1 000 milliards Fcfa) aux pays africains au cours des trois prochaines années. Troisièmement, Beijing va créer un centre de développement sino-africain dont le capital s'élèvera progressivement à cinq milliards de dollars pour soutenir les entreprises chinoises afin de les encourager à investir en Afrique. ?Ensuite, la Chine aidera à la construction du Centre des conférences de l'Union africaine afin de soutenir nos pays dans leurs efforts d'intégration dont le but final est l'accroissement de la puissance du continent.
La cinquième mesure annoncée par le chef de l'État chinois fut l'annulation des dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêt, arrivant à échéance à la fin de 2005. Sont concernée par cette faveur, les pays pauvres très endettés et les moins avancés et qui ont naturellement des relations diplomatiques avec la Chine. Et même temps, le pays ouvrira davantage son marché aux États africains en portant de 190 à 440, le nombre des produits bénéficiant d'un tarif douanier zéro et en provenance des pays du continent les moins avancés et ayant des relations diplomatiques avec Pékin. Et ce n'est pas tout. La Chine annonça qu’au cours des trois prochaines années, elle allait créer trois à cinq zones de coopération économique et commerciale en Afrique. Beijing fit savoir que la Chine va former pendant les trois prochaines années, 15 000 personnes toutes catégories confondues et envoyer 100 ingénieurs agronomes supérieurs, créer 10 centres pilotes spécialisés dans les techniques agricoles. Il est envisagé de créer 30 hôpitaux et d'offrir à titre gratuit une enveloppe pour lutter contre le paludisme par l'achat de l'artémisine et la création de 30 centres de prévention et de traitement du paludisme. Toujours au chapitre de la huitième mesure, Pékin enverra 300 jeunes volontaires chinois, aidera à créer 100 écoles rurales en Afrique et portera de 2000 à 4000, le nombre de bourses accordées par an aux étudiants africains.
Les contacts entre la Chine et l’Afrique remontent à bien longtemps. Au XVè siècle, le début de l'élargissement du monde faillit donner naissance à une scène qui ne manquait pas de piquant : la rencontre, au large des côtes africaines, de caravelles portugaises et de jonques chinoises. Les deux puissances menaient parallèlement des expéditions maritimes d'envergure.
D'un côté, le prince Henri le Navigateur, depuis son observatoire de Sagres, lançait expédition sur expédition pour découvrir la route menant aux fabuleuses richesses du royaume du Grand Khan et de Cathay. Ses capitaines furent à l'origine du repérage des côtes africaines, même s'ils furent, un temps, stoppés par les rumeurs effrayantes concernant les terres situées au-delà du Cap Bojador. Ce n'est qu'en 1488 que Bartolomeu Diaz parviendra jusqu'au Cap des Tempêtes, ultérieurement rebaptisé Cap de Bonne espérance.
De l'autre côté, un amiral chinois, Zheng He, homme de confiance de l'amiral Yongle, prenait la tête d'une armada de 300 navires et partait vers l'ouest. Cet eunuque, fils d'une famille musulmane du Yunnan, atteignit les côtes de la Somalie, du Kenya et de Zanzibar. D'aucuns assurent même qu'il aurait découvert, avant Christophe Colomb, les côtes de l'Amérique. Ce que l'on sait, c'est que des pièces et céramiques chinoises ont été retrouvées dans les ruines du Grand Zimbabwe, indication de relatons commerciales suivies entre l'Afrique de l'Est et la Chine.
De son périple africain, Zheng He rapporta des léopards, des lions, des autruches ainsi qu'une girafe qui fit sensation. L'amiral mourut en 1434, un an après que le Portugais Gil Eanes ait doublé le Cap Bojador, ouvrant ainsi l'Afrique noire à ses compatriotes. C’est dire qu’il s'en est fallu d'un cheveu pour que l'Afrique soit « chinoise ». Sitôt l'amiral disparu, la Chine renonce à ses ambitions maritimes par manque de moyens financiers et aussi, pour concentrer ses forces contre les invasions mongoles. L'Empire du Milieu se referme sur lui-même. La flotte est démantelée et les commerçants chinois se voient interdire, sous peine de lourdes amendes ou de mort, de construire des navires de fort tonnage. Ils doivent se contenter de jonques qui assurent, tout au plus, un cabotage le long des côtes.
Revenons l’histoire la plus récente. L'idée de l'établissement d'un partenariat stratégique entre l'Afrique et la Chine remonte à la fin du siècle dernier. Après la Guerre froide, face aux déséquilibres mondiaux, les pays en développement notamment la Chine et les pays africains ressentirent le besoin de promouvoir leur coopération pour faire face aux nouveaux défis du siècle naissant. C'est ainsi que des pays africains proposèrent que l'Afrique et la Chine établissent un nouveau mécanisme de dialogue et de coopération collectif. Les dirigeants chinois acceptèrent la proposition et prirent l'initiative d'organiser un forum sino-africain de dialogue, un espace qui permettrait aux deux parties d'échanger leurs points de vue et de coordonner leurs positions sur les questions majeures.
HUIT MESURES PHARES : En octobre 1999, le président chinois d'alors Jiang Zemin envoya une lettre aux dirigeants africains pour proposer la tenue d'une conférence ministérielle du Forum de coopération afro-chinoise de coopération en 2000 à Beijing. Parmi les principaux thèmes proposés pour ce premier forum, l'on retiendra deux questions majeure : "comment promouvoir la construction d'un nouvel ordre politique et économique capable de sauvegarder les intérêts communs des pays en développement en ce début de 21è siècle ?", "Comment renforcer la coopération sino-africaine dans le domaine économique et commercial dans la nouvelle ère ?" ?Les dirigeants africains réagirent immédiatement en assurant qu'ils enverraient des ministres à la conférence en question. C'est ainsi qu'en octobre (du 10 au 12) se tint la première conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique. La cérémonie d'ouverture se déroula en présence de plusieurs dirigeants chinois et africains dont certains ne sont plus au pouvoir : le président chinois d'alors Jiang Zemin, son successeur Hu Jintao alors vice-président, Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Gnassingbé Eyadema (Togo) Frederick Chiluba (Zambie), Benjamin Mkapa (Tanzanie), et le secrétaire général de l'OUA (l'ancêtre de l'Union africaine), Salim Ahmed Salim. Plus de 500 personnes venant des pays d'Afrique prirent part à la conférence. En même temps que les leaders de 20 provinces chinoises et les représentants d'une cinquantaine d'entreprises chinoises discutaient avec les officiels africains, des moyens d'accroître le flux des échanges commerciaux avec le continent. Cette première rencontre fut couronnée par une déclaration et un plan d'action. Ces deux documents servent désormais de guide pour l'Afrique et la Chine en vue de faire avancer leur coopération dans tous les domaines. A la même occasion, le gouvernement chinois annonça la réduction ou l'annulation de plus d'un milliard de dollars (environ 500 milliards Fcfa) de dette en faveur des pays pauvres africains très endettés et des moins avancés. La Chine annonça également la création d'un fonds spécial pour encourager ses entreprises à lancer des projets de coopération en Afrique. Depuis lors, les choses sont allées très vite. Ainsi la valeur des échanges sino-africains passa de 10 milliards de dollars (environ 5 000 milliards Fcfa) en 2000 à plus de 12 milliards (près de 6 000 milliards Fcfa) en 2002. A la fin octobre 2003, ce chiffre atteignait 15 milliards de dollars 7 500 milliards Fcfa).
ACCROISSEMENT DE LA PUISSANCE DU CONTINENT : En novembre 2006, les dirigeants africains et chinois se retrouvèrent à Beijing pour un sommet sino-africain au cours duquel il fut décidé d’établir un partenariat stratégique entre la Chine et le continent. ?Pour faire progresser ce nouveau partenariat et favoriser une coopération diversifiée et élargie, le président Hu Jintao annonça que le gouvernement chinois envisageait de prendre une série de mesures phares. Elles sont au nombre de huit. ?La première mesure consiste à augmenter l'aide chinoise aux pays du continent en la doublant en 2009 par rapport à 2006. Par la seconde mesure, la Chine va accorder des prêts préférentiels d'un montant de trois milliards de dollars (1 500 milliards Fcfa) ainsi que des crédits acheteurs à l'exportation de deux milliards (1 000 milliards Fcfa) aux pays africains au cours des trois prochaines années. Troisièmement, Beijing va créer un centre de développement sino-africain dont le capital s'élèvera progressivement à cinq milliards de dollars pour soutenir les entreprises chinoises afin de les encourager à investir en Afrique. ?Ensuite, la Chine aidera à la construction du Centre des conférences de l'Union africaine afin de soutenir nos pays dans leurs efforts d'intégration dont le but final est l'accroissement de la puissance du continent.
La cinquième mesure annoncée par le chef de l'État chinois fut l'annulation des dettes gouvernementales liées aux prêts sans intérêt, arrivant à échéance à la fin de 2005. Sont concernée par cette faveur, les pays pauvres très endettés et les moins avancés et qui ont naturellement des relations diplomatiques avec la Chine. Et même temps, le pays ouvrira davantage son marché aux États africains en portant de 190 à 440, le nombre des produits bénéficiant d'un tarif douanier zéro et en provenance des pays du continent les moins avancés et ayant des relations diplomatiques avec Pékin. Et ce n'est pas tout. La Chine annonça qu’au cours des trois prochaines années, elle allait créer trois à cinq zones de coopération économique et commerciale en Afrique. Beijing fit savoir que la Chine va former pendant les trois prochaines années, 15 000 personnes toutes catégories confondues et envoyer 100 ingénieurs agronomes supérieurs, créer 10 centres pilotes spécialisés dans les techniques agricoles. Il est envisagé de créer 30 hôpitaux et d'offrir à titre gratuit une enveloppe pour lutter contre le paludisme par l'achat de l'artémisine et la création de 30 centres de prévention et de traitement du paludisme. Toujours au chapitre de la huitième mesure, Pékin enverra 300 jeunes volontaires chinois, aidera à créer 100 écoles rurales en Afrique et portera de 2000 à 4000, le nombre de bourses accordées par an aux étudiants africains.