Le développement de la Réunion passe-t-il par un changement de statut ?
Thématique :
La Reunion
CLICANOO.COM | Publié le 21 février 2009
Parmi les mesures annoncées jeudi soir à l’Elysée figure également la question de l’évolution institutionnelle “qui n’est pas tabou”, a dit Nicolas Sarkozy, favorable à la création d’une collectivité locale par département “si c’est le choix de la population”. Qu’en pensent nos élus ?
Mais avant même de donner la parole aux politiques, rappelons que Monseigneur Gilbert Aubry avait, dès lundi dernier, dans une interview accordée au Journal de l’île posé le débat en déclarant : “Pour permettre un meilleur exercice du pouvoir, un changement de statut peut être un levier efficace. C’est pourquoi nous suivons avec attention le débat déjà engagé aux Antilles - Guyane sur les articles 72, 73 et 74 de la Constitution, au sujet d’une évolution institutionnelle”. Et l’évêque de poursuivre : “La nature du statut peut varier selon le choix de chaque DOM et dans le cadre de la Constitution. La Réunion ne peut pas entrer dans ce cas de figure puisque l’article 73 mentionne la non-application de cette possibilité pour le département et la région de La Réunion. N’oublions pas que la Commission Balladur travaille sur une restructuration organique de la France avec des “assemblées uniques” partout. Si ce projet aboutit, La Réunion, qui est dans un statut de droit commun, devra elle aussi évoluer”. Paul Vergès, président de Région, qui n’a pu assister à la réunion de l’Elysée, jeudi soir, pour cause de déplacement en Inde, s’était lui aussi, mardi dernier, prononcé sur la question de l’évolution statutaire, dans le JIR : “Aujourd’hui, telle ou telle personnalité évoque la possibilité de l’assemblée unique, l’hypothèse d’un changement de statut. Ces suggestions sont mises en débat sans anathème. Par contraste, cela nous ramène 50 ans en arrière et on entend encore les accusations de “trahison de la République française”, de “séparatisme”... Nous ne pouvons nous empêcher d’imaginer le temps que la Réunion aurait gagné si ces irresponsables égoïstes n’avaient pas freiné le mouvement. L’augmentation de la population exige que les structures administratives donnent une réponse à cette attente de responsabilité. Sinon l’impasse sera aggravée”.
“Ce n’est pas une priorité”
Le débat sur l’évolution institutionnelle outre-mer est de nouveau ouvert. Un vieux débat. Ramenée sur le devant de la scène aux Antilles car exacerbée par la crise sociale guadeloupéenne, la question statutaire fait cependant moins vibrer les Réunionnais, hormis quelques positions bien affichées. Dans le contexte social et économique, elle ne constitue pas la priorité. Didier Robert, député UMP, le dit clairement : “la question du statut n’est pas au centre des préoccupations des Réunionnais. Aujourd’hui, les difficultés que l’on rencontre au quotidien et les objectifs que l’on peut se donner s’articulent davantage autour des questions économiques et sociales”. Selon le député-maire du Tampon, “l’évolution institutionnelle n’est pas une priorité... L’assemblée unique peut difficilement trouver sa place dans le cadre d’une région monodéparmentale comme la Réunion”. Didier Robert se dit “plutôt favorable au statut quo et à une cohérence des politiques publiques” estimant que “des efforts ont été faits localement entre les deux collectivités en terme de bonne coordination des actions”. A gauche, la tonalité n’est pas totalement différente. Patrick Lebreton n’a pas vraiment une position tranchée sur le sujet. Ni pour ni contre. Mais plutôt contre. “Les Etats généraux que nous avons demandés nous donneront l’occasion d’étudier sur le fond cette question institutionnelle”. Mais si une décision devait être prise à ce niveau, le député-maire socialiste de Saint-Joseph préfère laisser le choix à la population. “La population tranchera le moment venu”. Comme Nicolas Sarkozy, il considère que “l’évolution institutionnelle n’est pas un sujet tabou”. Sans plus. Jean-Claude Fruteau se dit quant à lui “très réservé, voire carrément opposé” à un changement statutaire qui “ferait perdre du temps et de l’énergie” à la Réunion. Le député-maire PS de Saint-Benoît pense que “le développement de la Réunion ne doit pas se poser en terme institutionnel mais bien en terme économique. Il faut que l’Etat avec sa puissance régalienne parvienne à déverrouiller les conglomérats financiers qui bloquent l’économie réunionnaise”. Les autres parlementaires de droite comme de gauche n’en pensent pas moins. En un mot, à entendre nos élus, le changement statutaire ne semble ni d’actualité ni prioritaire à la Réunion.