lundi 2 février 2009

Les positions africaines vont se durcir sur les coups d'Etat

Addis-Abeba - 27/01/2009


Les dirigeants africains qui vont se réunir à Addis-Abeba la semaine prochaine devraient se pencher sur la résurgence des coups d'Etat militaires sur le continent et proposer, de toute urgence, de nouvelles mesures contre leurs auteurs, a annoncé un haut diplomate.

Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA l'ambassadeur Ramtane Lamamra a indiqué que le Conseil de paix et de sécurité (PSC) du continent avait soumis une proposition à la Commission de l'Union africaine sur une série de mesures plus rigoureuses à prendre contre les auteurs des coups d'Etat.

"Les dirigeants africains vont se prononcer de manière individuelle sur cette question. Il s'agit d'un problème urgent et important pour l'UA. Ils vont donner leurs conseils à l'UA sur la manière de faire les choses", a déclaré l'ambassadeur Lamamra dans une interview exclusive accordée à la PANA lundi.

L'Afrique a été le théâtre de trois coups ou tentatives de coups d'Etat en quelques semaines l'année dernière et l'UA a estimé que le fait que ces évènements se soient produits au niveau d'une région particulière en Afrique en un laps de temps si court était l'expression d'un changement de la tendance politique, particulièrement en Afrique de l'Ouest.

L'ambassadeur Lamamra a déclaré que la résurgence des coups d'Etat en Afrique nécessitait une analyse approfondie de la part des organisations et des dirigeants d'Afrique, particulièrement après une tendance observée du continent à se diriger vers la démocratisation.

"Il nous faut une analyse approfondie sur cette question et sur la tendance politique en Afrique. Il y a eu une période durant laquelle la tendance générale était à l'uniformité du paysage autour de la démocratie et du pluralisme (la démocratie multipartite)", a déclaré un diplomate de l'UA. "Toute menace contre ce processus de démocratisation est un pas en arrière".

La Guinée est devenue un des deux états africains qui ont perdu leurs sièges à l'assemblée des chefs d'état de l'UA, après que le PSC a rapidement annoncé la suspension de ce pays d'Afrique de l'Ouest suite à un coup d'état perpétré quelques heures après le décès du président Lansana Conté.

La Mauritanie avait connu le même sort quelque temps auparavant, après que son haut commandement militaire s'empare du pouvoir des mains du président démocratiquement élu Cheikh Ould Abdallahi.

"Cette suspension est un message au reste des pays membres de l'UA et à la communauté internationale sur le sérieux de l'UA s'agissant de la protection de la démocratie en Afrique", a déclaré M. Lamamra.

Les experts souhaitent que l'UA adopte de nouvelles politiques traitant directement des auteurs de coups d'état et autorisant une série de mesures diplomatiques susceptibles de paralyser tout gouvernement non légitime.

"Le Conseil de paix et de sécurité s'est prononcé sur la question des coups d'état et a préconisé un agenda pour renforcer les doctrines de l'UA. Nous allons étudier ceci en tant que Commission avec l'aide des conseils des chefs d'état et d'autres personnes" a déclaré l'Ambassadeur Lamamra.

L'Afrique se base sur l'Acte Constitutif de l'UA, la loi suprême qui a créee l'UA et son secrétariat, appelée la Commission, pour autoriser la suspension des pays qui ne respectent pas les principes de la démocratie et de la bonne gouvernance.

Cet acte prévoit la suspension des acteurs de la scène politique, qui parviennent au pouvoir par des moyens violents ou tout autre moyen inconstitutionnel et dont les pays sont de fait exclus de l'UA, une mesure prise par l'UA pour exprimer clairement sa résolution.

Le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA a indiqué qu'assurer la sécurité de l'Afrique dans la perspective de l'UA consistait à diriger une brigade de pompiers, toujours prête à éteindre les brasiers pouvant éventuellement se déclarer.

"Nous tentons de faire comprendre qu'il ne faut pas allumer de feu, car si c'est le cas il faut pouvoir l'éteindre. En Afrique, il y a tant d'endroits qui brûlent que la Commission doit toujours faire le pompier", a déclaré M. Lamamra à la PANA.