samedi 21 février 2009

Guadeloupe, Martinique, Réunion, Mayotte : les limites du libéralisme outre mer


Alors que la situation en Guadeloupe dégénère et s'étend aux autres dom, le secrétaire d'état à l'outre-mer multiplie les rencontres, tentant d'endiguer la déferlante venue des Caraïbes. Il s'attaque aux dérives du libéralisme appliqué sur les petites collectivités territoriales.

Samedi dernier, il rencontrait M. Bruno LASSERRE, président de l'Autorité de la concurrence. Il a évoqué avec lui les conditions d'exercice de la concurrence dans les économies des départements d'Outre-Mer. En effet, selon lui, « les marchés ultramarins sont éloignés de la métropole, peu ouverts sur leur environnement régional et reposent souvent sur une grande concentration des sociétés d'importation et de distribution. Ces caractéristiques peuvent, en partie, expliquer la différence excessive des prix à la consommation existant entre la métropole et les départements d'Outre-Mer ».

On peut en effet se poser la question du bien-fondé du copier-coller du système libéral mis en place pour des économies concernant des millions de personnes sur des micro-sociétés de quelques centaines de milliers d'habitants d'où la concurrence est quasiment absente en raison de l'étroitesse du marché.

Lors des discussions menées en Guadeloupe, Yves JEGO s'est engagé à « renforcer la transparence des prix et l'information des consommateurs ».

Le Secrétaire d'Etat va donc saisir l'Autorité de la concurrence afin de lui demander, avant l'été, « un avis sur l'exercice de la concurrence dans les départements d'Outre-Mer, et plus particulièrement sur deux sujets très importants pour l'économie de ces départements: les carburants d'une part, les mécanismes d'importation et de distribution des produits de grande consommation d'autre part ».

Hier, dès son retour des Caraïbes, Yves Jégo a entamé une série de consultations visant à « approfondir les deux sujets de fond des conflits ouverts en Martinique et en Guadeloupe ».

Dans cette optique, il va rencontrer la Fédération des entreprises d'outre-mer (FEDOM), le Président de la CGPME, le MEDEF et les représentants des chambres consulaires afin de « travailler la modification des paramètres de la future LODEOM (loi pour le développement économique de l'Outre-Mer) », afin de « faire de cet outil un moyen renforcé de protections des entreprises fragiles outre-mer ».

Yves Jégo a aussi sollicité la grande distribution, les transporteurs, les grossistes et les professionnels de l'import export pour « évoquer les circuits de distribution des produits de vie courante vendus Outre-Mer ».

Enfin, le Secrétaire d'Etat recevra, les banques, l'ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes) et les opérateurs télécoms.

Lors des discussions menées en Guadeloupe, M. Yves JEGO s'est engagé à renforcer la transparence des prix et l'information des consommateurs. Il a donc évoqué avec le Directeur Général de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes) « le suivi du niveau et des conditions de formation des prix dans les économies des départements d'Outre-Mer, les démarches de « chariot type », déjà présentes à La Réunion, seront généralisées à la Guadeloupe et à la Martinique. Les ultramarins disposeront d'un indicateur simple qui servira de repère pour suivre l'évolution du prix des produits de grande consommation ; un serveur téléphonique sera mis à disposition du public, qui pourra ainsi signaler les prix anormaux en vue de faciliter la programmation des enquêtes des services de l'Etat ; afin de mieux évaluer les causes des évolutions des prix, il a été envisagé l'envoi d'une mission temporaire d'appui aux services locaux ».

On peut également s'interroger sur la pertinence des circuits de distribution dans les dom. Même si l'on comprend que l'économie française se protège en favorisant, jusqu'à présent, la vente de produits en provenance de la métropole, il paraît malgré tout saugrenu de faire venir à Mayotte, par exemple, des pommes de terre ou des oignons de Bretagne, en passant par la Réunion, alors que deux îles voisines, Anjouan et Madagascar, les produisent à des coûts évidemment nettement inférieurs. Un exemple qui pourrait vraisemblablement être repris dans tout l'outre-mer.