lundi 3 novembre 2008

Quid de la crise financière internationale et ses répercussions sur l’économie congolaise ?

Kinshasa, 29/10/2008 / Digital Congo.net

La crise financière qui pointe à l’horizon en Rdc ne laisse pas indifférent certaines organisations lucides du pays. Tel est le cas de l’Institut des stratégies pour le développement durable (Isdd), qui a organisé avec l’appui de la Fondation Hanns Seidel, une journée de réflexion pour définir quelques repères indispensables à la compréhension de cette crise qui si l’on y prend garde, risquerait d’enfreindre l’élan de la reconstruction nationale. Dans le cadre de ses missions d’impulser, d’organiser et de vulgariser les politiques économiques et sociales, l’Institut des stratégies pour le développement durable (Isdd), lequel se trouve être un bureau conseil d’analyses et d’étude pour l’élaboration des stratégies politiques et des projets de développement, a organisé le vendredi 24 octobre 2008, une journée d’échange sous le thème : « La crise financière internationale et ses répercussions sur le programme de reconstruction de la République démocratique du Congo ».

Cette importante réunion destinée aux chevaliers de la plume et autres acteurs de la société civile, s’est tenue dans la salle de formation de la Fondation allemande Hanns Seidel, localisée au numéro 57 de l’avenue des Sénégalais, dans la commune de la Gombe.

Ainsi donc, trois orateurs de renom ont animé cette journée d’échange à savoir : les Professeurs Tshunza, Buyoya et Funga Funga.

Parlant de l’origine de cette crise partie des Etats-Unis et que d’aucuns taxent de la crise de sub-prime, l’économiste Tshunza a laissé entendre qu’elle prend sa source dans le secteur immobilier et qu’elle touche, au-delà des crédits hypothécaires à risques accordés aux ménages américains, l’essentiel du système financier et bancaire.

Elle pose, a-t-il dit, au regard de l’importance des banques engluées dans la nasse, une foule de questions liées aussi bien à la traçabilité des risques, aux procédures de titrisation, au contrôle interne des risques, à l’organisation des systèmes de contrôle prudentiel et de supervision bancaire qu’au dispositif de régulation bancaire et financière.

A en croire l’orateur, face à l’étendue du désastre, l’Amérique, d’où est partie cette crise, a décidé d’y répondre par un plan colossal de 700 milliards de dollars auxquels il faut ajouter plus de cent milliards supplémentaires de garantie pour les épargnants. L’objectif du plan -appelé Plan Paulson, du nom du secrétaire d’Etat américain au Trésor qui en eu l’initiative –est de purger le système financier mondial des prêts hypothécaires pourris qui ont contaminer le marché international avec la diffusion dans le système financier des actifs à tous égards toxiques et dont les banques cherchent aujourd’hui à se débarrasser.

En guise de conclusion, le Prof Tshunza est d’avis qu’avec cette crise, les marchés abandonnés à eux-mêmes ne seront pas viables.

Le deuxième intervenant a fait la lecture de la crise financière actuelle. Le professeur Buyoya, puisque c’est de lui qu’il s’est agi, a déclaré que ladite crise n’est pas une surprise, allusion faite aux anciennes publications des économistes internationaux. Pour pallier à cette crise, ce professeur estime qu’il va de soi que le régime des investissements soit revisité en Rdc.

Il a, auparavant, expliqué les trois régimes existant dans le domaine des investissements : les régimes de dissuasion, de contrôle et d’incitation. Cette dernière est celui adopté par le Congo alors qu’en Algérie par exemple, il est utilisé le régime de dissuasion où les investissements dans certains domaines ne reviennent qu’à l’Etat. C’est ainsi qu’en Algérie, les investissements dans le secteur de l’énergie par exemple, est le seul apanage de l’Etat.

Cet éminent orateur a préconisé par ailleurs l’utilisation d’une monnaie mondiale pour mettre fin à des spéculations.

Intervenant à son tour, le Prof Funga Funga a souligné que les causes de la crise financière actuelle sont accentuées au Congo par la recrudescence des guerres avec son corollaire de dilapidation du Trésor public. A titre illustratif, l’orateur a cité la conférence de Goma « Amani », dont les dépenses y relatifs n’avaient pas été prévues dans le budget de l’Etat.

Le prof pense que pour faire face à la crise financière internationale, il importe pour le gouvernement de la RDC d’anticiper des solutions. « Cette crise, on ne la sent pas encore, il faut qu’on puisse agir à temps », a-t-il souligné. Agir à temps, d’après le professeur, c’est résorber au plus vite la question du réseau routier national, celle des infrastructures sanitaires et du salaire des fonctionnaires qu’il faut payer aux ayants droits, etc.

Pour terminer, le Professeur Funga Funga a émis une série des recommandations parmi lesquelles : un soutien efficace à la main d’œuvre productrice des biens et services, protection des ressources naturelles, humanisation des relations entre des Congolais pour barrer la route aux suspicions de tout bord et de tout genre, inventions etc.

Eu égard à ce qui précède, il résulte que, du fait de la crise financière internationale, très peu de richesses seront créées en République Démocratiques du Congo, faute d’investissements. Ce qui entraînera plus de pauvreté dans ce pays. Le gouvernement congolais est ainsi invité à une gestion rationnelle de la chose publique.

En plus, le même expert estime qu’il faut en même temps lutter contre le code minier et le code forestier actuels. « Ce sont des codes ultra-libéraux, il n’y a aucun pays au monde, en ce 21e siècle, où l’on peut proposer des codes qui ne tiennent compte que d’un type de personne, à savoir, l’entrepreneur, et pas suffisamment des autres partenaires sociaux que sont, notamment, les travailleurs et les consommateurs », a-t-il expliqué.

Notons enfin qu’en organisant cette importante réunion, l’Isdd, par le biais de son directeur, le Professeur Kibanda Matungila, a été tout simplement habité par le souci d’inventorier les paramètres susceptibles de permettre à l’Etat d‘engager un processus de reconfiguration de l’économie face aux conséquences de la fameuse crise financière qui bat son plein dans le monde.

Comme l’on peut s’en rendre compte, l’Isdd tient à contribuer à la définition de la politique de lutte contre la pauvreté, tout en diagnostiquant les causes de ladite crise et définir les principes de base des stratégies de politiques publiques appropriées à la situation.