Les Africains doivent affronter des "gouvernements aveugles" au sujet des APE
HARARE , Stanley Kwenda (IPS), 14/11/2008
Les gouvernements africains ont été critiqués pour avoir "aveuglément" négocié les Accords de partenariat économique (APE) controversés sans avoir pris le soin d'informer "les citoyens ordinaires" sur ce qu'ils étaient en train de négocier.
Les politiciens, qui se sont réunis à Genève dans le cadre des rencontres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à Bruxelles pour les pourparlers relatifs aux APE, devraient savoir qu'ils sont là au nom de leurs citoyens et non pour eux-mêmes, a déclaré Rangarirai Machemedze, directeur de l'Institut d'informations et de négociations commerciales de l'Afrique australe et orientale (SEATINI). SEATINI aide au renforcement des capacités africaines dans les pourparlers sur le commerce mondial.
IPS l'a interviewé lors d'une "rencontre de réflexion sur l'état de l'économie et les alternatives durables", organisée la semaine dernière par la Coalition zimbabwéenne sur la dette et le développement (ZIMCODD) dans la capitale zimbabwéenne, Harare. La ZIMCODD est une coalition d'organisations de la société civile zimbabwéenne partageant les mêmes idéaux et travaillant dans le domaine du commerce et du développement économique.
"Si les ressources le permettent, nous devons sensibiliser les gens sur ce que leurs gouvernements négocient pour eux", a confié Machemedze à IPS.
La ZIMCODD organise des rencontres pour essayer de colmater les brèches. "L'objectif principal de cette rencontre est d'essayer de donner aux participants une idée claire du fonctionnement de l'économie d'un pays au sein de l'économie mondiale. Nous voulons les aider à comprendre et leur donner une idée claire du marché mondial", a indiqué à IPS, Dakarayi Matanga, directeur de ZIMCODD.
L'une de ces personnes est Sarah Mwandiyambira, une commerçante transfrontalière zimbabwéenne. Elle avait entendu parler des APE auparavant, mais elle n'a pas eu l'occasion d'avoir une explication appropriée afin de comprendre ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent en réalité.
A un moment donné, elle avait presque fondu en larmes lorsqu'on lui a donné des informations sur le fonctionnement des APE une fois qu'ils seront signés et deviendront des instruments liant l'Union européenne (UE) et les pays africains.
"C'est effroyable. On doit faire quelque chose pour arrêter les APE. Je ne suis qu'une mère célibataire qui dépend du commerce transfrontalier pour envoyer mes enfants à l'école".
Les APE ont été critiqués pour avoir ouvert trop facilement les marchés des pays africains aux produits en provenance de l'UE, détruisant de ce fait la production locale -- qu'elle soit agricole ou industrielle.
Les efforts de l'UE visant à imposer de nouvelles dispositions telles que l'égalité de traitement des entreprises locales et étrangères lorsqu'il s'agit de la passation des marchés par les gouvernements, la libéralisation des services et autres dispositions, ont suscité également des protestations.
Mwandiyambira a déclaré : "Je ne peux pas concevoir que ce soit ce que nos gouvernements négocient pour nous. Je pense que si tous les zimbabwéens sont sensibilisés sur ces APE, ils les désapprouveront. Ils sont seulement là pour nous arracher nos moyens économiques. Après ces discussions, je peux vous dire qu'il s'agit d'un problème sérieux que nous Africains prenons à la légère".
Un autre participant, Sekai Saungweme, consultant juridique et chercheur basé à Harare, ne faisait que fustiger le gouvernement zimbabwéen après avoir compris tous les contours des APE : "C'est un scénario très triste et l'on se demande dans quoi nos gouvernants sont en train de se mettre. Qu'est-ce qu'ils avaient en tête lorsqu'ils ont paraphé les APE? Pourquoi ont-ils paraphé un accord aussi vicié?"
Machemedze a encouragé les gouvernements africains à se mettre ensemble pour aborder les négociations, qui ont été signées à titre provisoire, mais restent à finaliser.
Les gouvernements africains ne font pas ce qu'ils devraient faire, a insisté Machemedze. Il accuse également les gouvernements européens et autres puissances occidentales d'utiliser des tactiques de division ainsi que la politique du bâton et de la carotte dans les négociations commerciales.
"C'est un problème colonial. Les puissantes nations utilisent la tactique du diviser pour régner. Par exemple, si un pays africain recherche un financement pour construire un barrage, on lui dit que s'il veut le financement, il doit appuyer les APE", a prétendu Machemedze, qui participe aux négociations commerciales depuis quatre ans.
"Des coups de fil à minuit sont fréquents lors de ces rencontres. Il n'y a pas de négociations équitables. Les négociateurs africains reçoivent des visites nocturnes dans leurs chambres d'hôtel et on leur promet toute sorte d'aide".
Machemedze soutient également que même avec l'existence d'un tribunal arbitral à l'OMC, les pays africains ne pourront pas poursuivre les pays européens en raison du montant élevé des ressources que nécessitent de telles affaires.
Il croit que le Zimbabwe "devrait se retirer du commerce international. Les gens pourraient dire que nous sommes dans un village planétaire, mais qu'est-ce que l'Afrique en tire? Nous devons d'abord construire nos marchés locaux et ensuite, commercer à une échelle où nous pouvons le faire durablement".
Il a suggéré que les pays africains renforcent leurs marchés locaux et essaient ensuite d'établir des liens commerciaux avec les géants économiques émergents tels que le Brésil, l'Argentine et l'Inde. "Au moins, ils peuvent s'identifier à ses économies émergentes et apprendre de ces pays", a conclu Machemedze.
Les gouvernements africains ont été critiqués pour avoir "aveuglément" négocié les Accords de partenariat économique (APE) controversés sans avoir pris le soin d'informer "les citoyens ordinaires" sur ce qu'ils étaient en train de négocier.
Les politiciens, qui se sont réunis à Genève dans le cadre des rencontres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à Bruxelles pour les pourparlers relatifs aux APE, devraient savoir qu'ils sont là au nom de leurs citoyens et non pour eux-mêmes, a déclaré Rangarirai Machemedze, directeur de l'Institut d'informations et de négociations commerciales de l'Afrique australe et orientale (SEATINI). SEATINI aide au renforcement des capacités africaines dans les pourparlers sur le commerce mondial.
IPS l'a interviewé lors d'une "rencontre de réflexion sur l'état de l'économie et les alternatives durables", organisée la semaine dernière par la Coalition zimbabwéenne sur la dette et le développement (ZIMCODD) dans la capitale zimbabwéenne, Harare. La ZIMCODD est une coalition d'organisations de la société civile zimbabwéenne partageant les mêmes idéaux et travaillant dans le domaine du commerce et du développement économique.
"Si les ressources le permettent, nous devons sensibiliser les gens sur ce que leurs gouvernements négocient pour eux", a confié Machemedze à IPS.
La ZIMCODD organise des rencontres pour essayer de colmater les brèches. "L'objectif principal de cette rencontre est d'essayer de donner aux participants une idée claire du fonctionnement de l'économie d'un pays au sein de l'économie mondiale. Nous voulons les aider à comprendre et leur donner une idée claire du marché mondial", a indiqué à IPS, Dakarayi Matanga, directeur de ZIMCODD.
L'une de ces personnes est Sarah Mwandiyambira, une commerçante transfrontalière zimbabwéenne. Elle avait entendu parler des APE auparavant, mais elle n'a pas eu l'occasion d'avoir une explication appropriée afin de comprendre ce qu'ils sont et ce qu'ils représentent en réalité.
A un moment donné, elle avait presque fondu en larmes lorsqu'on lui a donné des informations sur le fonctionnement des APE une fois qu'ils seront signés et deviendront des instruments liant l'Union européenne (UE) et les pays africains.
"C'est effroyable. On doit faire quelque chose pour arrêter les APE. Je ne suis qu'une mère célibataire qui dépend du commerce transfrontalier pour envoyer mes enfants à l'école".
Les APE ont été critiqués pour avoir ouvert trop facilement les marchés des pays africains aux produits en provenance de l'UE, détruisant de ce fait la production locale -- qu'elle soit agricole ou industrielle.
Les efforts de l'UE visant à imposer de nouvelles dispositions telles que l'égalité de traitement des entreprises locales et étrangères lorsqu'il s'agit de la passation des marchés par les gouvernements, la libéralisation des services et autres dispositions, ont suscité également des protestations.
Mwandiyambira a déclaré : "Je ne peux pas concevoir que ce soit ce que nos gouvernements négocient pour nous. Je pense que si tous les zimbabwéens sont sensibilisés sur ces APE, ils les désapprouveront. Ils sont seulement là pour nous arracher nos moyens économiques. Après ces discussions, je peux vous dire qu'il s'agit d'un problème sérieux que nous Africains prenons à la légère".
Un autre participant, Sekai Saungweme, consultant juridique et chercheur basé à Harare, ne faisait que fustiger le gouvernement zimbabwéen après avoir compris tous les contours des APE : "C'est un scénario très triste et l'on se demande dans quoi nos gouvernants sont en train de se mettre. Qu'est-ce qu'ils avaient en tête lorsqu'ils ont paraphé les APE? Pourquoi ont-ils paraphé un accord aussi vicié?"
Machemedze a encouragé les gouvernements africains à se mettre ensemble pour aborder les négociations, qui ont été signées à titre provisoire, mais restent à finaliser.
Les gouvernements africains ne font pas ce qu'ils devraient faire, a insisté Machemedze. Il accuse également les gouvernements européens et autres puissances occidentales d'utiliser des tactiques de division ainsi que la politique du bâton et de la carotte dans les négociations commerciales.
"C'est un problème colonial. Les puissantes nations utilisent la tactique du diviser pour régner. Par exemple, si un pays africain recherche un financement pour construire un barrage, on lui dit que s'il veut le financement, il doit appuyer les APE", a prétendu Machemedze, qui participe aux négociations commerciales depuis quatre ans.
"Des coups de fil à minuit sont fréquents lors de ces rencontres. Il n'y a pas de négociations équitables. Les négociateurs africains reçoivent des visites nocturnes dans leurs chambres d'hôtel et on leur promet toute sorte d'aide".
Machemedze soutient également que même avec l'existence d'un tribunal arbitral à l'OMC, les pays africains ne pourront pas poursuivre les pays européens en raison du montant élevé des ressources que nécessitent de telles affaires.
Il croit que le Zimbabwe "devrait se retirer du commerce international. Les gens pourraient dire que nous sommes dans un village planétaire, mais qu'est-ce que l'Afrique en tire? Nous devons d'abord construire nos marchés locaux et ensuite, commercer à une échelle où nous pouvons le faire durablement".
Il a suggéré que les pays africains renforcent leurs marchés locaux et essaient ensuite d'établir des liens commerciaux avec les géants économiques émergents tels que le Brésil, l'Argentine et l'Inde. "Au moins, ils peuvent s'identifier à ses économies émergentes et apprendre de ces pays", a conclu Machemedze.