lundi 3 novembre 2008

Effets d’une zone de libre-échange SADC sur la production mauricienne

L'EXpress de Maurice

Le lancement d’une zone de libre-échange entre pays de la «Southern African Development Community» (SADC) est prévu lors du sommet qui se tient ce dimanche. Programme ambitieux pour la libre circulation de marchandises.

Avec la zone de libre-échange de la Southern African Development Community (SADC) vient la réduction de barrières tarifaires. Les opérateurs anticipent des effets divers au niveau des entreprises. Les perspectives diffèrent en fonction de l’importateur, de l’exportateur et de l’entreprise locale. C’est d’ailleurs cette dernière qui pourrait avoir la vie un peu plus dure avec la concrétisation de la zone de libre-échange.

Les producteurs locaux qui alimentent le marché mauricien devront faire face à de nouveaux produits concurrents. Un exemple serait le marché de la lingerie. Le nombre de fabricants locaux est déjà restreint et ils sont déjà en compétition avec les produits en provenance d’Asie. Certains pays de la zone SADC ont acquis de l’expertise dans le domaine de la lingerie.

L’Afrique du Sud compte aussi bon nombre d’opérateurs dans différentes sphères de ce secteur. Si ce pays exporte ses produits vers Maurice, la concurrence s’en trouverait accrue. Dans certains cas, comme dans celui de la lingerie, le consommateur profiterait d’une plus large gamme de produits, ce qui sous-entend aussi plus de compétitivité au niveau des prix. Il en est de même pour les chaussures.

Tous les opérateurs ne se montrent cependant pas inquiets par rapport à une concurrence renforcée. Suren Surat, de SKC Surat, entreprise importatrice de fruits, estime que l’impact de la zone de libre-échange sera minime. «Sur les fruits, il n’y a déjà pas de taxe et là, ça ne va donc pas changer grand-chose», explique-t-il.


Marché de 200 millions d’âmes

Il rappelle que les taxes dont étaient frappés certains des produits qu’il importe ont été graduellement éliminées, comme dans le cas des fraises et des melons d’eau. Suren Surat précise : «Il y a déjà une douzaine d’importateurs à Maurice et le marché est déjà très concurrentiel.»

La venue de nouveaux concurrents n’inquiète pas l’entreprise Hassen Taher, spécialisée dans l’industrie du seafood. «Nous ne craignons pas les baisses de barrières tarifaires parce que nous avions déjà des engagements avec plusieurs entreprises malgaches qui nous fournissent en crustacées et autres produits de la mer pour que nous puissions alimenter les hôtels et les IRS», explique un responsable chez l’importateur.

Avec la zone de libre-échange, les exportateurs mauriciens auront accès à un marché plus large et aux barrières tarifaires réduites ou inexistantes. Avec ses 12 membres, la SADC rassemble en effet une population totale d’environ 200 millions d’habitants.

Les possibilités pour les producteurs mauriciens de s’implanter dans d’autres pays membres de la SADC se trouvent renforcées avec la zone de libre-échange. Les secteurs où Maurice a une certaine expertise sont soulignés. Le savoir-faire mauricien en matière de tourisme est mis en avant comme étant un élément que le pays pourra, sur le court et moyen termes, implanter dans d’autres pays, où les industries du tourisme sont moins développées.

L’expertise mauricienne dans certaines filiales du textile est également relevée comme étant un des créneaux à développer. L’on parle de fabrication de chemises comme un potentiel d’implantation dans d’autres pays membres de la SADC. Si l’Afrique du Sud et Madagascar ont toutes deux des industries textiles développées, les opérateurs mauriciens se placent déjà sur certaines niches.

Sécurité alimentaire

Les possibilités d’implantation ailleurs intéressent des entrepreneurs locaux. Avec la politique du gouvernement de se tourner vers la région pour assurer la sécurité alimentaire, les opérateurs ont commencé à explorer les possibilités. «Nous nous intéressons à de telles possibilités, notamment en Afrique du Sud et Madagascar», soutient Suren Surat. «Il y a là-bas les ressources nécessaires en termes de terres, le coût de production est plus bas qu’ici, notamment en ce qui concerne la main-d’œuvre, le coût du fret baissera et les délais de transit baisseront», prévoit-il.

Certains acteurs économiques estiment que l’impact de la zone de libre-échange ne sera pas tangible uniquement dans le court et moyen termes. D’autres partenaires rappellent que Maurice avait déjà commencé à s’orienter vers la Duty Free Island. Cela minimise l’effet immédiat de la mise en place de la zone de libre-échange, disent-ils.