Les industriels reunionnais de la canne changent de stratégie
Thématique :
La Reunion
Le 22 octobre dernier, un "Conseil de l’agriculture de La Réunion" publiait une page de publicité dans les trois quotidiens sous le titre "La Canne énergie : un grand projet pour La Réunion". Ce communiqué souligne que pour les industriels, le sucre est perdu et qu’ils s’orientent vers d’autres produits. Tout ce schéma ne pourra exister que si les planteurs tirent un bénéfice conséquent de la canne qu’ils plantent.
A un peu plus de cinq ans de l’échéance 2014 concernant le règlement sucrier européen à partir duquel est calculé le prix de la canne, un communiqué du “Conseil de l’Agriculture” de La Réunion dévoile la nouvelle stratégie que comptent mettre en œuvre les industriels pour anticiper la nouvelle donne.
Ils avouent implicitement que le sucre ne sera plus la principale source de revenu de la filière, autrement dit, les industriels anticipent une baisse du prix du sucre. Le “Conseil de l’agriculture” de La Réunion veut mettre l’accent sur la plantation de cannes riches en fibres pour obtenir davantage de bagasse. Cela veut dire qu’à terme, les usiniers devraient gagner plus d’argent en vendant de l’électricité que du sucre.
Sur la forme, ce communiqué est révélateur. Ni la Chambre d’agriculture, ni l’Interprofession ne font partie du "Conseil de l’agriculture" qui s’autoproclame stratège du développement de la filière canne. Les planteurs et les pouvoirs publics sont exclus de cette démarche, alors qu’ils sont les partenaires de la filière canne avec l’usinier.
Les industriels jouent perso
On remarque que prévoyant la critique, les industriels font de la communication : ils veulent peser sur l’opinion publique et prennent à témoin les autres acteurs de l’interprofession.
Cette tactique est une prise d’otages des planteurs, de l’Etat et des collectivités locales. Le Conseil général a investi des centaines de millions d’euros dans le chantier du basculement des eaux, afin d’augmenter le rendement en sucre. La Région a mobilisé des fonds importants pour améliorer les chemins d’exploitation. Pour sa part, l’Etat verse une aide sociale qui compense ce que l’usinier devrait verser au planteur pour que ce dernier puisse avoir un salaire suffisant.
Manifestement, ces pouvoirs publics sont court-circuités par le "Conseil de l’agriculture" qui décide seul de livrer à l’opinion publique une stratégie.
Le planteur est également exclu, car la Chambre d’agriculture ne fait pas partie de ce "Conseil de l’agriculture", pas plus que l’Interprofession où les planteurs co-président les destinées de la filière. Le "Conseil de l’agriculture" est donc une structure qui passe au-dessus des instances où les planteurs sont représentés. Par contre, la stratégie exposée par le "Conseil de l’agriculture" détermine le rôle du planteur dans ses projets : celui d’un livreur de matière première. Le "Conseil de l’agriculture" dit clairement aux planteurs : votre rôle est juste de planter des cannes, nous nous occupons du reste, c’est-à-dire de tirer un maximum de profits de cet or vert.
Sans planteur, pas d’usine
Malgré cela, tout le monde peut remarquer qu’aussi élaborée qu’elle soit, cette stratégie ne peut exister qu’à une seule condition : si les planteurs acceptent de planter de la canne et de livrer les usines en échange d’un bénéfice conséquent.
Dans d’autres pays, il serait inimaginable que les planteurs ne soient pas associés à une stratégie de développement concernant la plante qu’ils cultivent. A Maurice, les planteurs seront actionnaires d’au moins 35% de la nouvelle industrie de la canne. En France, les planteurs de betteraves sont propriétaires de leur industrie, et achètent même des usines ailleurs. Bois-Rouge est là pour rappeler que cette usine est détenue à 51% par des planteurs de betteraves, et à 0% par des planteurs de cannes. Pourtant, Bois-Rouge ne fonctionne que parce que les planteurs livrent leurs cannes à l’usinier. Et comme les planteurs cultivent une plante pleine de richesses, il est juste qu’ils bénéficient d’une répartition équitable de tous les produits tirés de la canne, et qu’ils soient les co-décideurs de la stratégie de développement de la filière.
A un peu plus de cinq ans de l’échéance 2014 concernant le règlement sucrier européen à partir duquel est calculé le prix de la canne, un communiqué du “Conseil de l’Agriculture” de La Réunion dévoile la nouvelle stratégie que comptent mettre en œuvre les industriels pour anticiper la nouvelle donne.
Ils avouent implicitement que le sucre ne sera plus la principale source de revenu de la filière, autrement dit, les industriels anticipent une baisse du prix du sucre. Le “Conseil de l’agriculture” de La Réunion veut mettre l’accent sur la plantation de cannes riches en fibres pour obtenir davantage de bagasse. Cela veut dire qu’à terme, les usiniers devraient gagner plus d’argent en vendant de l’électricité que du sucre.
Sur la forme, ce communiqué est révélateur. Ni la Chambre d’agriculture, ni l’Interprofession ne font partie du "Conseil de l’agriculture" qui s’autoproclame stratège du développement de la filière canne. Les planteurs et les pouvoirs publics sont exclus de cette démarche, alors qu’ils sont les partenaires de la filière canne avec l’usinier.
Les industriels jouent perso
On remarque que prévoyant la critique, les industriels font de la communication : ils veulent peser sur l’opinion publique et prennent à témoin les autres acteurs de l’interprofession.
Cette tactique est une prise d’otages des planteurs, de l’Etat et des collectivités locales. Le Conseil général a investi des centaines de millions d’euros dans le chantier du basculement des eaux, afin d’augmenter le rendement en sucre. La Région a mobilisé des fonds importants pour améliorer les chemins d’exploitation. Pour sa part, l’Etat verse une aide sociale qui compense ce que l’usinier devrait verser au planteur pour que ce dernier puisse avoir un salaire suffisant.
Manifestement, ces pouvoirs publics sont court-circuités par le "Conseil de l’agriculture" qui décide seul de livrer à l’opinion publique une stratégie.
Le planteur est également exclu, car la Chambre d’agriculture ne fait pas partie de ce "Conseil de l’agriculture", pas plus que l’Interprofession où les planteurs co-président les destinées de la filière. Le "Conseil de l’agriculture" est donc une structure qui passe au-dessus des instances où les planteurs sont représentés. Par contre, la stratégie exposée par le "Conseil de l’agriculture" détermine le rôle du planteur dans ses projets : celui d’un livreur de matière première. Le "Conseil de l’agriculture" dit clairement aux planteurs : votre rôle est juste de planter des cannes, nous nous occupons du reste, c’est-à-dire de tirer un maximum de profits de cet or vert.
Sans planteur, pas d’usine
Malgré cela, tout le monde peut remarquer qu’aussi élaborée qu’elle soit, cette stratégie ne peut exister qu’à une seule condition : si les planteurs acceptent de planter de la canne et de livrer les usines en échange d’un bénéfice conséquent.
Dans d’autres pays, il serait inimaginable que les planteurs ne soient pas associés à une stratégie de développement concernant la plante qu’ils cultivent. A Maurice, les planteurs seront actionnaires d’au moins 35% de la nouvelle industrie de la canne. En France, les planteurs de betteraves sont propriétaires de leur industrie, et achètent même des usines ailleurs. Bois-Rouge est là pour rappeler que cette usine est détenue à 51% par des planteurs de betteraves, et à 0% par des planteurs de cannes. Pourtant, Bois-Rouge ne fonctionne que parce que les planteurs livrent leurs cannes à l’usinier. Et comme les planteurs cultivent une plante pleine de richesses, il est juste qu’ils bénéficient d’une répartition équitable de tous les produits tirés de la canne, et qu’ils soient les co-décideurs de la stratégie de développement de la filière.