mardi 7 octobre 2008

La Bourse de Port-Louis trébuche

Article publié le Mercredi 24 septembre 2008

Les volatilités observées sur les Bourses à l’échelle internationale, ajoutées aux incertitudes du lendemain, ont affecté la psychologie de certains investisseurs. Cela a eu un impact prévisible sur la place.

Les indices boursiers jouent le yo-yo. Après les hausses enregistrées durant les deux dernières séances à la Bourse, le SEMDEX, le SEMTRI et le SEM 7 ont chuté à nouveau hier.

Pourtant, au cours des journées de vendredi et de lundi, ces trois indices ont repris la courbe ascendante, recouvrant les points cédés auparavant au début de la semaine passée, au plus fort de la crise financière internationale.

La journée d’hier a toutefois été caractérisée par une nouvelle série de turbulences, quoique relativement moins accentuées que celles observées au cours des journées précédentes.

Le SEMDEX et le SEMTRI ont perdu respectivement 0,45 % de points. Mais pour le SEM 7, la baisse a été relativement plus élevé (0,55 %). Parmi les entreprises cotées, celles qui ont le plus perdu au cours de la séance boursière d’hier sont particulièrement Caudan development qui a perdu 9 %, Fincorp (8,33 %), Mon Tresor Mon Desert (7%), National Investment Trust et Ireland Blyth qui ont perdu respectivement autour de 4 %. Dans le secteur bancaire, la State Bank of Mauritius a vu ses actions baisser de 1,33 %. Celles de la Mauritius Commercial Bank, (MCB) sont restées, quant à elles, inchangées.

L’économiste Swadicq Nuthay, estime que ces fluctuations sur le marché boursier n’ont rien d’anormal. «Les récentes fluctuations observées sur le marché boursier sont surtout le fait de petits porteurs qui, cédant à la panique, ont préféré réaliser tout de suite. Je pense que pour la plupart, les investisseurs étrangers, et les institutionnels se sont gardés de vendre leurs actions ici, estime-t-il. Mais on comprend l’attitude de ce qui vendent. Je suis d’avis que tout est lié aux événements qui se produisent sur les marchés boursiers à l’international. Bien qu’il est bon de ne pas s’affoler, il faut quand même reconnaître qu’aucun pays n’est à l’abri des répercussions de cette crise», conseille-t-il.

Impact psychologique

Les incertitudes sur le calendrier exact de la mise en œuvre du plan de sauvetage financier mentionné par le gouvernement américain ont plongé les marchés boursiers en Europe, en Asie et aux États-Unis dans un mouvement de recul lundi et mardi. De façon immédiate, les répercussions se sont fait sentir aussi à Maurice.

Pour Raj Tapessar, Managing Director à la MCB Stockbrokers, «le marché est psychologiquement atteint. Les gens suivent de près ce qui se passe ailleurs. La crise financière ajoutée à la récession est un très lourd fardeau à porter», explique-t-il. De l’avis de Raj Tapesar, même des institutionnels faisaient partie du lot des vendeurs de ces derniers jours. «Même si leur effectif n’est pas très élevé, je pense que des institutionnels, de même que des individuels, étrangers comme nationaux, ont vendu une partie de leurs actions, suppose-t-il. Mais étant donné que certains vendent, cela implique que d’autres achètent et de nouveaux investisseurs pénètrent le marché. Il y a toujours des opportunités à saisir. Par exemple, des fonds africains continuent d’être investis. Les banques ne sont pas concernées par la crise financière, car leurs fondamentaux demeurent solides. Mais c’est la question d’insécurité et d’incertitude quant à l’avenir qui provoque la nervosité sur les marchés boursiers, explique-t-il. «Celui qui achète les actions d’une compagnie achète le futur de cette dernière. Or nul ne sait ce que l’avenir nous réserve.»

Pour Raj Tapesar, il faut cesser de faire l’amalgame entre économie financière et économie réelle. «Même si nous ne sommes pas en récession, on sera affecté par ses répercussions, en termes d’économie réelle. Mais je suis confiant que nous pouvons y faire face».