Comores : le président du Parlement contre une révision constitutionnelle
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Mardi 14 Octobre 2008
Le projet de révision de la Constitution comorienne cher au président Sambi a essuyé lundi 13 octobre les vives critiques du président du Parlement, Dhoiffir Bounou, qui s’est demandé si le moment était opportun pour une telle décision.
Dans un discours prononcé à l’ouverture de la seconde session parlementaire de l’année 2008, Dhoiffir Bounou reproche au Chef de l’Etat de n’avoir pas respecté les procédures légales de révision constitutionnelle. Le président Ahmed Abdallah Sambi avait fait part, dans un message à l’occasion de la fin du Ramadan, le 1er octobre dernier, de son désir d’alléger l’architecture institutionnelle de l’Etat, invoquant pour cela des raisons budgétaires.
Le projet de Sambi prévoit de réduire l’attelage institutionnel, qui comporte actuellement quatre présidents (un pour l’Union, et trois pour les Iles), quatre parlements et quatre gouvernements. "Un petit pays comme le nôtre ne peut pas se payer le luxe d’avoir toutes ces institutions", avait-il affirmé. Le président comorien voudrait en outre regrouper les élections législatives et présidentielle, estimant que l’économie comorienne ne peu supporter le rythme actuel des consultations.
Selon le Président du Parlement, tout cela semble avoir été décidé "à la grande surprise des Comoriens", Sambi n’ayant "pas consulté les institutions" de l'Etat. Est-ce bien "le moment de changer [la constitution] sans provoquer d’autres problèmes insoupçonnés jusqu’ici ?", s'est interrogé M. Bounou, balayant d’un revers de main l’argument selon lequel la constitution actuelle serait budgétivore.
"La comparaison des chiffres révèle que la seule présidence de l’Union, sans les départements ministériels, équivaut à presque 9 assemb! lées nationales de 33 députés chacune. On se rend compte que ! le budget de la présidence représente trois fois le budget de l’île de Moili, équivaut presque à celui de l’île de Ndzuwani, et représente 94% de celui de l’Ile de Ngazidja", affirme-t-il.
Pour lui, il y a une seule "leçon à retenir" : de toutes les institutions de l’Etat, "la plus largement budgétivore c’est l’Exécutif de l’Union, qui dispose de l’essentiel des recettes du pays et qui les dépense sans modération et à sa guise (…)".
Ce discours au vitriol du président du Parlement contre l’Exécutif rejoint le point de vue d’une vingtaine de partis politiques, qui s’opposent au projet de réforme constitutionnelle, dont un des aspects est que le Chef de l’Etat comorien veut accorder au président de la République de l’Union la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale.