Jégo enterre le débat sur les visas mais relance la polémique sur le low-cost
Thématique :
La Reunion
CLICANOO.COM | Publié le 19 septembre 2008
Le secrétaire d’État à l’Outre-mer valide la vision stratégique de la Région sur l’avenir touristique de la Réunion. La question de la desserte aérienne de l’île reste néanmoins posée.
Ce ne devait être qu’une simple visite de courtoisie. A l’instar d’Hervé Novelli, Yves Jégo ne devait s’attarder que quelques minutes sur le stand de la Réunion, au salon professionnel du tourisme qui s’est ouvert, lundi, à Paris. Mais le secrétaire d’État à l’Outre-mer avait manifestement préparé hier son déplacement.
Invité à déguster un rhum arrangé sous la varangue de la maison créole montée par les ouvriers de la Montagne, Yves Jégo a transformé son rendez-vous républicain avec Pierre Vergès en une véritable conférence de presse. Une conférence au cours de laquelle les deux hommes ont affiché leur complicité retrouvée après avoir manifesté leur désunion ces dernières semaines.
Des concessions importantes
Pierre Vergès était en réalité dans la confidence depuis quelques jours, mais c’est désormais officiel : la question des visas est définitivement réglée. “Avec Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration, nous allons faire en sorte que les touristes étrangers se rendant à la Réunion puissent débarquer sans problème sur ce territoire”, a expliqué hier le plus naturellement du monde Yves Jégo.
Dans la pratique, l’État installera dans l’enceinte portuaire et à l’aéroport des bureaux chargés de gérer ces formalités administratives. Cet engagement devrait figurer noir sur blanc dans la charte de relance de la destination qui sera signée le 21 novembre prochain, à Paris, entre le gouvernement et la Région. La mise au point du ministre met dorénavant un terme au bras de fer que Paul Vergès avait engagé avec le préfet sur ce dossier.
Hier, Yves Jégo a indiqué que ses services attendaient “les corrections” du président de la Région avant de rédiger une nouvelle mouture de la charte. Cette concession de taille n’est pas la seule. Face aux caméras de télévision, le secrétaire d’État à l’Outre-mer a également reconnu qu’il était désormais nécessaire “d’avoir une vision mondiale du tourisme”.
Cette déclaration conforte la Région dans sa volonté de s’ouvrir sur le grand océan Indien et contredit, de fait, la stratégie développée jusqu’ici par la préfecture et ODIT France, le groupement missionné par Matignon pour relancer la destination au lendemain de la crise sanitaire.
Yves Jégo est sans doute allé aussi loin qu’il le pouvait hier pour apaiser les tensions avec le conseil régional. Mais ce rapprochement stratégique ne l’a pas empêché d’évoquer, à son tour, la question de la desserte aérienne des départements d’outre-mer.
Emboîtant cette fois le pas à son collègue du tourisme, le locataire de la rue Oudinot a estimé qu’il fallait aborder ce problème sans tabou, et que le recours éventuel à des opérateurs low-cost devait être examiné avec intérêt.
En 2009, le secrétaire d’État à l’Outre-mer invitera d’ailleurs “toutes les compagnies low-cost du monde” à participer aux assises du tourisme afin que celles-ci puissent appréhender l’évolution du marché aux Antilles et à la Réunion. “Nous devons mettre tous les atouts de notre côté et leur montrer que l’Outre-mer a une réelle stratégie”, a-t-il plaidé.
Hier soir, à la veille de la clôture de Top Résa, Pierre Vergès se félicitait des points de convergence qui apparaissaient “enfin clairement” sur l’avenir touristique de l’île. Mais le président de l’IRT (Ile de la Réunion Tourisme) a pris soin de ne pas s’étendre sur le dossier aérien.
Dans son entourage, on fait simplement remarquer qu’il y a, quelque part, une contradiction à vouloir développer simultanément l’hôtellerie de luxe et le low-cost. Certaines complicités peuvent se révéler, parfois, compliquées à gérer…