Tanzanie: démission du PM impliqué dans un scandale de corruption
Le Premier ministre tanzanien Edward Lowassa et deux ministres ont annoncé jeudi devant le Parlement avoir remis leur démission au président, en raison de leur implication dans un scandale de corruption lié à un contrat énergétique.
"J'ai décidé d'écrire au président pour lui demander de me relever de mes fonctions puisque j'ai été cité dans ce scandale", a déclaré le Premier ministre lors d'une séance retransmise en direct à la télévision.
Le ministre de l'Energie, Nazir Karamagi, et son prédécesseur jusqu'en octobre 2006, aujourd'hui ministre de la Coopération pour l'Afrique de l'Est, Ibrahim Msabaha ont également présenté leur démission.
"J'assume la responsabilité collective, en tant que ministre", a déclaré M. Karamagi devant le Parlement.
"Une partie des problèmes ont été causés par mes subordonnés, et je prend aussi la responsabilité de leurs actes, qui a terni l'image du gouvernement", a affirmé M. Msabaha.
Le président du Parlement a ajourné la session, expliquant qu'il attendait la décision du président tanzanien Jakaya Kikwete, nommé la semaine dernière président en exercice de l'Union africaine.
La décision du Premier ministre, en poste depuis décembre 2005, et des deux ministres, intervient à la suite d'un rapport présenté au Parlement sur un contrat de fourniture d'électricité signé entre le gouvernement et une entreprise américaine, Richmond, installée au Texas.
Selon le rapport, M. Lowassa ainsi que deux autres ministres et plusieurs hauts responsables seraient intervenus au moment de l'appel d'offres en faveur de la société américaine et le contrat serait illégal au regard des règles de passation de marché.
Le contrat porte sur la fourniture de surplus d'électricité en cas de sécheresse dans ce pays d'Afrique de l'est de 38 millions d'habitants, qui dépend essentiellement de l'énergie hydro-électrique.
"Le processus entier a été injuste à mon endroit", a estimé le Premier ministre, reprochant aux enquêteurs de ne pas l'avoir questionné. Il a toutefois admis que les allégations le visant étaient sérieuses et le forçaient à démissionner. "Ce rapport a entaché ma crédibilité", a-t-il dit.
Selon la constitution tanzanienne, le gouvernement sera dissous si le président Kikwete accepte la démission du Premier ministre.
Cette démission intervient à une semaine de la venue en Tanzanie du président américain George W. Bush.
Le président Kikwete est généralement perçu comme inflexible dans la lutte contre la corruption. En janvier, il avait relevé de ses fonctions le gouverneur de la banque centrale à la suite d'un audit révélant des malversations dans des opérations de remboursement de la dette extérieure.