Tournée africaine: Nicolas Sarkozy enrichit l'uranium controversé d'Areva
Thématique :
afrique
A l'occasion du voyage présidentiel au Niger, les pratiques de l'entreprise suscitent une salve de critiques...
Areva au Niger. Un Etat dans l’Etat. Quarante ans de présence sur le sol aride de ce pays d’Afrique de l’Ouest, deuxième employeur national après l’administration, près de 20% des dépenses de santé... Une passerelle de la Françafrique de Foccart jusqu’aux cimes du CAC 40, des enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux, et une question forcément délicate pour Nicolas Sarkozy, en visite au Niger ce vendredi, accompagné d’Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, venue défendre les pratiques de son entreprise.
Au menu des discussions, «le jackpot», comme disent les ingénieurs d’Areva : l’exploitation du gisement d’Imouraren, qui recèle la moitié des réserves du pays, et dont la production est estimée à 5000 tonnes/an pendant environ 35 ans. Un accord historique pour son exploitation a été signé le 5 janvier 2009, entre le ministre des Mines et de l’Energie, Mohamed Abdoulahi, et la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, à Niamey. Il est intervenu après des mois de tractations et l’intervention de Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises pour rassurer le président nigérien Mamadou Tandja, qui accusait Areva de soutenir la rébellion touareg dans le nord du pays.
«Des dommages environnementaux dramatiques»
Le gisement d’Imouraren s’ajoute à celui à ciel ouvert d'Arlit et à la mine souterraine d'Akokan, tous deux dans le Nord du pays. Il sera ouvert en 2012, créera 1.400 emplois et hissera immédiatement le Niger au deuxième rang des pays producteurs d’uranium dans le monde. Areva détiendra 66,65% de la nouvelle société exploitante du yellow cake, contre 33,35% pour l’Etat du Niger.
Le «jackpot» d’Areva est le cauchemar des ONG. Des organisations nigériennes ont rappelé ce jeudi le groupe français à ses obligations: «Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l'environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines. Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d'eau».
Depuis 2005, la critique en France se fait également de plus en plus sévère. «L’exploitation de l’uranium cause des dommages dramatiques (contaminations, assèchement des nappes phréatiques), et met en danger la santé des mineurs, explique Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du nucléaire. D’immenses quantités de CO2 sont émises lors des opérations d’extraction, de transformation et de transport de l’uranium.»
La question des expropriations
Stéphane Lhomme, qui a réuni plusieurs acteurs politiques de l’opposition mardi dernier (Olivier Besancenot du NPA, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, Corinne Lepage de Cap21, Cécile Duflot pour les Verts), double la critique environnementale d’une dénonciation sociale: «Sur le plan économique, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde: 45 ans d’exploitation de l’uranium par Areva (auparavant Cogéma), n’ont rien apporté de bon aux populations du Niger, en particulier aux Touaregs, qui sont chassés au profit des activités d’Areva».
Areva se défend de ces expropriations: «Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘‘plat’’, sans aucun relief, explique son porte-parole, Yves Dufour, au JDD. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger, peu de personnes possèdent un terrain dans les deux tiers nord du pays.»
Un nouvel accord en RDC
Quant à la visite de Nicolas Sarkozy, Areva confie «qu’elle n'influe en rien sur ces affaires (...). L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.»
Ce jeudi après-midi, Anne Lauvergeon a signé un accord portant sur la recherche et l'exploitation de futures mines d'uranium en République démocratique du Congo (RDC) à l’occasion de la venue de Nicolas Sarkozy. «Un partenariat gagnant-gagnant de valorisation des ressources minières du pays», précise Areva dans un communiqué.
Areva au Niger. Un Etat dans l’Etat. Quarante ans de présence sur le sol aride de ce pays d’Afrique de l’Ouest, deuxième employeur national après l’administration, près de 20% des dépenses de santé... Une passerelle de la Françafrique de Foccart jusqu’aux cimes du CAC 40, des enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux, et une question forcément délicate pour Nicolas Sarkozy, en visite au Niger ce vendredi, accompagné d’Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, venue défendre les pratiques de son entreprise.
Au menu des discussions, «le jackpot», comme disent les ingénieurs d’Areva : l’exploitation du gisement d’Imouraren, qui recèle la moitié des réserves du pays, et dont la production est estimée à 5000 tonnes/an pendant environ 35 ans. Un accord historique pour son exploitation a été signé le 5 janvier 2009, entre le ministre des Mines et de l’Energie, Mohamed Abdoulahi, et la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, à Niamey. Il est intervenu après des mois de tractations et l’intervention de Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises pour rassurer le président nigérien Mamadou Tandja, qui accusait Areva de soutenir la rébellion touareg dans le nord du pays.
«Des dommages environnementaux dramatiques»
Le gisement d’Imouraren s’ajoute à celui à ciel ouvert d'Arlit et à la mine souterraine d'Akokan, tous deux dans le Nord du pays. Il sera ouvert en 2012, créera 1.400 emplois et hissera immédiatement le Niger au deuxième rang des pays producteurs d’uranium dans le monde. Areva détiendra 66,65% de la nouvelle société exploitante du yellow cake, contre 33,35% pour l’Etat du Niger.
Le «jackpot» d’Areva est le cauchemar des ONG. Des organisations nigériennes ont rappelé ce jeudi le groupe français à ses obligations: «Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l'environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines. Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d'eau».
Depuis 2005, la critique en France se fait également de plus en plus sévère. «L’exploitation de l’uranium cause des dommages dramatiques (contaminations, assèchement des nappes phréatiques), et met en danger la santé des mineurs, explique Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du nucléaire. D’immenses quantités de CO2 sont émises lors des opérations d’extraction, de transformation et de transport de l’uranium.»
La question des expropriations
Stéphane Lhomme, qui a réuni plusieurs acteurs politiques de l’opposition mardi dernier (Olivier Besancenot du NPA, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, Corinne Lepage de Cap21, Cécile Duflot pour les Verts), double la critique environnementale d’une dénonciation sociale: «Sur le plan économique, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde: 45 ans d’exploitation de l’uranium par Areva (auparavant Cogéma), n’ont rien apporté de bon aux populations du Niger, en particulier aux Touaregs, qui sont chassés au profit des activités d’Areva».
Areva se défend de ces expropriations: «Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘‘plat’’, sans aucun relief, explique son porte-parole, Yves Dufour, au JDD. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger, peu de personnes possèdent un terrain dans les deux tiers nord du pays.»
Un nouvel accord en RDC
Quant à la visite de Nicolas Sarkozy, Areva confie «qu’elle n'influe en rien sur ces affaires (...). L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.»
Ce jeudi après-midi, Anne Lauvergeon a signé un accord portant sur la recherche et l'exploitation de futures mines d'uranium en République démocratique du Congo (RDC) à l’occasion de la venue de Nicolas Sarkozy. «Un partenariat gagnant-gagnant de valorisation des ressources minières du pays», précise Areva dans un communiqué.