La Reunion: Les collectivités poussent l’État à lâcher davantage
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La Reunion
CLICANOO.COM | Publié le 18 mars 2009
La Région et le Département ont apporté hier leur contribution au débat. Très critiques sur l’action de l’Etat, les collectivités estiment que les réponses apportées à la crise aux Antilles pourraient, dans certains cas, être adaptées à la situation de la Réunion.
L’État et la Région sont entrés de nouveau dans une partie de ping-pong, comme lors du conflit des transporteurs, l’an dernier, ou encore lors du débat sur la continuité territoriale. Depuis trois jours, on peut aisément compter les points. Le premier est attribué au président de la Région. Paul Vergès, apparu comme l’homme du consensus, est sorti de sa discrétion en recevant dimanche une délégation du Cospar à la Pyramide inversée. Lundi soir, le préfet, Pierre-Henry Maccioni tentait de reprendre la main en jouant la carte de l’opinion sur les plateaux télévisés. Dans un communiqué transmis aux médias peu après, celui-ci indiquait qu’“il ne peut y avoir deux méthodes, deux logiques de travail, deux accords différents à l’œuvre”. La critique s’adresse directement à la Région. Un point partout, retour à l’envoyeur.
Ne pas exclure les minima sociaux
Comme on pouvait s’y attendre, la réponse de la Région ne s’est pas fait attendre. Paul Vergès accompagné de Nassimah Dindar organisait hier matin une conférence de presse dans le but d’apporter à leur tour leur “contribution” au débat en cours. “Nous ne sommes pas là pour reprendre la main, mais pour la donner”, a déclaré d’emblée Paul Vergès, même si ce dernier s’est appliqué à descendre en règle la plupart des initiatives avancées par l’État. Comme lorsque la Région critique le principe d’extension des 50 euros du Medef à l’ensemble des entreprises, même les plus petites, en cas de signature d’un protocole d’accord. “Est-ce qu’on veut aller vers l’élimination de la majorité des PME-TPE à la suite de ces accords ?”, demande Paul Vergès. Ou lorsqu’il pointe du doigt le danger qui plane sur le budget des municipalités dans le débat ouvert par le préfet sur les revenus des journaliers communaux, à savoir les bas salaires de la fonction publique territoriale. Une demande qui émanait pourtant de la Région elle-même. Après avoir longtemps souligné qu’il fallait “des réponses réunionnaises aux problèmes réunionnais”, le président de la pyramide inversée, qui n’a pas peur de la contradiction, s’étonnait hier que les réponses apportées par l’État aux Antilles ne soient pas appliquées ici. Pour la Région, l’accord des Antilles peut-être étendu à la Réunion, notamment sur les questions des prix et des minima sociaux. Pas question en revanche de participer à l’effort consenti par les collectivités antillaises - Région et Département - de 25 euros chacune pour le salarié du privé touchant jusqu’à 1,4 Smic. En Martinique, l’accord qui doit être rédigé dans les jours à venir devrait, selon Paul Vergès, inclure des primes et des bons d’achats de 150 euros aux familles modestes. Ainsi que des revalorisations des prestations familiales, l’API (allocation parent isolé) ou encore l’AAH (allocation adulte handicapée). La Région, prenant à parti le secrétaire d’État à l’Outre-mer, Yves Jégo, qui avait indiqué que “tout ce qui serait appliqué en Guadeloupe le serait également à la Réunion”, demande donc à l’État de confirmer ses dires en participant davantage à l’effort financier pour ne pas laisser les minima sociaux réunionnais, 140 000 bénéficiaires pour 250 000 familles, sur le bord de la route. “On n’a pas inventé tout ça, voilà ce qu’il y a dans les accords aux Antilles. C’est notre contribution au débat, on va le mettre entre les mains des parties, État et Cospar”, a conclu Paul Vergès. De son côté le Département a tenu un discours similaire, précisant qu’il n’avait pas changé sa position d’un iota. À défaut de participation financière, les collectivités territoriales apportent leur participation aux discussions et renvoient l’État à ses responsabilités. Mais le match n’est certainement pas terminé.