L'opposant Rajoelina prend le pouvoir à Madagascar
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Flore Galaud (lefigaro.fr) avec AFP - 17/03/2009
Après avoir reçu de l'armée les «pleins pouvoirs», le leader de l'opposition s'est déclaré président de transition et a annoncé la tenue d'une élection présidentielle anticipée d'ici 24 mois.
Après deux mois de bras de fer, l'opposition malgache a fini par obtenir gain de cause. Le président Marc Ravalomanana a annoncé sa démission mardi. Une issue qui semblait inéluctable depuis samedi, lorsque l'armée, d'abord neutre, a décidé de rejoindre le camp de l'opposition mené par Andry Rajoelina.
Mardi soir,le directoire militaire mis en place après la démission du président a transmis par ordonnance les «pleins pouvoirs» au chef de l'opposition Andry Rajoelina, a annoncé à la presse ce directoire depuis un camp militaire. Une décision «qui n'a pas été forcée», a assuré le vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson, qui avait été désigné chef du directoire quelques heures auparavant par Marc Ravalomanana.
Quelques minutes plus tard, Andry Rajoelina a déclaré sur la chaîne d'information française LCI : «Je suis à la tête du gouvernement de transition qui prépare l'élection présidentielle anticipée qui se déroulera d'ici 24 mois. Donc, vous pouvez m'appeler Président».
Appel à la vigilance pour les Français
On ignore pour l'heure où se trouve exactement l'ex-président Marc Ravalomanana. Dimanche encore, il assurait qu'il ne démissionnerait «jamais» face à la contestation menée par Andry Rajoelina, qui s'est fait le porte-voix des frustrations de nombreux Malgaches touchés par la hausse des prix, et de leur ressentiment contre le président, décrit comme coupé de la population et affairiste. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) a en tout cas lancé mardi un appel pour que sa sécurité «soit assurée». Ces derniers jours, l'hypothèse d'un prochain départ en exil était évoquée avec insistance, l'essentiel de sa famille ayant déjà quitté la Grande Ile de l'océan Indien.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon s'est quant à lui dit «gravement préoccupé par les développements en cours à Madagascar», a indiqué un porte-parole de l'organisation. Il «appelle toutes les parties concernées à agir de manière responsable pour la stabilité et une transition sans heurt par la voie démocratique».
La France a de son côté appelé les Malgaches à trouver une issue pacifique à la crise : «C'est aux Malgaches de trouver entre eux les moyens de sortir de la crise de manière pacifique et durable dans un esprit de dialogue et de réconciliation», a ainsi déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Eric Chevallier. En concertation étroite avec l'ONU, la France a toutefois réitèré sa disponibilité «pour appuyer une solution entre Malgaches», a-t-il ajouté, en rappelant que la consigne de «grande prudence» restait en vigueur pour la communauté française dans l'île. Madagascar compte quelque 25.000 ressortissants français, dont la moitié de bi-nationaux.