MADAGASCAR : l’histoire se répète - Nad SIVARAMEN
Thématique :
maurice
2009 aurait dû être une année phare pour Madagascar. Mais au lieu des bruits de chantiers en construction qui auraient dû être entendus, et ce en marge du prochain Sommet de l’Union africaine, ce sont des bruits sinistres de saccages, de pillages et de tueries qui résonnent, le tout dans un désordre urbain et des bâtiments en flammes, une scène qui une fois encore, vient remettre en question la démocratie malgache, moins de sept ans après la crise majeure de 2002.
Il est intéressant de noter les points communs entre l’épisode de 2002 et les faits qui se produisent aujourd’hui. Les rôles ont changé certes, mais le scénario est pratiquement le même. Le jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina, appelle à la révolte populaire afin de chasser hors du pouvoir le régime du président actuel, Marc Ravalomanana, qui hier encore, alors lui- même maire de la capitale, était porté sur les épaules d’une foule affamée de changement, et accusait de dérive « autocratique » , voire « monarchique » l’Amiral Ratsiraka, aujourd’hui en exil en France.
Comme Ratsiraka hier, Ravalomanana donne l’impression d’avoir sous- estimé son adversaire politique du jour, bien plus jeune que lui.
Comme en 2002, la colère éclate à Tana, avant de gagner progressivement les autres provinces – sauf que cette fois- ci, ce sont deux politiciens des hauts plateaux qui s’affrontent, alors que le conflit entre Ravalomanana et Ratsiraka était principalement un affrontement entre les Tananariviens et les côtiers, avec des dérives ethniques et qui aura duré six longs mois.
Autre rappel sonore : l’utilisation des radios – ou des médias en général dans le cas du président- industriel Ravalomanana – dans la mobilisation d’un groupe contre un autre. On a vu les ravages que cela pouvait causer ailleurs en Afrique.
A Tana aussi, tout a commencé dans les rues après l’arrêt des émissions de Radio Viva, la station du chef de l’opposition et maire Rajoelina. Et la colère des citoyens- auditeurs – qui n’est pas sans rappeler dans une certaine mesure les événements violents de la « RadioFreedom » de Camille Sudre, qui ont fait bouillir Le Chaudron à La Réunion - ont résulté dans la destruction, entre autres, d’une chaîne de télévision privée liée au président Ravalomanana.
Pour calmer les choses, le président a dû rendre la liberté aux ondes de Radio Viva. Sa rédactrice en chef, Liane Herisoa, a déclaré à l’ » Associated Press » que M. Rajoelina avait affirmé dans un discours être soutenu par l’armée et projeter de former un gouvernement de transition.
C’est dire à quel point la cassure malgache est profonde. La Fédération internationale des journalistes a tout de suite exprimé sa très vive préoccupation suite aux récentes attaques contres les médias dans ce « climat politique très tendu » . « Cette situation de conflit politique par médias interposés n’est pas de nature à garantir un climat serein pour le travail des journalistes qui sont pris entre le marteau et l’enclume » , a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. En 2002, la communauté internationale ne savait pas vraiment comment résoudre la crise entre Ravalomanana et Ratsiraka, quand la Grande île avait deux présidents auto- proclamés.
Aujourd’hui, elle voit bien que le jeune Rajoelina est perçu dans la rue comme un héros qui veut mettre fin aux « largesses du président actuel » . La grave crise alimentaire est devenue le carburant du maire qui a promis de vendre, s’il accède au pouvoir, l’avion présidentiel afin d’acheter de la nourriture pour les démunis. Dimanche dernier, un appel a été lancé pour l’annulation du prévu sommet africain sur la terre malgache, d’aucun affirmant que ce n’était pas une priorité pour le pays.
Le président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping, se dit préoccupé par la situation à Madagascar. Le ministère français des Affaires étrangères a fait part de sa vive inquiètude face aux scènes de violence, déplorant le fait qu’il y ait eu des pertes de vies humaines, tout en condamnant les actes de pillage. L’ambassade de France est en contact très étroit avec la communauté française dans la Grande île : « Nous déconseillons depuis hier ( NdlR, mardi) tout déplacement à Madagascar. » Et dire que la Banque mondiale vient tout juste de débloquer 40 millions de dollars pour soutenir les actions du gouvernement en matière de sécurité alimentaire et de... reconstruction des infrastructures du pays.
Il est grand temps donc que la tension s’apaise, et ce pour le bien des quelque 20 millions de Malgaches, nos voisins d’à côté. La politique, davantage que les cyclones, a suffisamment ravagé la Grande île...
Il est intéressant de noter les points communs entre l’épisode de 2002 et les faits qui se produisent aujourd’hui. Les rôles ont changé certes, mais le scénario est pratiquement le même. Le jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina, appelle à la révolte populaire afin de chasser hors du pouvoir le régime du président actuel, Marc Ravalomanana, qui hier encore, alors lui- même maire de la capitale, était porté sur les épaules d’une foule affamée de changement, et accusait de dérive « autocratique » , voire « monarchique » l’Amiral Ratsiraka, aujourd’hui en exil en France.
Comme Ratsiraka hier, Ravalomanana donne l’impression d’avoir sous- estimé son adversaire politique du jour, bien plus jeune que lui.
Comme en 2002, la colère éclate à Tana, avant de gagner progressivement les autres provinces – sauf que cette fois- ci, ce sont deux politiciens des hauts plateaux qui s’affrontent, alors que le conflit entre Ravalomanana et Ratsiraka était principalement un affrontement entre les Tananariviens et les côtiers, avec des dérives ethniques et qui aura duré six longs mois.
Autre rappel sonore : l’utilisation des radios – ou des médias en général dans le cas du président- industriel Ravalomanana – dans la mobilisation d’un groupe contre un autre. On a vu les ravages que cela pouvait causer ailleurs en Afrique.
A Tana aussi, tout a commencé dans les rues après l’arrêt des émissions de Radio Viva, la station du chef de l’opposition et maire Rajoelina. Et la colère des citoyens- auditeurs – qui n’est pas sans rappeler dans une certaine mesure les événements violents de la « RadioFreedom » de Camille Sudre, qui ont fait bouillir Le Chaudron à La Réunion - ont résulté dans la destruction, entre autres, d’une chaîne de télévision privée liée au président Ravalomanana.
Pour calmer les choses, le président a dû rendre la liberté aux ondes de Radio Viva. Sa rédactrice en chef, Liane Herisoa, a déclaré à l’ » Associated Press » que M. Rajoelina avait affirmé dans un discours être soutenu par l’armée et projeter de former un gouvernement de transition.
C’est dire à quel point la cassure malgache est profonde. La Fédération internationale des journalistes a tout de suite exprimé sa très vive préoccupation suite aux récentes attaques contres les médias dans ce « climat politique très tendu » . « Cette situation de conflit politique par médias interposés n’est pas de nature à garantir un climat serein pour le travail des journalistes qui sont pris entre le marteau et l’enclume » , a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. En 2002, la communauté internationale ne savait pas vraiment comment résoudre la crise entre Ravalomanana et Ratsiraka, quand la Grande île avait deux présidents auto- proclamés.
Aujourd’hui, elle voit bien que le jeune Rajoelina est perçu dans la rue comme un héros qui veut mettre fin aux « largesses du président actuel » . La grave crise alimentaire est devenue le carburant du maire qui a promis de vendre, s’il accède au pouvoir, l’avion présidentiel afin d’acheter de la nourriture pour les démunis. Dimanche dernier, un appel a été lancé pour l’annulation du prévu sommet africain sur la terre malgache, d’aucun affirmant que ce n’était pas une priorité pour le pays.
Le président de la commission de l’Union africaine, Jean Ping, se dit préoccupé par la situation à Madagascar. Le ministère français des Affaires étrangères a fait part de sa vive inquiètude face aux scènes de violence, déplorant le fait qu’il y ait eu des pertes de vies humaines, tout en condamnant les actes de pillage. L’ambassade de France est en contact très étroit avec la communauté française dans la Grande île : « Nous déconseillons depuis hier ( NdlR, mardi) tout déplacement à Madagascar. » Et dire que la Banque mondiale vient tout juste de débloquer 40 millions de dollars pour soutenir les actions du gouvernement en matière de sécurité alimentaire et de... reconstruction des infrastructures du pays.
Il est grand temps donc que la tension s’apaise, et ce pour le bien des quelque 20 millions de Malgaches, nos voisins d’à côté. La politique, davantage que les cyclones, a suffisamment ravagé la Grande île...