Le tourisme en attente d’un stimulus
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Sharon SOOKNAH - L'Express de Maurice
En 2008 le secteur touristique a indiscutablement ressenti les effets de la crise financière, comme l’indiquent les chiffres présentés il y a deux jours. Maurice n’aura accueilli que 2,6% de touristes de plus en 2008. Le « Additional Stimulus Package » de l’Etat avait déjà annoncé en décembre dernier plusieurs mesures pour soutenir les divers secteurs de l’économie, dont le tourisme. Ces mesures sont en train d’être peaufinées.
CROISSANCE réduite en 2008. Les autorités ont annoncé mardi que Maurice a accueilli, l’année dernière, 930 456 touristes, soit 2,6 % de plus qu’au cours de l’année précédente.
Début 2008, après une année que beaucoup ont qualifié d’ « euphorique » , la barre avait été placée haut, avec des espoirs d’atteindre 8 % de croissance touristique. Mais si croissance il y a eu l’année dernière, celle- ci a été en dessous des attentes. La crise financière est passée par là.
Aujourd’hui, alors que le mois de janvier tire à sa fin, les projections pour le proche avenir restent plutôt sombres. Patrice Legris, directeur de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice ( AHRIM), confirme que les mois à venir ne s’annoncent pas bien. « Nous sommes pessimistes pour le court terme et le moyen terme mais nous ne savons pas quelle sera la durée de cette crise et donc quel sera son impact sur le tourisme » , explique ce porteparole de l’hôtellerie qui siège aussi au souscomité mis en place pour traiter du tourisme dans le cadre du Mechanism for Transitional Support . Ce mécanisme de relance économique a été institué avec le Additional Stimulus Package ( ASP) présenté en décembre dernier par l’Etat.
Si le mois de janvier n’a pas été mauvais pour plusieurs opérateurs du tourisme, plusieurs d’entre eux s’attendent à des temps durs à partir du mois prochain. Les réceptifs retiennent eux aussi leur souffle. « Nous nous attendons à une baisse au niveau du nombre des arrivées de 10 % à 15 % pour les mois de février, mars, mai et juin » , soutient Jeenarain Soobragrah, président de l’ Association of Inbound Operators – Mauritius , qui regroupe une vingtaine de réceptifs employant, dans l’ensemble, environ 3 000 personnes.
Bissoon Mungroo, président de l’Association des Hôtels de Charme – organisme qui regroupe des petits hôtels – souhaite, quant à lui, ne pas se montrer alarmiste.
« Le mois de janvier a été raisonnable et la première Le tourisme
quinzaine de février devrait l’être aussi. C’est cependant à partir de la deuxième quinzaine de février que ça paraît inquiétant. Ce ne sera pas rose, mais c’est un défi à relever » . Les hôteliers n’en demeurent pas pour autant frileux sur le sujet de la performance du secteur touristique en 2009 – les taux de remplissage à venir restent secrets. De son coté, Bissoon Mungroo explique qu’il est difficile d’établir des prédictions pour l’année.
« Nous n’avons pas de signes précis parce que beaucoup de gens font maintenant des réservations à la dernière minute » . Ces propos trouvent aussi écho chez Jeenarain Soobagrah. « On ne peut pas à ce stade avoir une réelle visibilité sur toute l’année. On peut seulement commenter sur la période de janvier à juin » . Cet opérateur estime cependant que le mois d’avril a des chances d’être un bon mois pour le secteur touristique en raison des vacances de Pâques – comme c’est habituellement le cas chaque année.
Au niveau de l’AHRIM, si les pronostiques immédiats ne sont pas reluisants, l’anticipation par rapport au long- terme reste positive. « Nous sommes optimistes pour le futur car tous les indicateurs sont unanimes, la croissance dans le tourisme repartira après la crise. Il s’agit donc d’avoir les moyens de résister, de faire face à cette crise et de pouvoir rebondir après » , estime Patrice Legris.
L’Etat n’est pas resté passif face à la crise financière. En décembre dernier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le ministre des Finances, Rama Sithanen, présentaient le Additional Stimulus Package – un plan de relance pour soutenir les industries fragilisées.
Ce plan ambitionne de venir en aide à plusieurs secteurs vulnérables de l’économie mauricienne.
Le textile et le tourisme, dont les principaux marchés sont en Europe, sont tous deux au premier front pour en caisser les vagues de répercussions de la crise financière, dont notamment, une baisse significative au niveau de la consommation sur les principaux marchés européens.
Par rapport au tourisme, l’ASP a annoncé plusieurs mesures ( voir en - cadré). Celles- ci de - vraient avoir des effets à plusieurs niveaux.
Le directeur de l’AHRIM explique les répercussions attendues de ces mesures.
L’orga nisme a d’ailleurs été consulté durant la préparation du package. « Le stimulus package, proposé au secteur touristique, intervient sur deux volets pour faire face à la crise financière et à la récession mondiale. Le premier volet concerne le budget supplémentaire de Rs 100 millions accordé à la MTPA qui pourrait avoir un impact sur la visibilité de la destination et par conséquent sur le nombre d’arrivées dans les court et moyen termes » . Patrice Legris explique aussi que « le deuxième volet est un allègement fiscal, à savoir une suspension ou une conditionnalité liée au paiement de deux fees et levies qui n’étaient applicables que, principalement, à notre secteur » . Onze sous- comités travaillent actuellement sur diverses propositions dans le cadre du Mechanism for Transitional Support . Chacun d’entre eux regroupe différents représentants qui se penchent sur un secteur particulier. Les modalités de la mise en application des différentes mesures qui seront concrétisées, restent toujours à être définies. « Ces mesures sont en cours de discussions et de finalisation car cela implique une intervention de plusieurs organisations; ces mesures concernent principalement un apport en capital ou des facilités pour restructurer les dettes existantes ou encore du working capital » , fait ressortir Patrice Legris. Les critères qui devront être satisfaits afin de bénéficier des mesures de soutien restent eux aussi à être établis.
« Les critères ne sont pas encore finalisés mais ils seront pratiquement les mêmes pour tous les secteurs.
Les entreprises en difficulté souhaitant bénéficier de ces mesures devront soumettre une demande avec un certain nombre d’information, d’analyse et de prévi - sions » , ex plique le directeur de l’AHRIM. Une réu nion du comité principal du Mecha - nism for Transitional Sup port est prévu aujourd’hui.
Le Stimulus Package est clair : aucun licenciement dans le tourisme ne pourra être fait sans consultation au préalable avec l’Etat, ni sans programme de formation.
Bissoon Mungroo estime lui, qu’il y a certains paramètres à prendre en considération.
« Tout le monde sait que nous prenons de la main- d’oeuvre additionnelle pour les mois de novembre à janvier. Ces gens- là ne sont pas sur le payroll . Que sommes- nous supposés faire par rapport à eux ? » s’interroge- t- il. Jeenarain Soobagrah souligne que « la baisse au niveau des arrivées aura pour effet une baisse au niveau de l’utilisation de nos ressources. Et pour nous touropérateurs, les ressources principales sont les ressources humaines et les véhicules » . Pour l’instant, tous sont cependant unanime, le licenciement reste le dernier recours.
« Nous sommes pessimistes pour le court terme et le moyen terme mais nous ne savons pas quelle sera la durée de cette crise et donc quel sera son impact sur le tourisme ».
En 2008 le secteur touristique a indiscutablement ressenti les effets de la crise financière, comme l’indiquent les chiffres présentés il y a deux jours. Maurice n’aura accueilli que 2,6% de touristes de plus en 2008. Le « Additional Stimulus Package » de l’Etat avait déjà annoncé en décembre dernier plusieurs mesures pour soutenir les divers secteurs de l’économie, dont le tourisme. Ces mesures sont en train d’être peaufinées.
CROISSANCE réduite en 2008. Les autorités ont annoncé mardi que Maurice a accueilli, l’année dernière, 930 456 touristes, soit 2,6 % de plus qu’au cours de l’année précédente.
Début 2008, après une année que beaucoup ont qualifié d’ « euphorique » , la barre avait été placée haut, avec des espoirs d’atteindre 8 % de croissance touristique. Mais si croissance il y a eu l’année dernière, celle- ci a été en dessous des attentes. La crise financière est passée par là.
Aujourd’hui, alors que le mois de janvier tire à sa fin, les projections pour le proche avenir restent plutôt sombres. Patrice Legris, directeur de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice ( AHRIM), confirme que les mois à venir ne s’annoncent pas bien. « Nous sommes pessimistes pour le court terme et le moyen terme mais nous ne savons pas quelle sera la durée de cette crise et donc quel sera son impact sur le tourisme » , explique ce porteparole de l’hôtellerie qui siège aussi au souscomité mis en place pour traiter du tourisme dans le cadre du Mechanism for Transitional Support . Ce mécanisme de relance économique a été institué avec le Additional Stimulus Package ( ASP) présenté en décembre dernier par l’Etat.
Si le mois de janvier n’a pas été mauvais pour plusieurs opérateurs du tourisme, plusieurs d’entre eux s’attendent à des temps durs à partir du mois prochain. Les réceptifs retiennent eux aussi leur souffle. « Nous nous attendons à une baisse au niveau du nombre des arrivées de 10 % à 15 % pour les mois de février, mars, mai et juin » , soutient Jeenarain Soobragrah, président de l’ Association of Inbound Operators – Mauritius , qui regroupe une vingtaine de réceptifs employant, dans l’ensemble, environ 3 000 personnes.
Bissoon Mungroo, président de l’Association des Hôtels de Charme – organisme qui regroupe des petits hôtels – souhaite, quant à lui, ne pas se montrer alarmiste.
« Le mois de janvier a été raisonnable et la première Le tourisme
quinzaine de février devrait l’être aussi. C’est cependant à partir de la deuxième quinzaine de février que ça paraît inquiétant. Ce ne sera pas rose, mais c’est un défi à relever » . Les hôteliers n’en demeurent pas pour autant frileux sur le sujet de la performance du secteur touristique en 2009 – les taux de remplissage à venir restent secrets. De son coté, Bissoon Mungroo explique qu’il est difficile d’établir des prédictions pour l’année.
« Nous n’avons pas de signes précis parce que beaucoup de gens font maintenant des réservations à la dernière minute » . Ces propos trouvent aussi écho chez Jeenarain Soobagrah. « On ne peut pas à ce stade avoir une réelle visibilité sur toute l’année. On peut seulement commenter sur la période de janvier à juin » . Cet opérateur estime cependant que le mois d’avril a des chances d’être un bon mois pour le secteur touristique en raison des vacances de Pâques – comme c’est habituellement le cas chaque année.
Au niveau de l’AHRIM, si les pronostiques immédiats ne sont pas reluisants, l’anticipation par rapport au long- terme reste positive. « Nous sommes optimistes pour le futur car tous les indicateurs sont unanimes, la croissance dans le tourisme repartira après la crise. Il s’agit donc d’avoir les moyens de résister, de faire face à cette crise et de pouvoir rebondir après » , estime Patrice Legris.
L’Etat n’est pas resté passif face à la crise financière. En décembre dernier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le ministre des Finances, Rama Sithanen, présentaient le Additional Stimulus Package – un plan de relance pour soutenir les industries fragilisées.
Ce plan ambitionne de venir en aide à plusieurs secteurs vulnérables de l’économie mauricienne.
Le textile et le tourisme, dont les principaux marchés sont en Europe, sont tous deux au premier front pour en caisser les vagues de répercussions de la crise financière, dont notamment, une baisse significative au niveau de la consommation sur les principaux marchés européens.
Par rapport au tourisme, l’ASP a annoncé plusieurs mesures ( voir en - cadré). Celles- ci de - vraient avoir des effets à plusieurs niveaux.
Le directeur de l’AHRIM explique les répercussions attendues de ces mesures.
L’orga nisme a d’ailleurs été consulté durant la préparation du package. « Le stimulus package, proposé au secteur touristique, intervient sur deux volets pour faire face à la crise financière et à la récession mondiale. Le premier volet concerne le budget supplémentaire de Rs 100 millions accordé à la MTPA qui pourrait avoir un impact sur la visibilité de la destination et par conséquent sur le nombre d’arrivées dans les court et moyen termes » . Patrice Legris explique aussi que « le deuxième volet est un allègement fiscal, à savoir une suspension ou une conditionnalité liée au paiement de deux fees et levies qui n’étaient applicables que, principalement, à notre secteur » . Onze sous- comités travaillent actuellement sur diverses propositions dans le cadre du Mechanism for Transitional Support . Chacun d’entre eux regroupe différents représentants qui se penchent sur un secteur particulier. Les modalités de la mise en application des différentes mesures qui seront concrétisées, restent toujours à être définies. « Ces mesures sont en cours de discussions et de finalisation car cela implique une intervention de plusieurs organisations; ces mesures concernent principalement un apport en capital ou des facilités pour restructurer les dettes existantes ou encore du working capital » , fait ressortir Patrice Legris. Les critères qui devront être satisfaits afin de bénéficier des mesures de soutien restent eux aussi à être établis.
« Les critères ne sont pas encore finalisés mais ils seront pratiquement les mêmes pour tous les secteurs.
Les entreprises en difficulté souhaitant bénéficier de ces mesures devront soumettre une demande avec un certain nombre d’information, d’analyse et de prévi - sions » , ex plique le directeur de l’AHRIM. Une réu nion du comité principal du Mecha - nism for Transitional Sup port est prévu aujourd’hui.
Le Stimulus Package est clair : aucun licenciement dans le tourisme ne pourra être fait sans consultation au préalable avec l’Etat, ni sans programme de formation.
Bissoon Mungroo estime lui, qu’il y a certains paramètres à prendre en considération.
« Tout le monde sait que nous prenons de la main- d’oeuvre additionnelle pour les mois de novembre à janvier. Ces gens- là ne sont pas sur le payroll . Que sommes- nous supposés faire par rapport à eux ? » s’interroge- t- il. Jeenarain Soobagrah souligne que « la baisse au niveau des arrivées aura pour effet une baisse au niveau de l’utilisation de nos ressources. Et pour nous touropérateurs, les ressources principales sont les ressources humaines et les véhicules » . Pour l’instant, tous sont cependant unanime, le licenciement reste le dernier recours.
« Nous sommes pessimistes pour le court terme et le moyen terme mais nous ne savons pas quelle sera la durée de cette crise et donc quel sera son impact sur le tourisme ».