Comment avoir un logement en Afrique du sud : le cas d'Ethembalethu
Thématique :
sud afrique
Banque Mondiale, le 11 juillet 2007
Une étude de cas récemment publiée par la Banque mondiale met en lumière les difficultés que rencontrent les populations pauvres d’Afrique du Sud pour accéder aux terres dans les zones périurbaines. Cette situation pourrait avoir des conséquences importantes et être riche d’enseignements pour les communautés pauvres également confrontées à des problèmes de ségrégation spatiale dans d’autres pays. L’étude en question va plus loin et propose une réforme des politiques et des programmes qui vise à améliorer la situation de ces communautés.
L’étude porte sur une communauté composée principalement d’ouvriers agricoles licenciés qui ont décidé, il y a une dizaine d’années, d’acheter leur propre exploitation agricole dans une zone périurbaine de l’ouest de Johannesburg. Leur rêve était de créer un espace polyvalent. Ils souhaitaient baptiser leurs villages du nom d’Ethembalethu – Notre espoir. Quelque 250 familles se sont regroupées au sein d’une association et ont adhéré à un plan d’épargne pour que leur rêve devienne réalité. En 1997, les membres de l’association avaient économisé assez d’argent – 125 000 rand (soit près de 18 000 dollars EU) – pour faire leur première offre d’achat.
Pourtant, 10 ans plus tard, le rêve ne s’est toujours pas réalisé. Les familles se sont heurtées à de nombreux obstacles : deux compromis de vente annulés, une arrestation abusive, des poursuites en justice, un règlement à l’amiable qui leur a valu de recevoir 250 000 rand (environ 36 000 dollars EU) en échange de l’engagement de ne pas s’installer dans le quartier blanc où elles souhaitaient acheter des terres, et des frais de justice et d’experts considérables, payés de leurs propres deniers pour financer la réalisation d’études d’impact sur l’environnement. Grâce à l’accord conclu avec la municipalité de Mogale, la communauté a pu faire valoir son droit à occuper les terres, mais n’en est toujours pas légalement propriétaire et poursuit ses démarches pour obtenir la permission d’y construire des maisons et d’y travailler.
Les zones périurbaines d’Afrique du Sud sont d’anciennes localités « rurales » qui sont aujourd’hui en voie d’urbanisation du fait de l’expansion rapide des zones métropolitaines et des grandes villes d’Afrique du Sud et sont officiellement situées à l’extérieur de la « frontière urbaine ».
Sur le marché foncier des zones périurbaines, riches et pauvres sont en concurrence directe, les uns comme les autres préférant vivre à proximité de leur lieu de travail. Certain ménage aisés font le choix de s’installer dans des lotissements résidentiels clôturés d’accès contrôlé, nés de la reconversion des terres agricoles.
Les pauvres préfèrent pour leur part vivre dans des zones polyvalentes où ils peuvent à la fois à la fois se construire des habitations modestes, élever leurs enfants en toute sécurité, tirer parti de la proximité relative des établissements scolaires et des centres de soins situés en zone urbaine et trouver du travail, tout en ayant suffisamment d’espace pour se lancer dans l’agriculture ou créer de petites entreprises si l’occasion se présente.
La situation des habitants d’Ethembalethu n’a rien d’exceptionnel. Des millions de Sud-Africains noirs vivent aujourd’hui en zone périurbaine. Pourtant, même s’ils disposent de moyens financiers suffisants, les programmes publics, les réglementations relatives à la planification du développement et à l’environnement et la conjoncture du marché immobilier et foncier les empêchent de concrétiser leurs ambitions et de devenir propriétaires dans les quartiers de leur choix.
L’étude de cas préconise des réformes des politiques et des programmes, et recommande notamment de :
Le Département des affaires foncières a accepté de prendre des mesures en vue de la mise en place d’une équipe nationale chargée d’assurer le suivi des mesures préconisées dans l’étude de cas.
Depuis le début de 2005, l’équipe de la Banque mondiale intervient directement aux côtés de la communauté, par le biais de l’association qui la représente. Elle a participé aux réunions et aux négociations qui ont débouché sur les accords conclus avec la municipalité de Mogale. Elle a apporté son aide à l’association et a fourni divers documents et supports d’information aux parties prenantes intéressées.
Elle s’est félicitée de la coopération et de la participation de tous les intervenants concernés, notamment des représentants de l’administration et d’autres acteurs, qui ont apporté une contribution précieuse à l’élaboration du rapport. L’étude a également été l’occasion pour l’équipe de découvrir des histoires extraordinaires et d’aider ses interlocuteurs à mieux comprendre les enjeux considérés.
L’équipe a salué les efforts, le professionnalisme et la détermination dont ont fait preuve les représentants des administrations concernées. Le rapport souligne cependant que les capacités des fonctionnaires à s’acquitter de leurs tâches sont sérieusement compromises, non pas en raison d’un manque de formation ou d’instruction, mais plutôt du fait de l’extrême complexité et du caractère très fragmenté du cadre dans lequel ils sont amenés à intervenir.
Le rapport note par ailleurs que les lourdeurs bureaucratiques drainent littéralement les capacités des communautés et des administrations locales à faire en sorte que les ménages sud-africains à faible revenu, de quelque origine qu’ils soient, puissent acquérir et mettre en valeur des terres et trouver un logement dans les zones périurbaines d’Afrique du Sud.
L’étude a été engagée en réponse à la demande de la municipalité de Mogale, qui avait sollicité l’assistance technique de la Banque mondiale en vue de l’élaboration et de la mise en oeuvre de projets intégrés d’accès au logement et de développement agricole. Elle marque une première étape dans un processus qui est appelé à se poursuivre. L’équipe s’est engagée à assurer le suivi de ce dossier et à tenir le public informé de l’évolution de la situation par le biais du site web du bureau de la Banque mondiale en Afrique du Sud.
L'étude de cas - Ethembalethu (PDF en anglais)
Une étude de cas récemment publiée par la Banque mondiale met en lumière les difficultés que rencontrent les populations pauvres d’Afrique du Sud pour accéder aux terres dans les zones périurbaines. Cette situation pourrait avoir des conséquences importantes et être riche d’enseignements pour les communautés pauvres également confrontées à des problèmes de ségrégation spatiale dans d’autres pays. L’étude en question va plus loin et propose une réforme des politiques et des programmes qui vise à améliorer la situation de ces communautés.
L’étude porte sur une communauté composée principalement d’ouvriers agricoles licenciés qui ont décidé, il y a une dizaine d’années, d’acheter leur propre exploitation agricole dans une zone périurbaine de l’ouest de Johannesburg. Leur rêve était de créer un espace polyvalent. Ils souhaitaient baptiser leurs villages du nom d’Ethembalethu – Notre espoir. Quelque 250 familles se sont regroupées au sein d’une association et ont adhéré à un plan d’épargne pour que leur rêve devienne réalité. En 1997, les membres de l’association avaient économisé assez d’argent – 125 000 rand (soit près de 18 000 dollars EU) – pour faire leur première offre d’achat.
Pourtant, 10 ans plus tard, le rêve ne s’est toujours pas réalisé. Les familles se sont heurtées à de nombreux obstacles : deux compromis de vente annulés, une arrestation abusive, des poursuites en justice, un règlement à l’amiable qui leur a valu de recevoir 250 000 rand (environ 36 000 dollars EU) en échange de l’engagement de ne pas s’installer dans le quartier blanc où elles souhaitaient acheter des terres, et des frais de justice et d’experts considérables, payés de leurs propres deniers pour financer la réalisation d’études d’impact sur l’environnement. Grâce à l’accord conclu avec la municipalité de Mogale, la communauté a pu faire valoir son droit à occuper les terres, mais n’en est toujours pas légalement propriétaire et poursuit ses démarches pour obtenir la permission d’y construire des maisons et d’y travailler.
Les zones périurbaines d’Afrique du Sud sont d’anciennes localités « rurales » qui sont aujourd’hui en voie d’urbanisation du fait de l’expansion rapide des zones métropolitaines et des grandes villes d’Afrique du Sud et sont officiellement situées à l’extérieur de la « frontière urbaine ».
Sur le marché foncier des zones périurbaines, riches et pauvres sont en concurrence directe, les uns comme les autres préférant vivre à proximité de leur lieu de travail. Certain ménage aisés font le choix de s’installer dans des lotissements résidentiels clôturés d’accès contrôlé, nés de la reconversion des terres agricoles.
Les pauvres préfèrent pour leur part vivre dans des zones polyvalentes où ils peuvent à la fois à la fois se construire des habitations modestes, élever leurs enfants en toute sécurité, tirer parti de la proximité relative des établissements scolaires et des centres de soins situés en zone urbaine et trouver du travail, tout en ayant suffisamment d’espace pour se lancer dans l’agriculture ou créer de petites entreprises si l’occasion se présente.
La situation des habitants d’Ethembalethu n’a rien d’exceptionnel. Des millions de Sud-Africains noirs vivent aujourd’hui en zone périurbaine. Pourtant, même s’ils disposent de moyens financiers suffisants, les programmes publics, les réglementations relatives à la planification du développement et à l’environnement et la conjoncture du marché immobilier et foncier les empêchent de concrétiser leurs ambitions et de devenir propriétaires dans les quartiers de leur choix.
L’étude de cas préconise des réformes des politiques et des programmes, et recommande notamment de :
- vaincre la réticence et la résistance des municipalités et du voisinage à l’égard des zones d’habitation pour ménages à faibles revenus
- élaborer des plans municipaux d’occupation des sols résolument favorables aux pauvres
- restructurer le marché foncier
- revoir les processus de planificationconcevoir un programme d’accession à la propriété et au logement dans les zones périurbaines
- revoir les plans de mise en œuvre des programmes
- libérer et renforcer les capacités
Le Département des affaires foncières a accepté de prendre des mesures en vue de la mise en place d’une équipe nationale chargée d’assurer le suivi des mesures préconisées dans l’étude de cas.
Depuis le début de 2005, l’équipe de la Banque mondiale intervient directement aux côtés de la communauté, par le biais de l’association qui la représente. Elle a participé aux réunions et aux négociations qui ont débouché sur les accords conclus avec la municipalité de Mogale. Elle a apporté son aide à l’association et a fourni divers documents et supports d’information aux parties prenantes intéressées.
Elle s’est félicitée de la coopération et de la participation de tous les intervenants concernés, notamment des représentants de l’administration et d’autres acteurs, qui ont apporté une contribution précieuse à l’élaboration du rapport. L’étude a également été l’occasion pour l’équipe de découvrir des histoires extraordinaires et d’aider ses interlocuteurs à mieux comprendre les enjeux considérés.
L’équipe a salué les efforts, le professionnalisme et la détermination dont ont fait preuve les représentants des administrations concernées. Le rapport souligne cependant que les capacités des fonctionnaires à s’acquitter de leurs tâches sont sérieusement compromises, non pas en raison d’un manque de formation ou d’instruction, mais plutôt du fait de l’extrême complexité et du caractère très fragmenté du cadre dans lequel ils sont amenés à intervenir.
Le rapport note par ailleurs que les lourdeurs bureaucratiques drainent littéralement les capacités des communautés et des administrations locales à faire en sorte que les ménages sud-africains à faible revenu, de quelque origine qu’ils soient, puissent acquérir et mettre en valeur des terres et trouver un logement dans les zones périurbaines d’Afrique du Sud.
L’étude a été engagée en réponse à la demande de la municipalité de Mogale, qui avait sollicité l’assistance technique de la Banque mondiale en vue de l’élaboration et de la mise en oeuvre de projets intégrés d’accès au logement et de développement agricole. Elle marque une première étape dans un processus qui est appelé à se poursuivre. L’équipe s’est engagée à assurer le suivi de ce dossier et à tenir le public informé de l’évolution de la situation par le biais du site web du bureau de la Banque mondiale en Afrique du Sud.
L'étude de cas - Ethembalethu (PDF en anglais)