samedi 12 septembre 2009

Sommet Afrique du Sud-UE : une prise de contact à l'ombre du Zimbabwe

De Isabel PARENTHOEN (AFP)

JOHANNESBURG — L'appel de l'Afrique australe à lever les sanctions contre le Zimbabwe devrait faire de l'ombre au sommet Afrique du Sud-Union européenne vendredi, première prise de contact entre le nouveau gouvernement sud-africain et le plus gros partenaire économique du pays.

"Le président (sud-africain Jacob Zuma) soulèvera la question des sanctions" occidentales ciblant le chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe et ses proches, a déclaré à l'AFP le porte-parole présidentiel Vincent Magwenya.

"Il aura à l'esprit de convaincre les pays membres de l'UE de revoir leur position", a-t-il poursuivi.

Mais l'Union européenne, qui impose ces sanctions aux côtés des Etats-Unis notamment, n'est pas prête à bouger tant que la situation n'aura pas évolué au Zimbabwe.

"Nous ne pouvons ignorer les violations des droits de l'Homme. Nous ne l'avons pas fait en Afrique du Sud (pendant l'apartheid, ndlr) et ne le ferons pas au Zimbabwe", a souligné l'ambassadeur de l'UE à Pretoria, Lodewijk Briët.

Pretoria joue un rôle clé au Zimbabwe depuis qu'une crise politique sans précédent a éclaté en mars 2008 après la défaite électorale du président Mugabe, au pouvoir depuis 1980. Après des mois de paralysie politique, elle a débouché en février sur la formation d'un gouvernement d'union.

Reprenant le flambeau de son prédécesseur Thabo Mbeki, médiateur de l'Afrique australe, M. Zuma s'est rendu il y a deux semaines à Harare pour demander aux ennemis d'hier de surmonter les dissensions qui entravent ce gouvernement.

Il a également exhorté les bailleurs de fonds à fournir l'aide dont Harare a désespérément besoin pour reconstruire une économie en ruines, que les Occidentaux rechignent à apporter tant que le précaire arrangement politique reste instable.

L'ancienne opposition continue de subir le harassement de la police et aucun accord n'a été trouvé sur certains postes clés, dont celui de gouverneur de la Banque centrale.

Mardi, le président Mugabe a reçu l'appui du bloc régional, qui a appelé "la communauté internationale à lever toutes les formes de sanctions imposées" au Zimbabwe. M. Mugabe impute aux sanctions occidentales la responsabilité des déboires économiques du pays.

Le sommet de Keinmont, près du Cap (sud-ouest), permettra aux dirigeants européens de sonder une équipe gouvernementale sud-africaine entièrement renouvelée, issue d'élections générales en avril qui ont mis fin à une âpre lutte pour le pouvoir au sein du parti dominant.

La présidence suédoise de l'UE veut notamment s'assurer du maintien des engagements de Pretoria pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre avant une conférence internationale cruciale à Copenhague en décembre.

La première économie d'Afrique, dont les émissions per capita équivalent à celles de l'Allemagne, est handicapée par une récession qui rogne le budget de l'Etat et une crise énergétique qui la contraint à puiser dans ses immenses réserves de charbon aux dépens des énergies propres.

Les discussions devraient également porter sur les inquiétudes de l'Afrique du Sud vis-à-vis des accords de libre échange avec l'UE dits de "partenariat économique" (APE), qui prévoient une ouverture progressive des marchés aux produits européens.

Pretoria craint que ces APE, déjà signés en Afrique australe par quatre pays, n'entravent les efforts d'intégration régionale.

L'UE n'a pas l'intention de "gêner l'agenda régional de l'Afrique du Sud", a affirmé M. Briët. Le "partenariat stratégique" entre Bruxelles et Pretoria est "un partenariat entre égaux", a-t-il martelé.

Copyright © 2009 AFP