Sommet de Maputo : Réunion à huis clos entre les anciens présidents et le chef de l’Etat
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Le sommet de Maputo, visant à faire sortir Madagascar de l’impasse, a débuté, hier en fin d’après-midi. Les chefs des quatre mouvances se sont réunis à huis clos.
Les retrouvailles ont été plutôt froides hier au centre de conférences de Maputo entre Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana, Albert Zafy et Andry Rajoelina. La réunion de la résolution de la crise malgache initiée par le Groupe international de contact (GIC) n''a pas débuté sous les meilleurs auspices. Même le geste fondamental du «Fihavanana» a été occulté par les protagonistes qui ont oublié de se saluer.
Une politesse qu'ils ont quand même dû exécuter lors de la prise de photo à l'issue de la cérémonie d'ouverture présidée par Joaquim Chissano. L'ancien président mozambicain a souligné dans son discours d'ouverture que l'Afrique et le monde avaient les yeux tournés vers eux et qu'il compte sur la ferveur patriotique des quatre mouvances.
Seuls Ravalomanana et Didier Ratsiraka se sont serré la main. Un geste qui n'a pas effacé la rancune du second, évincé par le premier en 2002 à l'issue d'un bras de fer de six mois, relatif au litige sur les résultats des élections présidentielles. Didier Ratsiraka a tenu à souligner que signer une charte est une chose, la respecter en est une autre, faisant allusion à l'accord de Dakar en 2002 qui avait été signé par Ravalomanana mais qu'il n'avait pas respecté. Une pique adressée à qui de droit.
La flèche a atteint sa cible puisque Marc Ravalomanana a réagi mais de façon très conciliante, annonçant qu'il reste le président de Madagascar et qu'il est capable de travailler avec tout le monde, sinon avec n'importe qui. Une prudence cauteleuse pour le grand perdant de cette crise et qui a tout à gagner à Maputo. Ravalomanana est d'ailleurs à l'origine de l'implication des pays de l'Afrique australe et de l'Union africaine dans cette crise. «On peut même rentrer ensemble dès demain», a-t-il lancé pour illustrer son optimisme et sa détermination à trouver une solution.
C'est aussi la conviction du président de la Haute autorité de la transition, Andry Rajoelina , rival direct de Ravalomanana, qui a tout de suite remis les pendules à l'heure. Il a souligné que les structures de la Transition sont bel et bien en place et qu'il n'est plus question de président de la République. «Nous sommes ici pour chercher la solution la meilleure, qui convient au peuple malgache. Je crois qu'on en trouvera à l'issue de la réunion», a-t-il affirmé.
En bon raiamandreny (sage), le professeur Albert Zafy s'est interposé pour demander une réunion à huis clos entre les quatre principaux acteurs de la réunion. Demande acceptée par le GIC dont les membres assistent au «règlement de comptes» entre les protagonistes. En revanche les membres de délégation des mouvances ont dû rester à l'extérieur de la salle, avec les nombreux journalistes qui suivent l'événement.
Marc Ravalomanana, accompagné de sa femme, s'est emmené avec une équipe de presse qui lui est restée fidèle. Andry Rajoelina est également venu avec une armada de médias de la presse écrite, de la radiodiffusion et de l'audiovisuel.
Didier Ratsiraka, dont le problème de vue s'est compliqué sérieusement, compte parmi ses accompagnateurs sa fille Annick. Aucun membre de la presse ne figure dans le camp d'Albert Zafy. Comme quoi, la bataille de Maputo risque d'être une guerre de communication. À ce propos, Rajoelina semble avoir pris l'avantage aux dépens de Ravalomanana dont le groupe de presse avait été anéanti par les pillages du 26 janvier.
La réunion s'est terminée tard dans la soirée et reprend ce matin.
Iloniaina Alain - (Source : L’express de Madagascar)