La relance passe par la Chine
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BARRY EICHENGREEN EST PROFESSEUR D'ECONOMIE À L'UNIVERSITE DE CALIFORNIE À BERKELEY.
Faut-il de nouveaux paquets fiscaux pour relancer la machine des pays développés ?
Aux Etats-Unis, ceux qui le réclament font remarquer que c'était irréaliste de penser qu'un plan de relance de 787 milliards de dollars pouvait compenser une baisse de 3.000 milliards de dépenses du secteur privé. Mais le contraire se défend.
Le déficit américain a atteint le chiffre alarmant de 12 % du PIB. De nouvelles dépenses creusant davantage encore le déficit ne feraient qu'alimenter les craintes concernant l'inflation et des hausses d'impôts futures. Les faibles résultats obtenus par la mise en oeuvre du plan TARP ont d'ores et déjà aliéné l'opinion publique - et le Congrès - à l'idée d'utiliser à nouveau les deniers publics pour recapitaliser les banques. Un second plan de relance n'est pas à l'ordre du jour.
Pour une hausse de la demande globale, il n'y a qu'un endroit où se tourner. Ce n'est pas vers l'Europe ou le Japon, plus endettés encore que les Etats-Unis et dont les conditions démographiques ne permettent pas d'espérer une résorption de la dette, mais plutôt vers les marchés émergents comme la Chine. Le problème est que la Chine a déjà beaucoup fait pour stimuler la demande intérieure, à la fois par le biais des dépenses gouvernementales et en donnant l'ordre aux banques d'accorder des prêts. Son marché boursier est en effervescence et le marché immobilier connaît une flambée inquiétante.
La manière pour la Chine de résoudre cette quadrature du cercle est de dépenser davantage pour les importations. Elle peut acheter plus de machines-outils ou d'équipement de transport, ses principaux achats aux Etats-Unis. Axer les dépenses sur l'importation d'équipements indispensables éviterait une surchauffe du marché chinois, encouragerait la productivité et les capacités de croissance future de l'économie, et la demande pour des produits américains, européens et japonais.
Cette stratégie comporte toutefois des risques. Permettre au renminbi de s'apprécier pour encourager les importations risque de décourager les exportations, principal moteur de la croissance chinoise. Et réduire les barrières administratives aux importations risque de canaliser plus de dépenses pour des produits étrangers que ne le souhaitent les autorités. Mais ces risques valent la peine d'être pris si la Chine veut vraiment jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.
Quels bénéfices la Chine tirerait-elle d'une telle stratégie ? La réponse nous ramène à notre point de départ, la politique budgétaire américaine. La Chine s'inquiète du fait que les 1.000 milliards de dollars investis en bons du Trésor américains risquent de se dévaluer et souhaite avoir la garantie que les Etats-Unis honoreront leur dette. Elle souhaite donc voir adopter des mesures crédibles permettant d'équilibrer le budget américain une fois la récession finie.
L'administration Obama doit encore proposer une feuille de route crédible pour une consolidation du budget, une démarche qui rassurerait autant les contribuables américains que les dirigeants chinois. Nous vivons dans un monde multipolaire où ni la Chine ni les Etats-Unis ne peuvent seuls assumer un leadership économique.
Pour la Chine, le leadership signifie prendre davantage de risques. Mais pour que ces nouvelles responsabilités soient acceptables, il faut que les Etats-Unis délestent la Chine de certains risques existants. Ce n'est qu'en oeuvrant de concert que ces deux pays pourront sortir l'économie mondiale du marasme actuel.
Faut-il de nouveaux paquets fiscaux pour relancer la machine des pays développés ?
Aux Etats-Unis, ceux qui le réclament font remarquer que c'était irréaliste de penser qu'un plan de relance de 787 milliards de dollars pouvait compenser une baisse de 3.000 milliards de dépenses du secteur privé. Mais le contraire se défend.
Le déficit américain a atteint le chiffre alarmant de 12 % du PIB. De nouvelles dépenses creusant davantage encore le déficit ne feraient qu'alimenter les craintes concernant l'inflation et des hausses d'impôts futures. Les faibles résultats obtenus par la mise en oeuvre du plan TARP ont d'ores et déjà aliéné l'opinion publique - et le Congrès - à l'idée d'utiliser à nouveau les deniers publics pour recapitaliser les banques. Un second plan de relance n'est pas à l'ordre du jour.
Pour une hausse de la demande globale, il n'y a qu'un endroit où se tourner. Ce n'est pas vers l'Europe ou le Japon, plus endettés encore que les Etats-Unis et dont les conditions démographiques ne permettent pas d'espérer une résorption de la dette, mais plutôt vers les marchés émergents comme la Chine. Le problème est que la Chine a déjà beaucoup fait pour stimuler la demande intérieure, à la fois par le biais des dépenses gouvernementales et en donnant l'ordre aux banques d'accorder des prêts. Son marché boursier est en effervescence et le marché immobilier connaît une flambée inquiétante.
La manière pour la Chine de résoudre cette quadrature du cercle est de dépenser davantage pour les importations. Elle peut acheter plus de machines-outils ou d'équipement de transport, ses principaux achats aux Etats-Unis. Axer les dépenses sur l'importation d'équipements indispensables éviterait une surchauffe du marché chinois, encouragerait la productivité et les capacités de croissance future de l'économie, et la demande pour des produits américains, européens et japonais.
Cette stratégie comporte toutefois des risques. Permettre au renminbi de s'apprécier pour encourager les importations risque de décourager les exportations, principal moteur de la croissance chinoise. Et réduire les barrières administratives aux importations risque de canaliser plus de dépenses pour des produits étrangers que ne le souhaitent les autorités. Mais ces risques valent la peine d'être pris si la Chine veut vraiment jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale.
Quels bénéfices la Chine tirerait-elle d'une telle stratégie ? La réponse nous ramène à notre point de départ, la politique budgétaire américaine. La Chine s'inquiète du fait que les 1.000 milliards de dollars investis en bons du Trésor américains risquent de se dévaluer et souhaite avoir la garantie que les Etats-Unis honoreront leur dette. Elle souhaite donc voir adopter des mesures crédibles permettant d'équilibrer le budget américain une fois la récession finie.
L'administration Obama doit encore proposer une feuille de route crédible pour une consolidation du budget, une démarche qui rassurerait autant les contribuables américains que les dirigeants chinois. Nous vivons dans un monde multipolaire où ni la Chine ni les Etats-Unis ne peuvent seuls assumer un leadership économique.
Pour la Chine, le leadership signifie prendre davantage de risques. Mais pour que ces nouvelles responsabilités soient acceptables, il faut que les Etats-Unis délestent la Chine de certains risques existants. Ce n'est qu'en oeuvrant de concert que ces deux pays pourront sortir l'économie mondiale du marasme actuel.