samedi 13 décembre 2008

Washington accentue ses pressions pour le départ de Mugabe

(AFP) 

Les Etats-Unis accentuent leurs pressions pour chasser Robert Mugabe du pouvoir au Zimbabwe: ils appellent l'ONU à se substituer à l'Etat "défaillant" pour lutter contre le choléra et tentent de convaincre l'Afrique du Sud de fermer sa frontière avec son voisin.

"La situation est vraiment grave. Un seul homme entouré de sa bande tient le pays en otage et le Zimbabwe est en train de tomber rapidement au niveau d'un Etat défaillant", a déclaré jeudi l'ambassadeur des Etats-Unis à Harare, James McGee.
"Il est temps que Mugabe s'en aille. Il n'est plus utile au Zimbabwe", a-t-il noté, réitérant les appels à la démission du président zimbabwéen, âgé de 84 ans dont 28 au pouvoir, lancés ces derniers jours par la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et le président George W. Bush.

La directrice de l'Agence américaine d'aide au développement internationale (USAID), Henrietta Fore, a pour sa part annoncé une aide supplémentaire de 6,2 millions de dollars pour faire face à l'épidémie de choléra qui a déjà fait 783 morts depuis août.
Elle a précisé que les Etats-Unis soutiendraient une mission d'urgence que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) est en train de mettre sur pied pour le Zimbabwe.

"Les Etats-Unis vont soutenir les efforts de coordination internationale en finançant le centre de commande de l'OMS et le poste de coordinateur sanitaire de la structure de coordination des Nations Unies", a indiqué Mme Fore. "Nous remplaçons des services gouvernementaux".

Mme Rice doit participer la semaine prochaine à New York à une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Zimbabwe, a indiqué le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.

"Nous avons exprimé notre position très clairement", a-t-il ajouté. "Nous pensons que tous les pays qui ont ce que nous appelons une influence sous-utilisée, doivent l'utiliser".

Washington accuse le régime de M. Mugabe d'avoir créé cette crise humanitaire de toutes pièces en refusant de partager le pouvoir avec l'opposition après sa défaite aux élections de mars dernier et compte sur la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour qu'elle convainque le président zimbabwéen de quitter le pouvoir sans effusion de sang.

Publiquement, les responsables américains s'abstiennent de critiquer l'Afrique du Sud, pays le plus influent de la région, qui s'est refusée jusqu'à présent à appeler M. Mugabe à démissionner.

"Nous attendons de l'Afrique du Sud qu'elle joue un rôle actif dans tout ce qui se passe dans le sud de l'Afrique. Nous continuons à travailler discrètement et en coulisses avec l'Afrique du Sud pour que cela se produise", a ainsi déclaré M. McGee.

Mais sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable du département d'Etat a appelé les pays voisins du Zimbabwe, et notamment l'Afrique du Sud, à fermer leurs frontières avec le Zimbabwe.

"Cela pourrait être quelque chose d'aussi simple que de fermer la frontière", a déclaré ce haut responsable, soulignant que le Zimbabwe est un pays enclavé, dont l'économie dépend totalement des échanges avec ses voisins.

"L'économie formelle et l'économie parallèle en souffriraient", a-t-il ajouté. "Il suffirait d'une semaine pour que l'économie du pays soit à genoux".

Depuis huit ans, cet ancien grenier à céréales de la région s'enfonce dans un marasme sans précédent qui se caractérise aujourd'hui par une hyperinflation délirante, 80% de chômage, des ruptures chroniques d'approvisionnement en devises et en produits alimentaires.

Cette crise se double d'une paralysie politique depuis la réélection contestée fin juin de M. Mugabe. Le régime et l'opposition n'arrivent toujours pas à s'entendre sur un partage du pouvoir, malgré un accord conclu en septembre.