L’économie réunionnaise souffre de plus en plus de la conjoncture internationale
Thématique :
La Reunion
CLICANOO.COM | Publié le 8 décembre 2008
A l’exception du tourisme et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont commencé à ressentir les effets de la crise au troisième trimestre.
L’enquête de conjoncture publiée en octobre par Ipsos avait déjà fait apparaître de nombreux signes de détérioration du climat d’affaires. Celle que vient de boucler l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) confirme le ralentissement de l’économie réunionnaise au troisième trimestre. Préoccupés par un contexte international de plus en plus dégradé, les chefs d’entreprise réunionnais ont continué à ajuster leurs effectifs. Dans le droit fil des tendances observées depuis janvier, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 a progressé de 7,2 % et celui des chômeurs indemnisés de 4,4 % entre juin et septembre 2008. A la lecture des chiffres publiés par l’Iedom, on pourrait croire que la consommation des ménages n’a pas été influencée par cet environnement dégradé. Contrairement aux trimestres précédents, les recettes d’octroi de mer et celles de la TVA ont augmenté de plus de 6 points, un chiffre relativement bon. En réalité, le constat est selon l’Iedom beaucoup plus nuancé. D’abord parce que le bilan mitigé des soldes d’hiver et la baisse en glissement annuel des ventes de voitures atténuent cette appréciation positive. Ensuite parce que la consommation des ménages n’a pas atteint le niveau observé un an auparavant.
Dégradation de la trésorerie des entreprises
La décélération du rythme de la consommation par rapport à 2007 s’accompagne d’un tassement de l’investissement. Sous l’effet conjugué du durcissement des conditions d’acquisition des biens immobiliers et des incertitudes relatives à la défiscalisation, la progression des crédits à l’habitat est restée limitée au troisième trimestre. L’Iedom note également un recul des investissements des entreprises, estimé à travers le fléchissement en valeur des biens d’équipement. Ce premier indicateur est corroboré par la dégringolade des ventes de véhicules utilitaires, ainsi que par un ralentissement de la croissance des crédits octroyés par les banques locales. A l’exception du tourisme qui s’est redressé au troisième trimestre et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont souffert au cours de ces derniers mois. Dans l’industrie agroalimentaire, la plupart des branches (céréales-riz, salaisonnerie, produits laitiers et boissons) enregistrent une contraction de leur courant d’affaires. Signe supplémentaire d’une conjoncture difficile, les entreprises déplorent une augmentation de leurs charges d’exploitation, ainsi qu’une dégradation de leur trésorerie. Ce qui est valable pour l’agroalimentaire l’est également pour l’industrie manufacturière (plasturgie, imprimerie, métallurgie...). Tous ces acteurs sont confrontés à un accroissement de leurs stocks de matières premières et de produits finis. Le déclin de ces différents marchés n’est pas vraiment surprenant lorsqu’on regarde de plus près l’évolution de l’activité du BTP entre juin et septembre. Au cours de cette période, le volume d’affaires du bâtiment et des travaux publics s’est essoufflé. Alors que le second oeuvre tire relativement son épingle du jeu, le gros oeuvre est particulièrement victime de la décrue du marché de la construction de logements privés. Il y a bien sûr d’autres explications à la fébrilité qui s’est emparé du secteur depuis quelques mois. Le report de chantiers publics d’envergure (arrêt du pôle Océan, remise en cause de la rocade du Tampon...) ainsi que l’achèvement proche de certaines infrastructures (route des Tamarins) pèsent sur le dynamisme de la filière fait remarquer l’Iedom dans sa note. C’est assez rare pour le souligner : les experts de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer ne sont pas vraiment optimistes aujourd’hui. Conformément aux anticipations des chefs d’entreprise, l’Iedom admet que la conjoncture pourrait continuer à se dégrader en 2009, notamment en raison du trou d’air prévu de la commande publique et des répercussions de la crise mondiale sur l’économie locale. Voilà l’opinion publique prévenue.
Florent Corée
- Plan de relance : les attentes de la CGPME Nicolas Sarkozy a détaillé jeudi son plan de relance pour l’économie. Dans les grandes lignes celui-ci consiste à accélérer les investissements publics, à soutenir le secteur de l’automobile, à renforcer les entreprises, et à investir dans le logement. Si la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Réunion (CGPME) estime que ces mesures seront efficaces, elle demande cependant à ce que des dispositions immédiates soient prises pour "soulager la trésorerie des entreprises sans que cela pèse trop lourdement sur un Etat déjà déficitaire." La GCPME demande au gouvernement que des décisions soient prises pour accélérer le remboursement de la TVA et offrir aux entreprises la faculté de reporter le paiement des cotisations sociales avec un paiement échelonné. L’organisation patronale espère que le gouvernement facilitera le dégrèvement immédiat de la taxe professionnelle pour réduction d’activité et différera le paiement de l’impôt sur les sociétés des PME. Dans le même temps, la confédération des petites et moyennes entreprises souhaite que l’Etat encourage l’investissement au travers de mesures "simples et rapidement perceptibles". Entre autres solutions, la GCPME propose de rendre la taxe sur les véhicules de sociétés déductible de l’impôt sur les sociétés et d’accélérer le remboursement du crédit impôt recherche. A contrario, elle estime qu’il est illogique que de nouvelles taxes, telles que la prime transport, soient mises en place au 1er janvier 2009. La CGPME propose soit de différer leur application, soit de mettre en pratique le principe de neutralité fiscale en prévoyant des mesures compensatoires.
Chômage à la hausse en octobre
En octobre, selon les dernières données de la direction du travail, le chômage a poursuivi son ascension. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 est passé de 59 610 en septembre 2008 à 60 940 le mois suivant, soit 1 780 demandeurs d’emploi supplémentaires comptabilisés. Leur nombre a ainsi augmenté en glissement de 11,1 % sur un an. Toutes catégories confondues, 87 296 demandeurs d’emploi étaient inscrits à l’ANPE en octobre, un nombre en progression de 0,5 % par rapport au mois précédent et de 7,8 % sur un an. Une baisse des demandeurs d’emploi de longue durée (inscrits depuis plus d’un an), de 1,5 % sur un an, a été observée, tandis que pour ceux dont l’ancienneté est supérieure à deux ans, la baisse est de 9,4 % sur un an. Chez les moins de 25 ans, la hausse du chômage enregistrée s’établit à 0,4 % sur un mois et 4,9 % sur un an. En ce qui concerne le flux des offres d’emploi, il a subi une baisse de 3,5 % en octobre dernier par rapport au mois précédent. Enfin, 42 499 demandeurs d’emploi ont été indemnisés en septembre 2008 (+ 7,4 % sur un an) et 30 305 sont bénéficiaires du régime d’assurance, soit une augmentation de 13,4 % sur un an.
A l’exception du tourisme et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont commencé à ressentir les effets de la crise au troisième trimestre.
L’enquête de conjoncture publiée en octobre par Ipsos avait déjà fait apparaître de nombreux signes de détérioration du climat d’affaires. Celle que vient de boucler l’Iedom (Institut d’émission des départements d’Outre-mer) confirme le ralentissement de l’économie réunionnaise au troisième trimestre. Préoccupés par un contexte international de plus en plus dégradé, les chefs d’entreprise réunionnais ont continué à ajuster leurs effectifs. Dans le droit fil des tendances observées depuis janvier, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 a progressé de 7,2 % et celui des chômeurs indemnisés de 4,4 % entre juin et septembre 2008. A la lecture des chiffres publiés par l’Iedom, on pourrait croire que la consommation des ménages n’a pas été influencée par cet environnement dégradé. Contrairement aux trimestres précédents, les recettes d’octroi de mer et celles de la TVA ont augmenté de plus de 6 points, un chiffre relativement bon. En réalité, le constat est selon l’Iedom beaucoup plus nuancé. D’abord parce que le bilan mitigé des soldes d’hiver et la baisse en glissement annuel des ventes de voitures atténuent cette appréciation positive. Ensuite parce que la consommation des ménages n’a pas atteint le niveau observé un an auparavant.
Dégradation de la trésorerie des entreprises
La décélération du rythme de la consommation par rapport à 2007 s’accompagne d’un tassement de l’investissement. Sous l’effet conjugué du durcissement des conditions d’acquisition des biens immobiliers et des incertitudes relatives à la défiscalisation, la progression des crédits à l’habitat est restée limitée au troisième trimestre. L’Iedom note également un recul des investissements des entreprises, estimé à travers le fléchissement en valeur des biens d’équipement. Ce premier indicateur est corroboré par la dégringolade des ventes de véhicules utilitaires, ainsi que par un ralentissement de la croissance des crédits octroyés par les banques locales. A l’exception du tourisme qui s’est redressé au troisième trimestre et de l’agriculture, tous les secteurs économiques ont souffert au cours de ces derniers mois. Dans l’industrie agroalimentaire, la plupart des branches (céréales-riz, salaisonnerie, produits laitiers et boissons) enregistrent une contraction de leur courant d’affaires. Signe supplémentaire d’une conjoncture difficile, les entreprises déplorent une augmentation de leurs charges d’exploitation, ainsi qu’une dégradation de leur trésorerie. Ce qui est valable pour l’agroalimentaire l’est également pour l’industrie manufacturière (plasturgie, imprimerie, métallurgie...). Tous ces acteurs sont confrontés à un accroissement de leurs stocks de matières premières et de produits finis. Le déclin de ces différents marchés n’est pas vraiment surprenant lorsqu’on regarde de plus près l’évolution de l’activité du BTP entre juin et septembre. Au cours de cette période, le volume d’affaires du bâtiment et des travaux publics s’est essoufflé. Alors que le second oeuvre tire relativement son épingle du jeu, le gros oeuvre est particulièrement victime de la décrue du marché de la construction de logements privés. Il y a bien sûr d’autres explications à la fébrilité qui s’est emparé du secteur depuis quelques mois. Le report de chantiers publics d’envergure (arrêt du pôle Océan, remise en cause de la rocade du Tampon...) ainsi que l’achèvement proche de certaines infrastructures (route des Tamarins) pèsent sur le dynamisme de la filière fait remarquer l’Iedom dans sa note. C’est assez rare pour le souligner : les experts de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer ne sont pas vraiment optimistes aujourd’hui. Conformément aux anticipations des chefs d’entreprise, l’Iedom admet que la conjoncture pourrait continuer à se dégrader en 2009, notamment en raison du trou d’air prévu de la commande publique et des répercussions de la crise mondiale sur l’économie locale. Voilà l’opinion publique prévenue.
Florent Corée
- Plan de relance : les attentes de la CGPME Nicolas Sarkozy a détaillé jeudi son plan de relance pour l’économie. Dans les grandes lignes celui-ci consiste à accélérer les investissements publics, à soutenir le secteur de l’automobile, à renforcer les entreprises, et à investir dans le logement. Si la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de la Réunion (CGPME) estime que ces mesures seront efficaces, elle demande cependant à ce que des dispositions immédiates soient prises pour "soulager la trésorerie des entreprises sans que cela pèse trop lourdement sur un Etat déjà déficitaire." La GCPME demande au gouvernement que des décisions soient prises pour accélérer le remboursement de la TVA et offrir aux entreprises la faculté de reporter le paiement des cotisations sociales avec un paiement échelonné. L’organisation patronale espère que le gouvernement facilitera le dégrèvement immédiat de la taxe professionnelle pour réduction d’activité et différera le paiement de l’impôt sur les sociétés des PME. Dans le même temps, la confédération des petites et moyennes entreprises souhaite que l’Etat encourage l’investissement au travers de mesures "simples et rapidement perceptibles". Entre autres solutions, la GCPME propose de rendre la taxe sur les véhicules de sociétés déductible de l’impôt sur les sociétés et d’accélérer le remboursement du crédit impôt recherche. A contrario, elle estime qu’il est illogique que de nouvelles taxes, telles que la prime transport, soient mises en place au 1er janvier 2009. La CGPME propose soit de différer leur application, soit de mettre en pratique le principe de neutralité fiscale en prévoyant des mesures compensatoires.
Chômage à la hausse en octobre
En octobre, selon les dernières données de la direction du travail, le chômage a poursuivi son ascension. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 est passé de 59 610 en septembre 2008 à 60 940 le mois suivant, soit 1 780 demandeurs d’emploi supplémentaires comptabilisés. Leur nombre a ainsi augmenté en glissement de 11,1 % sur un an. Toutes catégories confondues, 87 296 demandeurs d’emploi étaient inscrits à l’ANPE en octobre, un nombre en progression de 0,5 % par rapport au mois précédent et de 7,8 % sur un an. Une baisse des demandeurs d’emploi de longue durée (inscrits depuis plus d’un an), de 1,5 % sur un an, a été observée, tandis que pour ceux dont l’ancienneté est supérieure à deux ans, la baisse est de 9,4 % sur un an. Chez les moins de 25 ans, la hausse du chômage enregistrée s’établit à 0,4 % sur un mois et 4,9 % sur un an. En ce qui concerne le flux des offres d’emploi, il a subi une baisse de 3,5 % en octobre dernier par rapport au mois précédent. Enfin, 42 499 demandeurs d’emploi ont été indemnisés en septembre 2008 (+ 7,4 % sur un an) et 30 305 sont bénéficiaires du régime d’assurance, soit une augmentation de 13,4 % sur un an.