REUNION: Une ferme solaire géante sur la route des Tamarins
La future 2 x 2 voies accueillera bien une ferme solaire géante, à côté de la route mais aussi au-dessus. Son intégration paysagère devrait faire l’objet d’un concours d’architecture. Si l’ampleur du projet reste à préciser, Paul Vergès en a confirmé le principe, hier à la Région, lors d’une grand-messe autour de l’ambition d’autonomie énergétique de l’île.
Longue de 32 kilomètres et large de 30 mètres, la future route des Tamarins représente une surface de 99 hectares. Dans une île contrainte comme la Réunion, où la guerre du foncier fait rage, ce n’est pas négligeable. En 2003 déjà, Paul Vergès avait demandé à l’équipe de l’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER) de réfléchir au potentiel énergétique de cette route. Des études avaient alors été réalisées. L’idée était d’utiliser l’énergie solaire pour produire de l’hydrogène, en vue d’alimenter une flotte expérimentale de quatre bus à pile à combustible. Mais le projet s’était endormi dans les cartons, avant d’être repris par la préfecture dans le cadre du projet GERRI. Le mois dernier, Paul Vergès a relancé l’équipe de l’ARER, qui a réactualisé ses études : “Si on couvrait toute la route, on pourrait générer une puissance de 150 mégawatts (MW), annonce Christophe Rat, directeur de l’ARER. Avec les 30 mètres de terrain de chaque côté, on passerait à 450 MW.” De quoi, lorsque le soleil donne, alimenter 300 000 foyers en électricité ! Si ce chiffre donne la mesure du potentiel, hors de question pour la Région de construire un tunnel de panneaux tout le long de la route. L’ampleur du projet, encore embryonnaire, doit être précisée. “L’enjeu, c’est l’intégration paysagère, explique Christophe Rat. 700 000 pieds de bois vont être plantés au bord de la route. Il ne faut pas faire du solaire à tout prix, au détriment des paysages. Un concours d’architecture sera nécessaire.” Autre contrainte : les panneaux devront résister aux cyclones. L’ARER a trouvé deux solutions, au choix : soit le béton “Ductal” mis au point par Lafarge, six fois plus résistant que le béton traditionnel ; soit les structures tridimensionnelles de plus en plus utilisées pour couvrir les stades et les aéroports. “On a démontré que c’était possible”, se réjouit Christophe Rat.
“VOITURES ÉLECTRIQUES”
Les discussions avec les investisseurs s’engageront dans les prochaines semaines. L’idée serait donc de couvrir des portions de la future route avec des panneaux, tout en gardant de nombreuses échappées visuelles et en optimisant le passage de la lumière – style verrière – sur ces “toits” solaires. L’équipement des bordures est aussi envisagé, en premier lieu sur les aires dédiées au stationnement et aux stations-service. “Nous pourrons utiliser ces centrales solaires pour recharger les batteries des voitures électriques”, a lancé Paul Vergès, hier, devant un aréopage d’élus et d’acteurs de l’énergie. Stockée et régulée, cette électricité photovoltaïque pourra servir d’énergie propre et garantie. À la fois pour le réseau, et pour la recharge des véhicules hybrides rechargeables et électriques, que le projet GERRI ambitionne de démocratiser, en masse et à prix concurrentiel, dès les prochaines années à la Réunion. De son côté, l’ARER aura besoin de 4 MW pour son projet de bus à hydrogène (d’ici 2010), qui représenteront la moitié du trafic des Cars jaunes express. “L’impossible est possible, a ajouté Paul Vergès, hier. La hausse du prix des carburants nous conduit à l’impasse d’ici quelques années. Regardez les pêcheurs, les agriculteurs, les transporteurs etc. À la Réunion, notre facture pétrolière a augmenté de 120 % en quatre ans. Un champ d’expérimentation considérable s’ouvre devant nous.” Face à la crise énergétique mondiale et au dérèglement climatique, l’objectif d’autonomie initié par la Région fait plus que jamais l’unanimité entre l’Etat, les collectivités et les acteurs économiques.