samedi 24 octobre 2009
samedi 17 octobre 2009
Afrique-Inde : Bill Gates offre 120 millions de dollars pour le développement agricole
jeudi 15 octobre 2009
Exploitation : Comment les entreprises françaises pillent l’Afrique
La Chine sauvera-t-elle le capitalisme ?
mercredi 14 octobre 2009
La tension monte entre la RDC et l'Angola
Les townships sont de nouveau en ébullition en Afrique du Sud
dimanche 11 octobre 2009
«L’Afrique peut jouer un rôle déterminant dans toute l’industrie de demain»
Quand la carte africaine des gisements des matières premières hautement stratégiques est superposée avec la carte politique de ce continent, apparaît une parfaite concordance entre la localisation des conflits les plus meurtriers et ces gisements.
Le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européennes, Pierre Lellouche, en visite à Djibouti
L’UE va accroître son soutien au profit des Seychelles
Le développement endogène en marche à La Réunion
L’Ethiopie accueille un forum sur la coopération et l’intégration régionale
jeudi 8 octobre 2009
100 pays planchent sur la piraterie à Newport
dimanche 4 octobre 2009
Croissance mauricienne : timidité du FMI dans ses prévisions
Le vice-Premier ministre et ministre des Finances, Rama Sithanen, qui participe actuellement à l'assemblée générale annuelle conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, à Istanbul, en Turquie, devra trouver à redire quant aux dernières prévisions de croissance économique pour Maurice. En effet, l'IMF Outlook for Sub-Saharan Africa fait preuve de grande timidité dans ses prévisions pour les deux prochaines années pour l'économie mauricienne avec un taux de croissance nettement inférieur aux 2,7% de la Banque de Maurice et du Central Statistical Office (CSO). Ce rapport du FMI a été publié officiellement hier après-midi. D'autre part, les statistiques compilées par le FMI indiquent une nette progression de la dette étrangère du PIB de Maurice d'ici à 2010, soit de 8,8% du Produit intérieure brute (PIB) en 2008 à 12,8% du PIB.
Les principaux indicateurs économiques élaborés par le FMI dans le sillage de la crise économique internationale représentent une véritable douche froide à l'hôtel du gouvernement où il était question de taux de croissance dans la fourchette de 5 à 6% l'année prochaine dans une tentative de doper la création d'emplois face au spectre du chômage. En pour 2009, le FMI prévoit une croissance économique de 2,1% contre 6,6% en 2008 avec des projections bien moins positives pour 2010 où le taux n'est que de 2%.
Le seul paramètre évoluant de manière positive pour le FMI au cours de ces deux ans demeure l'inflation avec des prévisions de 6,4% en 2009 contre 8,8% en 2008 et un taux de 4% en 2010. Du côté des investissements, le taux subira une baisse à 22,7% du PIB contre 29,8% en 2008 alors que le FMI constate un véritable écroulement du "Savings Rate" à Maurice, soit 8,6% en 2009 contre 16,1% en 2008. De son côté, la Banque de Maurice partage ces appréhensions quant à la tendance à la baisse de ce paramètres en faisant ressortir officiellement que "concern was also expressed about the low national saving rate forecast at 14,3 per cent of GDP for 2009 and which is expected to be revised further down".
Au chapitre de la dette extérieure, la situation établie pour Maurice dans l'IMF Outlook for Sub-Saharan Africa n'est guère brillante avec l'External Debt to Official Creditors, passant de 8,8% du PIB en 2008 à 12,8% en 2010 en transitant à 9,5% du PIB cette année. En ce qui concerne la dette locale, les dernières statistiques officielles publiées par la Banque de Maurice démontrent que du mois d'octobre de l'année dernière à août dernier, soit en dix mois, la "Central Government Debt" a augmenté d'au moins Rs 11 milliards pour atteindre Rs 119,1 milliards.
Au cours de ces dix derniers mois, les "Short-Term Obligations" (remboursables en moins de 12 mois) contractées par le gouvernement sur le plan local ont augmenté de Rs 8,5 milliards, soit Rs 54,9 milliards contre Rs 46,4 milliards en octobre 2008. La situation au niveau des "Medium-Term Obligations", (remboursables entre douze mois et cinq ans), représente un accroissement de l'ordre de Rs 2 milliards pour se retrouver à Rs 51,9 milliards. Par contre, l'on notera une baisse de Rs 1 milliard dans les "Long-Term Obligations" à Rs 12,2 milliard.
En guise de préambule aux prévisions du FMI, Antoinette Sayeh, directeur pour l'Afrique au FMI, trouve que "the global economic crisis has hit sub-Saharan Africa hard, reducing economic growth to just one percent in 2009 after a period of sustained high economic growth". Le FMI ajoute que "the crisis will likely slow, if not reverse, progress on poverty reduction. Unemployment and under-employment, already endemic, have likely risen across the region."
Dans ses perspectives, le FMI met en garde contre les "Downside Risks" aux économies d'Afrique sub-saharienne tout en faisant état de "Cautious Optimism". Cette institution recommande le maintien des politiques monétaires et budgétaires accommodantes. "Pourtant, les risques sont grands de voir la situation s'aggraver. Par conséquent, partout où cela est possible, les services du FMI recommandent de maintenir des politiques budgétaires et monétaires accommodantes jusqu'à ce que la reprise économique soit bien enclenchée. À mesure que la reprise montera en régime, il faudra que la politique budgétaire accorde moins d'importance aux objectifs de stabilisation au profit des considérations de moyen terme, notamment la viabilité de la dette", ajoute le rapport rendu public, hier.
De son côté, la Banque de Maurice souligne dans le "Monetary Policy Statement" émis mardi dernier que "the domestic economy continues to be constrained by weak demand in main export markets. Key export sectors are estimated to have contracted in the first semester while other economic sectors have slowed down significantly". A ce stade, la performance au cours du premier trimestre de 2009 indique que "the economy may have contracted by a full percentage point relative to the fourth quarter of 2008".
La Banque de Maurice, qui soutient que "the economy may have reached a trough in the first quarter of 2009 and may have begun to recover progressively thereafter", fait également état d'une"general decline in the growth rate of credit to the business and household sectors." Elle ajoute plus loin que "the low interest environment has not spurred strong demand for credit by the private sector. The expansion of credit to the private sector has continued to deline, attaining 9,6% in the year to July 2009, but still remains at a relatively comfortable level".
Justifiant l'éventualité d'un taux de croissance révisé légèrement à la hausse, soit 2,7% cette année, le communiqué de la Banque de Maurice note que "the Monetary Policy Committee anticipates a better performance of the economy in the second half of 2009. The Monetary Policy Committee is also of the view that the downside risks to the growth outlook have further diminished. It noted that fewer job losses than initially anticipated had been recorded. Although the labour makey may reflect trends in the borader economy with a lag, it is not expected to weaken much further".
Perspectives: Le sucre pour sauver la mise
A environ un mois de la présentation à l'assemblée nationale du budget 2010, les dernières prévisions sur l'économie formulées par le Central Statistical Office indiquent une révision nominale à la hausse du taux de croissance, soit de 2,5% à 2,7% en 2009. Cette révision se justifie par des possibilités d'exportation de sucre raffiné et de sucres spéciaux. Par contre, les "Export-Oriented Enterprises" et la filière du textile enregistreront une décélération de la croissance avec la confirmation de la régression d'au moins 95 000 touristes en 2009 par rapport à l'année dernière. Dans la conjoncture, les perspectives dans les principaux secteurs économiques sont les suivantes :
Sucre : Production d'au moins 490 000 tonnes et des perspectives positives pour le sucre raffiné et les sucres spéciaux avec une croissance de 18,2% contre 3,7% en 2008
Agriculture : Progression de 5% dans la production contre une régression de 0,4% en 2008, conséquence des efforts annoncés dans le cadre du "Food Security Programme"
Secteur manufacturier : Progression nominale de 0,9% contre 3,2% en 2008 avec une baisse de 4% dans la filière textile et de 0,8% pour l'ensemble des entreprises tournées vers l'exportation
Construction : Croissance à la baisse, soit 2,5% en 2009 contre 11,1% l'année dernière avec les projets d'infrastructures dans le public pesant de tout leur poids
Hôtels et restaurants : Baisse de 8,8% avec 835 000 touristes attendus, soit une baisse de 95 000 comparativement à l'année dernière. Les recettes brutes du tourisme devront être de Rs 36 milliards contre Rs 41,2 milliards l'année dernière
Transport et communications : Performance à la baisse, notamment 5,3% contre 6% l'année dernière
Secteur financier : Croissance réduite presque de moitié, 5,9% en 2009 contre 10,1% en 2008
Business Activities : Croissance de 8% prévue contre 10,8% en 2008
Consommation : Réduction dans la croissance de moitié à 3%.
Des milliers de planteurs menacés par la délocalisation industrielle
Voici une vue partielle de la nouvelle carte de la production sucrière qui peut être exportée sur le marché européen. Manque le Zimbabwe, qui pense pouvoir exporter 150.000 tonnes en Europe d’ici deux ans.
- Avant que l’Organisation mondiale du commerce ne vienne remettre en cause l’organisation du marché du sucre en Europe, voilà quelle était la situation dans notre région.
Depuis que l’Organisation mondiale du commerce fixe le cap idéologique de la mondialisation, l’Union européenne a plusieurs fois été attaquée pour l’organisation de ces marchés, et a donc été mise en demeure de les adapter aux règles du marché unique mondial.
Cette adaptation se fait en plusieurs étapes.
Pour La Réunion et les autres régions de l’Union européenne, le règlement sucrier actuellement en vigueur est une première brèche dans le système des prix et quotas garantis. En effet, le prix garanti du sucre a diminué de plus de 30%. À titre compensatoire pour les DOM, l’Union européenne verse une subvention aux usiniers. Ce régime sera rediscuté d’ici 2014. À cette date entrera en vigueur un nouveau règlement sucrier européen sur lequel les incertitudes sont nombreuses, tout peut être remis en cause. Ce réglement devra en effet tenir compte des nouvelles règles fixées par l’OMC après la clôture du cycle dit de Doha. Dans ces discussions, la Commission européenne a mis dans la balance la suppression de la quasi-totalité des subventions versées aux agriculteurs. Quid des subventions versées aux usiniers et aux planteurs ?
Plus de quota ni prix garanti à Maurice
Pour les partenaires de l’Union européenne, les quotas et prix garantis, c’est déjà fini. En 2001, l’Union européenne lance l’initiative "Tout sauf les armes" qui ouvre le marché européen à tous les produits fabriqués sur les territoires des États du groupe des PMA, dont la Tanzanie, le Mozambique et Madagascar. Seules exceptions à part les armes : le riz, la banane et le sucre. Pour le sucre, l’exception prend fin progressivement pour une ouverture du marché européen cette année. Donc le sucre fabriqué au Soudan, en Ethiopie ou en Tanzanie peut être vendu en Europe.
L’an dernier, l’Union européenne a dénoncé le Protocole Sucre qui concernait les producteurs des pays ACP. Brutalement, des pays comme Maurice sont désormais en concurrence directe avec les producteurs des PMA sur le sucre. Mais depuis plusieurs années, Maurice avait anticipé cette échéance en créant les conditions pour ne plus produire à Maurice du sucre en vrac, mais uniquement du sucre à plus forte valeur ajoutée : sucre blanc et sucres spéciaux. Cette restructuration s’accompagne d’une concentration : plus que trois usines pour produire au moins 400.000 tonnes de sucre.
Les industriels s’adaptent
A mis parcours du règlement sucrier, force est de constater que bien qu’ils soient encore protégés par des règles dérogatoires à celle de l’OMC, les industriels sont pleinement engagés dans la construction de cette nouvelle carte de la production sucrière découlant des règles du "droit commun" de l’OMC.
On a tout d’abord vu l’arrivée à La Réunion d’un des plus gros producteurs mondiaux, Téréos. Cette coopérative de planteurs de betteraves a acheté la majorité des actions de Bois-Rouge. Et elle a également investi au Mozambique dans la modernisation d’une usine qui peut désormais vendre du sucre sans quota ni droit de douane en Europe.
On a également les industriels mauriciens qui anticipent. Ils continueront à produire du sucre roux, mais pas à Maurice. C’est le sens de l’alliance qu’ils ont noué avec Téréos au Mozambique et avec un usinier réunionnais en Tanzanie, dans Tanganiyka Plantation Company.
Ce dernier partenariat montre que désormais, un usinier réunionnais produisant du sucre à La Réunion fabrique aussi du sucre en Tanzanie. Outre le marché domestique, ce sucre tanzanien peut être vendu en Europe, comme le sucre réunionnais. Et les coûts de production sont bien plus faibles en Tanzanie.
Délocalisation en Tanzanie ?
Du fait de l’exemple mauricien, une question se pose : les industriels réunionnais envisagent-ils de délocaliser leur production de sucre roux en Tanzanie ?
Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que depuis trois semaines, la filière s’est habituée à ne vivre qu’avec une seule usine. Or, une seule usine suffirait si une telle hypothèse se vérifiait.
Le hasard de l’Histoire, c’est que l’incendie qui est le responsable de cette situation a eu lieu le week-end où l’Union européenne et les pays de la région signaient l’accord de partenariat économique intermédiaire. Cet accord ouvre le marché réunionnais à tous les produits sauf à un produit de la canne, le sucre.
À la lumière de ce nouveau contexte, une nouvelle situation apparaît. Pour une durée limitée, l’usinier est assuré de ne pas avoir de concurrent pour la vente de sucre à La Réunion. Il a aussi développé depuis plusieurs années la fabrication de sucres spéciaux qui échappent pour le moment à la concurrence des pays à plus faible coût de main d’œuvre. Ce sont donc deux "niches" où il peut continuer à prospérer.
En conclusion, les nouvelles règles du commerce mondial et les décisions stratégiques prises ces dernières années amènent à se demander si l’hypothèse suivante pourrait se concrétiser : délocalisation partielle de l’industrie sucrière en Tanzanie pour produire du sucre en vrac, concentration de ce qui reste à La Réunion afin produire uniquement pour le marché domestique et les sucres spéciaux. Mais cette nouvelle concentration ne nécessiterait que le fonctionnement d’une seule usine. Car les sucres spéciaux, ce sont aujourd’hui moins de 100.000 tonnes.
Pour illustrer cette explication, voici deux cartes : avant la remise en cause de marché sucrier de l’Europe par l’OMC et aujourd’hui.