vendredi 5 juin 2009

Maurice: Téléphonie : l’Etat dit non à un quatriéme opérateur

Bernard SAMINADEN, L'Express, 5 juin 2009

Trois opérateurs de téléphonie suffisent, adécidé le gouvernement au grand dam d’Outremer Telecom, qui sollicitait une licence. L’Etat veut protéger les investissements des opérateurs existants.

L’ANNONCE de l’arrivée d’un quatriéme opérateur de téléphonie avait tout pour aiguiser l’enthousiasme des utilisateurs, avec des perspectives de nouveaux services et de prix cassés… Mais le gouvernement a mis hier un terme à leurs espoirs en annonçant qu’il n’accordera pas de quatriéme licence d’opérateur.

Il a par la même occasion mis un terme aux ambitions d’Outremer Telecom de se faire une place sur le marché de la téléphonie mauricienne.

Outremer Telecom, qui offre déjà des services de call centres et de téléphonie internationale depuis quelques années à Maurice, prévoyait d’investir Rs 1,8 milliard et de recruter environ 200 personnes pour opérer son propre réseau de téléphonie mobile de troisiéme génération. Spécialiste des télécoms dans les îles francophones, la compagnie comptait multiplier « les offres attractives et des prix compétitifs » , selon son directeur, Michel Rigot.

Mais le gouvernement en a décidé autrement. Une décision qui a été prise dans le but de « protéger les investissements actuels des trois opérateurs, en raison de la crise économique mondiale » . C’est ce que souligne une lettre émanant du ministére de la Technologie Informatique, signée Henry Jeanne, le secrétaire permanent, et adressée à la direction de l’ Information and Communication Technologies Authorities ( ICTA).

Protéger les opérateurs existants

Si une quatriéme licence était octroyée, précise le courrier, il y a des risques que les investissements actuels et futurs des opérateurs déjà sur le marché de la téléphonie soient menacés.

Une explication corroborée par le ministre de la Technologie informatique, Asraf Dulull, lors d’un point de presse tenu hier : « La décision de geler temporairement la licence pour un quatriéme opérateur a pour but de protéger les opérateurs existants » . Asraf Dulull insiste sur le fait que le gel est temporaire : « D’ailleurs, j’aurai une réunion avec mes techniciens aujourd’hui pour savoir dans combien de temps on pourra octroyer la licence à un quatriéme opérateur de téléphonie mobile. » Ce gel devrait réjouir les opérateurs déjà présents. En effet, Emtel et Orange avaient objecté officiellement auprés de l’ Information & Communication Technologies Authority à l’arrivée d’un quatriéme opérateur. Ils demandent que celui- ci ne puisse pas se lancer dans la téléphonie mobile, un secteur toujours en croissance qui compte environ 950 000 abonnés.

Chez MTML, le troisiéme opérateur, un responsable, Kshitij Srivastava affirme que sa compagnie n’est pas contre la compétition : « Il y a déjà Orange et Emtel. Cela ne change rien qu’il y ait un autre concurrent. » Et d’expliquer qu’ils sont prêts à « affronter le marché » . Outremer Telecom n’est pas la seule à se retrouver sur le banc de touche. En effet, il y avait aussi le consortium composé du Britannique Time Turns , de Russes et de Français qui leur faisaient craindre le pire et y voir une menace directe pour leur business.

Le géant britannique, présent en Europe, en Afrique et en Asie se proposait non seulement d’écraser les prix des appels, mais aussi d’investir dans le secteur de l’hôtellerie, des projets d’ Integrated Resorts Scheme ( IRS) et surtout l’internet.

Dans le volumineux dossier qu’avait soumis le Britannique Time Turns aux autorités concernées, ils indiquaient qu’ils comptaient investir Rs 10 milliards. Ce consortium a connu un succés retentissant en Afrique et dans des pays asiatiques grâce à sa méthode de marketing. Il a ainsi pu pénétrer le marché de la téléphonie mobile face à des concurrents tels qu’Orange, Vodaphone, Econet.

Un opérateur nigérien, Spirit Age , présent en Afrique était aussi en lice pour cette quatriéme licence.