jeudi 1 novembre 2007

Des progrès sont encore possibles à la SADC, selon des activistes

Moyiga Nduru, 23 août (IPS)

Les dirigeants d'Afrique australe étaient, la semaine dernière, sous la pression de la société civile qui leur demandait de s'attaquer à des questions portant sur la sécheresse, la mauvaise gouvernance, les inégalités de genre et le SIDA.

Ces appels à l'action ont été lancés alors que les chefs d'Etat et de gouvernement des 13 pays de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) étaient réunis dans la capitale du Botswana, Gaborone, pour leur sommet annuel. Cette rencontre de deux jours, ouverte le 17 août, marquait également le 25ème anniversaire de la SADC.

''Nous avons besoin d'une intégration rapide traduite par un développement économique. Sinon, il sera très difficile de s'attaquer aux problèmes auxquels la région est confrontée'', déclare à IPS, Prince Mashele, chercheur à l'Institut des études de sécurité, basé à Pretoria. La SADC espère réaliser un marché commun vers 2016 et une union monétaire vers 2020.

Quant au développement économique, le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères, Aziz Pahad, a indiqué, au cours d'une conférence, lundi (15 août), à Gaborone, que l'Angola, le Mozambique et la République démocratique du Congo étaient actuellement les pays à plus forte croissance économique de la région. Ces trois pays ont enregistré un taux de croissance annuel respectif de 11 pour cent, 7,8 pour cent et 6,3 pour cent.

''Le Botswana et le Malawi étaient également au-dessus des taux de croissance moyens en Afrique et au sein de la SADC avec, respectivement, un produit intérieur brut de 4,8 pour cent et 4,9 pour cent'', a dit Pahad. ''En 2004, la croissance économique au sein de la SADC s'est accélérée à l'instar du PIB porté à 4,1 pour cent contre 3,2 pour cent en 2003''.

En dépit de ces progrès, des pénuries alimentaires aiguës demeurent une grande préoccupation pour l'Afrique australe.

''Ce sommet a lieu en un moment où une grande partie de la région fait face à une sécheresse dévastatrice qui se traduit par de mauvaises récoltes et un déficit de céréales'', a déclaré le président du Botswana, Festus Mogae, mercredi (17 août).

''C'est une dure réalité que nous devons affronter collectivement. Autrement, nous nous retrouverons dans un interminable cycle vicieux'', a-t-il ajouté. Mogae a pris le relais, cette semaine, comme président en exercice de la SADC, succédant à Navinchandra Ramgoolam, le nouveau Premier ministre élu de l'île Maurice, sur l'océan Indien.

Le mois dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a indiqué que 10 millions de personnes en Afrique australe auraient besoin d'aide alimentaire d'ici à la fin de l'année.

Le Conseil des ministres de la SADC avait décidé, mardi (16 août), que l'Afrique du Sud et la Tanzanie, qui ne connaissent pas de pénuries, devraient jouer un grand rôle dans la résolution de la crise alimentaire.. (Le conseil, qui regroupe des ministres de chaque Etat membre de la SADC, est responsable de l'application des politiques de l'organisation).

''C'est important...que (le) processus soit conduit par les pays dans le région. Mais l'aide de la communauté internationale est cruciale. L'Afrique du Sud et la Tanzanie ne peuvent pas, à elles seules, faire face aux besoins d'aide alimentaire. La communauté internationale devrait intervenir'', a dit Mashele.

Dans certains cas, la pénurie alimentaire résulte de la mauvaise gouvernance, le Zimbabwe étant ici un exemple type : le PAM estime que 4,3 million de personnes dans ce pays d'environ 13 millions d'habitants ont besoin d'aide humanitaire. La vague controversée de saisies de fermes, qui ont commencé en 2000, aurait largement contribué à la pénurie alimentaire au Zimbabwe.

Gabriel Shumba, président du Forum des exilés du Zimbabwe, basé à Pretoria, accuse la SADC d'avoir manqué de faire face aux problèmes du Zimbabwe, qui a également organisé, depuis 2000, trois élections entachées de violations des droits de l'Homme et d'allégations d'irrégularités.

''Pour être honnête, les Zimbabwéens, non seulement ne croient plus en la capacité de la SADC à diriger les populations, mais aussi à démocratiser la région'', a-t-il dit IPS. Shumba déclare avoir été détenu et torturé au Zimbabwe en 2003, avant de fuir vers l'Afrique du Sud.

Le Zimbabwe n'était pas à l'ordre du jour du sommet de la SADC de la semaine dernière -- ce que Mashele qualifie de myope.

''La faillite économique du Zimbabwe aura un effet de cascade dans la région, notamment en Afrique du Sud...(et) une menace économique se traduira par une menace sécuritaire'', a-t-il affirmé.

Alors que les dirigeants de la SADC n'ont pas pu accorder une place importante aux développements au Zimbabwe la semaine dernière, les conséquences des difficultés politiques et économiques du pays commencent déjà à se faire sentir dans les Etats voisins -- principalement à travers une affluence de migrants.

Le Botswana abrite environ 800.000 à un million de Zimbabwéens, dit Shumba, qui a visité ce pays il y a deux semaines. On estime à environ 2,5 millions le nombre de Zimbabwéens vivant en Afrique du Sud.

Toutefois, Mashele a également fait l'éloge du Zimbabwe pour s'être récemment doté d'un gouvernement très relevé.

''Je sais que cela peut sembler déplacé aux yeux de certaines personnes, mais je pense que le Zimbabwe doit aussi être soutenu : pour la première fois de son histoire, le Zimbabwe a une femme vice-présidente'', a-t-il dit, se référant à Joyce Majuru qui a été nommée à ce poste en décembre 2004.

En 1997, la SADC s'est fixé 2005 comme date limite pour laisser 30 pour cent des sièges parlementaires et postes de prise de décision aux femmes. A la date d'aujourd'hui, seuls le Mozambique et l'Afrique du Sud ont atteint cet objectif.

Les femmes occupent 33 pour cent des postes stratégiques au Mozambique -- et 32,75 pour cent en Afrique du Sud.